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Hommage à mon ami Hervé Imare

Voici quelques jours, on se désespérait du départ d’Ange. Notre monde musical paie en ce moment un lourd tribut à la redoutable faucheuse ; voici que le grand Hervé Imare, l’ami de tous, lui aussi, nous tire sa révérence. Avec douceur et discrétion… comme il a toujours vécu. Il y a plus d’un point commun entre […]

Ecrit par Jules Bénard – le vendredi 27 mai 2016 à 10H22

Voici quelques jours, on se désespérait du départ d’Ange. Notre monde musical paie en ce moment un lourd tribut à la redoutable faucheuse ; voici que le grand Hervé Imare, l’ami de tous, lui aussi, nous tire sa révérence. Avec douceur et discrétion… comme il a toujours vécu.

Il y a plus d’un point commun entre ces deux très grands musiciens. Outre des voix inimitables et un sens mélodique affûté, ils avaient le don de se faire aimer. Sans cris, sans heurts, sans grand tapage, ils s’étaient tous deux installés dans notre univers affectif pour ne plus en bouger.
Ils possédaient tous deux la vertu du sourire avec le regard, de la main tendue, ouverte paume en haut pour dire la pureté de leurs intentions.

Ces dernières années, j’ai beaucoup rencontré Hervé, le plus souvent rue des Bons-Enfants. On s’asseyait sur le muret de la Poste de Saint-Pierre et on bavardait à bâtons rompus, de tout et de rien, le « tout » tournant souvent autour de notre passion commune, la musique.

Comme Frédéric l’a fait un temps, Hervé ne pratiquait plus la scène en raison de ses options religieuses mais chantait dans son temple.

Mon ami se disait très soucieux de l’avenir des hommes, qu’il voyait vivre de plus en plus mal, de pus en plus désespérés. Cet être, déchiré par la misère des autres, refusait cependant de baisser les bras, convaincu que de meilleurs jours viendraient forcément.

Je me souviens d’une phrase qu’il m’a souvent répétée :
 » Il me semble impossible que le genre humain puisse descendre encore plus bas. Quelque chose se passera « .

Voilà, c’était ça notre Hervé, une âme sensible, écorchée, mais folle d’un espoir irréversible en l’être humain. Ce petit bonhomme, qui avait perdu un bras très jeune, qui avait deux ans de plus que moi mais en paraissait dix de moins, pétillait d’énergie et était perpétuellement à l’écoute de son vis-à-vis.

Quand j’étais dans une débine sévère, voici pas longtemps, nous étions sur notre muret habituel, il m’a écouté m’épancher patiemment, ne s’est pas moqué de mes larmes incoercibles ; le bras autour de mes épaules, de sa voix douce, il s’est acharné à me regonfler mon moral qui battait furieusement de l’aile.

Il m’a parlé comme un frère, un ami, doucement, chaleureusement. Cela fait foutrement du bien.
Nous étions amis ; pourtant, pas une fois, pas une seule fois, il ne m’a dit qu’il se sentait mal. Le devenir de l’autre passait loin devant le sien. Cette discrétion courtoise, comme celle de nos amis les Chinois qui refusent d’embêter les autres avec leurs soucis, était une autre de ses qualités innées.

Il est donc parti presque en cachette, notre irremplaçable ami. Sans faire de bruit…  » comme la rosée su feuille songe « .

A un de ces quatre, Hervé, et n’oublie pas de saluer Ange et Narmine pour nous. On t’a beaucoup aimé, on continue de t’aimer beaucoup.

Jules Bénard
 

 

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