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Hommage aux ancêtres à St-Denis: Larmes la roule dan mon zié

Comme tous les ans, je me suis rendu, moi ainsi que toute ma famille, à la traditionnelle commémoration du 20 Désamb’ à Saint-Denis. Pour moi, il semble primordial d’y amener mes enfants pour qu’ils apprennent notre histoire et celle de Géréon et Jasmin, exécutés comme tant d’autres esclaves sur cette place du Barachois. Mais cette […]

Ecrit par N.P – le dimanche 24 décembre 2017 à 07H44
Comme tous les ans, je me suis rendu, moi ainsi que toute ma famille, à la traditionnelle commémoration du 20 Désamb’ à Saint-Denis. Pour moi, il semble primordial d’y amener mes enfants pour qu’ils apprennent notre histoire et celle de Géréon et Jasmin, exécutés comme tant d’autres esclaves sur cette place du Barachois.

Mais cette année cette commémoration avait un goût particulier : un goût amer ! Un sentiment que cette cérémonie n’est qu’une façade ! Une tentative pour ce parterre de politiciens de faire croire qu’on respecte nos ancêtres et qu’on se doit de leur rendre hommage et que « plus jamais ça »

Pourtant, j’ai été choqué de voir que le seul moment où on a accueilli un groupe de maloya et qui plus est la famille Gado, illustre famille du Maloya suivant les traces de Gramoun Lélé, l’ensemble des spectateurs et les élus en premier ont quitté l’assemblée pour aller se remplir la panse au buffet prévu ce jour-là.

Ce groupe de jeunes descendants de Lélé ont joué devant des chaises vides sans aucune attention de personne. J’avais tellement honte et peine pour eux que j’ai pris ma tribu pour danser face à eux et les encourager.

Finalement, un homme rempli de sincérité et d’émotion est intervenu en prenant le micro à la fin de leur prestation pour dire ce que je pensais tout bas : « Nous ne sommes pas des singes ! (…) la culture ne doit pas être aux mains de négociants ! Soyons vigilants !»

Et il a raison ! Quelle image immonde de voir tous ces cochons se gaver pendant que résonne le maloya de la famille Gado face à l’ignorance la plus totale ! Quel message a-t-on voulu faire passer ? Car c’est vraiment cette impression qu’on a eu : ce groupe ne servait qu’accompagnement aux gros zozos et la déception à peine masquée se lisait sur le visage des enfants qui jouaient !

Quel intérêt de faire autant de simagris ! Autant de discours sur le respect de nos ancêtres et de notre histoire ! Alors que la minute d’après, une fois le buffet ouvert, on se fout des gens et de l’âme de nos ancêtres dont monsieur Lélé, que sa famille souhaitaient offrir, ce jour de mémoire, au travers de leur maloya, de notre maloya !

La tension était palpable et tout le monde a applaudi l’intervention de cet homme courageux, dont j’ai appris plus tard qu’il était membre de l’association Rasin Kaf.

Alors là j’ai compris qu’on faisait semblant, qu’on faisait genre « on commémore ! » mais on ne sait pas commémorer à St-Denis ! On nous assaille de beaux discours tintés de référence à Lacaussade ou encore à Cimendef !, on nous dit que ces personnes avaient un idéal et que nous devons leur être redevables !

Mais monsieur le Maire ou encore madame La Député, il ne suffit pas de dire, il faut faire et montrer ! Et ce que vous avez montré là c’est le mépris le plus total envers les petits enfants de Gramoun Lélé et envers le maloya, chant des esclaves qui vous a accompagné lors de votre festin de « gros blanc »

Il ne suffit pas de se déguiser en boubou africain comme le fait si bien votre élu à la Culture pour rendre hommage ! Il faut savoir respecter et commémorer dans le plus grand respect les ancêtres et leurs descendants !

Chose que vous n’avez pas su faire et que je pense vous ne saurez jamais faire tant que vous dénigrerez l’humain !

Pour ma part, je ne veux plus avoir les larmes qui roulent dans mes yeux et le cœur aussi gros que je l’ai eu en ce jour de 20 Désamb’. Je n’irai donc plus jamais assister à votre mascarade hautement protocolaire et si peu populaire car ce moment devrait appartenir avant tout au peuple !

Enfin, je tiens quand même à saluer les associations  présentes lors de cette commémoration, au sein d’un village sous une belle salle verte, car ils ont été les seules, à mon sens,  à exposer la mémoire et l’histoire au travers d’un travail de recherche louable et riche.

Un citoyen de Saint-Denis fier de son maloya et de son identité

 

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