La salle d’audience du tribunal correctionnel de Champ-Fleuri était, ces derniers jours, le théâtre de ce qui pourrait être la norme pour les semaines à venir. Alors que tout justiciable a le droit d’être assisté d’un avocat, commis d’office ou sur ses propres deniers, la grève reconductible des hommes de loi bouleverse complètement ce processus.
Pour exemple, Eddy.C, présenté lundi matin dans le cadre de la comparution immédiate, s’est vu proposer le choix cornélien de renoncer à son droit d’être défendu ou de refuser et demander un renvoi pour préparer sa défense dans un délai de 2 à 6 semaines. Seul et sans aucune aide juridique, il a dû faire face au juge afin de déterminer, si oui ou non, il voulait comparaître sans avocat. Dans ce cas, mieux vaut être aguerri et attentif pour bien comprendre les risques.
En effet, l’enjeu majeur est la question du maintien en détention dans l’attente du jugement. Cette question va se poser pour les prévenus dans le cadre de la comparution immédiate. Cela met aussi en exergue à La Réunion, les problèmes de compréhension dus au fort taux d’illettrisme du département. Comment être certain que tous les prévenus ont bien assimilé les questions du juge inhérentes au renoncement de leurs droits ?
Ce n’est un secret pour personne, les avocats manifestent contre bon nombre de points du projet de loi de programmation pour la justice 2018-2022 et ont entamé une grève en ce sens afin d’être entendus. Au final, va-t-on assister à la mise en détention provisoire de tous les prévenus pendant la grève et un justiciable doit-il risquer de se défendre seul sans les conseils avisés d’un professionnel. Si le projet de loi passe, qu’en sera t-il de l’aide juridictionnelle et l’avocat sera-t-il toujours présent en garde à vue ? Enfin l’état continuera-t-il à financer les avocats commis d’office ?