Bonjour enseignant à la Réunion, je suis fonctionnaire titulaire de mon poste reconnu travailleur handicapé, et je suis actuellement dans un « no man’s land » face à l’administration de l’éducation nationale, sans aucune prise en compte de mon handicap, sans aucune solution proposée et sans interlocuteur.
D’un côté il y a les textes, qui sur le papier permettent bien à l’Education nationale une bonne prise en compte du handicap de ses personnels, le discours, avec le ministère qui a lancé à la rentrée 2012 une grande campagne de communication « Handicap tous concernés » http://www.education.gouv.fr/pid351/les-personnes-handicapees.html, et puis de l’autre côté il y a la réalité…
L’Education nationale fait miroiter aux personnels ayant déclaré leur RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé), la possibilité d’obtenir des adaptations de postes, du matériel ergonomique ou même des reconversions vers d’autres métiers de l’Education. « L’Education nationale est un organisme qui vous tend la main« , vous dit-on.
Depuis quelques années je fais face de problèmes de santé très invalidants compte tenu de mes conditions de travail. Mes problèmes s’aggravant au fil du temps j’ai demandé à rencontrer le médecin de prévention qui m’a conseillé de monter un dossier afin de d’obtenir un poste en adéquation avec mon handicap.
J’ai donc naturellement déclaré ma situation de RQTH au rectorat comme on m’ encourageait à le faire et j’ai de suite demandé à obtenir une mutation sur un poste me permettant d’exercer dans de meilleures conditions afin de mieux gérer mon handicap.
Il faut savoir que dans le système des mutations au sein de l’Académie les titulaires et les stagiaires handicapés peuvent obtenir une bonification « significative » de 1.000 pts, ou même être affectés prioritairement hors barème, par application de la loi du 11 février 2005. Je mets bien « significative » entre guillemets car elles ne permettent que très rarement d’obtenir des résultats. Ce qui est malheureusement mon cas puisque les postes sont très demandés et « protégés » par le syndicat majoritaire peu soucieux du bien être de leurs collègues malades et plus préoccupés par la mutation de leurs camarades syndiqués.
Le rectorat a également rejeté la demande de révision d’affectation que j’ai formulée par la suite alors que des postes répondant à mes problèmes de santé étaient encore vacants après le mouvement des enseignants. Malgré les recommandations des médecins et de nombreux courriers envoyés au rectorat, rien n’a été fait pour me permettre de travailler dans des conditions compatibles avec mon état de santé qui continue à se dégrader aujourd’hui.
Médecine de prévention, médiateur, DRH, assistante sociale, aucun des services du rectorat n’a apporté de solutions à mes difficultés de travailleur handicapé alors que mon dossier médical est parfaitement connu de ces services.
J’ai donc appris à connaître mon employeur, à ses yeux le bien‐être de ses agents est très accessoire et vient loin après toutes sortes d’autres considérations.
L’objectif est simplement quantitatif. Il s’agit d’inciter les personnes concernées par le handicap à se déclarer afin que l’Education Nationale augmente un peu son pourcentage très faible de travailleurs handicapés. Elle sait que pour soigner sa vitrine, il lui faut remonter très nettement le taux de 1,54 % relevé en 2011 bien en dessous des 6 % fixée par la loi du 11 février 2005.
Aujourd’hui et après une longue période de congé maladie, le rectorat a jugé opportun de me faire réintégrer mon poste.
Je me compare à ce maçon qui après un grave accident (chute d’un échafaudage en mauvais état que son employeur ne souhaitait pas réparer…) prend le temps nécessaire pour guérir et consolider toutes ses fractures avec le désir immense de retourner travailler car il aime son métier… mais quand il reprend son travail, l’échafaudage n’a toujours pas été réparé. Son employeur est sourd à sa demande: vous remontez là haut… ou vous restez chez vous !
C’est quoi au fait le slogan de la campagne ministérielle « Handicap tous concernés » ? Ah oui « mon handicap j’en ai parlé et j’ai bien fait« .
Et bien dans la réalité c’est « mon handicap j’en ai parlé et le rectorat n’a rien fait« .
Et ce n’est pas facile à vivre.