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Hommage à Robert Ardon

On ne s’attend jamais à ce que certaines personnes disparaissent tant elles semblent enracinées dans la vie plus solidement que d’autres. Robert Ardon… Mais il est dérisoire de refuser l’inéluctable. J’entrai au vieux lycée Leconte de Lisle en 1958. Comme beaucoup d’autres, j’eus le privilège et le plaisir d’avoir ce grand monsieur comme prof d’EPS. […]

Ecrit par Jules Bénard – le vendredi 25 mars 2016 à 10H47

On ne s’attend jamais à ce que certaines personnes disparaissent tant elles semblent enracinées dans la vie plus solidement que d’autres. Robert Ardon…

Mais il est dérisoire de refuser l’inéluctable.

J’entrai au vieux lycée Leconte de Lisle en 1958. Comme beaucoup d’autres, j’eus le privilège et le plaisir d’avoir ce grand monsieur comme prof d’EPS.

Aller à ses cours était un régal. Il ne nous forçait à rien, tâchant plutôt d’aider chacun à découvrir ses possibilités en fonction de sa propre morphologie. Avec ses collègues dont je ne peux taire les noms, Ringwald, Deligny, Thébault, il s’efforçait de tirer le meilleur parti de chacun, conseillant sans ordonner, moucatant sans férocité, de cette voix douce, un peu chuintante qui était sa marque.

J’étais alors très enveloppé : on m’appelait « la grosse caisse« , ce qui me mettait dans une rage folle. « Monsieur » Ardon a vite su que si je faisais les 1000 et 2000 mètres du programme, j’allais illico rendre tripes et boyaux au vestiaire. Il me dirigea donc vers la course de vitesse (là, ça allait) et le lancer de poids. On ne pouvait, avec un tel pédagogue à l’humour souvent corrosif, que progresser vite.

J’obtins vite des lancers enviables au poids et au disque. Un jour qu’un « poseur« , caïd au handball, faisait des remarques sur mon ventre avantageux, « monsieur » Ardon lui dit simplement : « Tu vois, mon gars, si ses bras lancent le poids aussi bien, ils peuvent aussi propulser ses poings ! » Les guignols m’as-tu-vu me fichèrent dès lors une paix royale et les « la grosse caisse i fé boum-boum » se firent ténus.

Il n’élevait jamais la voix, ne donnait jamais d’ordres, mais ses conseils étaient suivis comme leur ombre par une théorie de fidèles dont il savait tirer le meilleur parti.

D’autres rappelleront mieux que moi le parcours exemplaire d’un homme ayant mis sa science au service du sport réunionnais. Je me contenterai de dire qu’en tant que lycéen, puis, plus tard, journaliste, les rencontres avec Robert Ardon furent toujours un plaisir sans mélange.

Parce qu’il aimait le genre humain, sans doute ? Certainement, plutôt.

A tous les siens mon affection émue,

Jules Bénard

 

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