Ce n’est pas tant la grève ni les grévistes que les commerçants appréhendent, mais les casseurs et les pilleurs qui vont se greffer autour du mouvement. « On verra demain matin si on ouvre les rideaux ou pas. Les choses vont tellement mal et la ville est tellement morte que nous ne pouvons pas nous permettre une journée de grève demain », s’indigne une responsable de magasin.
Certains commerçants feront partie des manifestants. « Demain, mes employés iront dans la rue ou resteront chez eux. Nous sommes solidaires avec toutes les entreprises qui sont en difficulté », déclare Edmond Vellayoudom, boucher dans la rue Maréchal Leclerc.
Par ailleurs, le malheur des uns fait le bonheur des autres. « Nous sommes dans une grosse crise, et les plus gros en profitent. La ville est morte et moche. Dans le sud, à Saint-Pierre surtout, la ville est dynamique et animée. C’est une ville vivante. J’aimerai que le maire regarde la ville comme il se regarde dans son miroir tous les matins, et il verra combien elle n’est pas belle. Les couleurs sont fades. C’est la ville des chauves souris. Et ce qui nous assassine aussi, ce sont les grandes surfaces qui vendent de tout aujourd’hui: des vêtements, des chaussures et toutes sortes d’accessoires. En plus, tout est climatisé, et il y a même des restaurants ».
Ce que regrettent surtout les commerçants, c’est le désintérêt de la municipalité pour l’aménagement global de la ville. « Le maire avait promis de refaire les façades, mais rien n’a été fait. Et ce grand parking vide, (Parking Pôle Océan) donne l’impression d’une ville morte et déserte. Si encore il était gratuit »… rajoute la responsable d’un magasin de chaussures.
Notre situation insulaire semble montrer ses limites en ces temps de crise globale. Les situations de monopoles et les grandes surfaces s’imposent sur un marché où les indépendants, s’ils ne se regroupent pas en collectif, risquent de ne plus tenir bien longtemps…