Et si on parlait handicap? En pleine campagne présidentielle, il faut bien admettre que le sujet n’inspire pas beaucoup nos candidats. Pourtant, plus d’un français sur quatre souffre d’une incapacité, d’une limitation d’activité ou d’un handicap.
En 2007, lors de la précédente campagne présidentielle, le monde du handicap avait, de façon éphémère, tiré profit du clash survenu entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. La candidate avait « mouché » l’actuel président de la République à propos de la scolarisation des enfants handicapés. Et puis, cette année, c’est le hallal qui fait causer…
Plus qu’un buzz médiatique, plus qu’un thème de campagne, les acteurs du milieu tentent tant bien que mal d’attirer l’attention des candidats sur des problématiques de fond. En visite sur notre île et à Mayotte, Jean-Louis Garcia, président de l’Apajh national (Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés), est de ceux là, et il compte bien profiter de la présence à la Réunion de François Hollande, candidat du PS, pour l’interpeller.
« L’Apajh se positionne en tant que membre indépendant. Nous interpellons les candidats à la présidentielle en leur demandant notamment de prendre connaissance du Pacte Handicap 2012 et de s’engager en le signant« , explique Jean-Louis Garcia qui annonce qu’une première signature a été actée, celle d’Eva Joly, la candidate d’Europe Ecologie.
La loi Handicap de 2005, un « bel outil » mal exploité
Au menu de ce Pacte, l’école, le travail, les revenus, l’accès aux soins, l’accessibilité de l’espace public… Dix propositions englobent les grands sujets favorisant l’intégration des personnes en situation de handicap dans la cité.
L’espoir est permis à l’horizon de la mandature 2012-2017, d’autant plus que, à en croire les propos de Jean-Louis Garcia, le bilan de Nicolas Sarkozy n’est pas mirobolant : « C’est un bilan noir. Son prédécesseur avait fait avancer les choses, Jacques Chirac était sensibilisé. Mais l’actuel président n’a fait que tenter de détricotter la loi de 2005« , regrette le président de l’Apajh. Pour lui, cette loi offrait bien plus d’où la déception du champ associatif.
Et de poursuivre : « On a un bel outil, c’est la loi Handicap de 2005. Il faut la faire vivre dans tous ses potentiels. Bien sûr, elle n’est pas parfaite, je pense par exemple à la réflexion que nous devrons mener sur les ressources des personnes en situation de handicap. En aparté, je rappelle que l’allocation adulte handicapé (AAH) est de 740 euros par mois, alors que le seuil de pauvreté en France est estimé à environ 950 euros par mois. J’ajoute aux ressources, la nécessaire réflexion à engager sur la prise en compte des aidants familiaux« .
« Mettre en place un plan de formation des militants »
Ce sont un peu toutes ces pistes de réflexion, mais aussi les fondamentaux (valeurs de l’association, textes législatifs,…), que Jean-Louis Garcia souhaite « transmettre » aux militants départementaux de l’Apajh. Son déplacement à la Réunion et à Mayotte en est la raison initiale. « Pour militer dans le milieu associatif, il faut de la bonne volonté mais pas seulement. Il est important que les militants maitrisent leurs dossiers pour notamment discuter avec les décideurs locaux« , explique le président qui a achevé, hier, trois jours de formation.
Faire le tour des départements, échanger avec les militants, informer… C’était un des objectifs affichés lorsque Jean-Louis Garcia a débuté son mandat en 2008. « Quand j’ai été élu, j’ai émis le souhait de mettre en place un plan de formation des militants. Il a été lancé en novembre 2010 avec comme point de départ les Antilles et la Guyane« , souligne Jean-Louis Garcia. Les DOM au premier plan, voilà un geste fort qui a été adressé pour montrer que, malgré l’éloignement physique, les Domiens ne sont aucunement oubliés au niveau national.
Pour Jean-Louis Garcia, l’association Apajh de la Réunion se montre en pleine forme et poursuit son développement. Les chantiers d’établissements à venir en sont une première illustration. Dans quelques jours, le président sera à Mayotte, une île où « il y a tout à bâtir« , résume-t-il.