Heureusement, le voisin de Lucien a entendu ses cris et a pu avertir les secours. Les gendarmes arrivent mais les auteurs du home-jacking sont partis. La victime a 4 dents cassées, une hémorragie à l’oeil gauche et plusieurs hématomes sur le corps. Il est surtout traumatisé et ne veut plus rester chez lui.
Dimanche, il est 5h du matin lorsque les gendarmes sont attirés par de la musique provenant d’un sous-sol au Tampon. Ils aperçoivent la voiture volée et plusieurs individus. En les contrôlant, l’un d’eux a la carte bleue de Lucien. Les militaires interpellent les cinq individus, dont l’âge varie entre 18 et 22 ans.
Les prévenus sont tout juste majeurs mais connaissent déjà bien la justice. La majorité d’entre eux ont bien connu le tribunal pour mineurs. Étonnamment, seul l’auteur des coups a un casier judiciaire totalement vierge. Étudiant à l’université du Tampon, il ne s’était jamais fait remarquer auparavant. Pour deux d’entre eux, ils avaient déjà été condamnés pour de mêmes faits sur la même victime.
Depuis plusieurs années, certains de ces jeunes martyrisaient Lucien. L’un d’eux le connaissait très bien et lui reproche de « harceler sa soeur ». Il l’avait donc volé une première fois en 2019. Mineur au moment des faits, il avait écopé d’une petite peine. Il a par la suite continué à harceler le gramoune, lui reprochant notamment de le traiter de voleur. Son camarade avait quant à lui volé les clés de voiture en s’introduisant chez Lucien l’année dernière. Majeur à ce moment-là, il avait été condamné à six mois de prison avec sursis.
Vendredi soir, c’est donc bien en connaissance de cause et dans un esprit de vengeance qu’ils sont allés voler Lucien. L’un d’eux va même dire qu’ils « allaient faire du sale ».
Face aux juges, les cinq prévenus jouent à un numéro d’équilibriste en essayant de se disculper au maximum tout en évitant d’enfoncer leurs camarades. Lorsque les questions les mettent en difficulté, ils jouent la carte du « je m’en souviens plus ».
« Ils savent que l’un est à 100 mètres de la maison, l’autre à 200, que le troisième est dans les toilettes, mais ils ne se souviennent de rien » fait remarquer le bâtonnier Norman Omarjee qui représente la victime. L’avocat va revenir sur l’idée de vengeance des prévenus et rappelle bien leur volonté de « faire du sale. Il faut qu’ils assument leur volonté de faire du sale ». Ses mots ont fait basculer émotionnellement la victime qui a explosé en sanglots et a dû quitter la salle un moment.
« Pour eux, la mission est accomplie. La vengeance est accomplie. Ils adoptent cette attitude penaude du tribunal pour enfants. C’est terrible, car aucun d’entre eux n’avait conscience du mal qu’ils ont fait. Mais surtout, ils s’en fichent », argue la procureure. Elle requiert donc des peines allant de 18 à 36 mois de prison selon les degrés d’implication.
Du côté des avocats de la défense, les plaidoiries ont tenté d’éviter de la prison ferme pour leurs clients. Finalement, les deux moins impliqués écopent de 12 mois de prison avec sursis pour recel, tandis que les deux cambrioleurs et celui considéré comme le meneur sont condamnés à 24 mois de prison, dont 6 avec sursis. L’un d’eux voit son sursis de 6 mois révoqué. Ils ont l’interdiction de contact avec la victime et entre eux. Les dédommagements seront fixés lors de l’audience sur intérêts civils.
*Prénom d’emprunt