L’échec des négociations de ce lundi 13 mai entre la direction du GIE Sermat et ses salariés grévistes repousse l’échéance d’une sortie de crise. Avec elle, c’est l’économie de l’île qui s’en trouve impactée.
« A ma connaissance, six bateaux containers ont déchargé à Maurice et à Tamatave », déplore Hervé Marodon, président de TLF transport logistique de France. Six navires à containers déroutés, c’est l’assurance que plus d’un millier de containers ont été déchargés à Port-Louis et Tamatave, au lieu de la Réunion. La direction de Grand Port Maritime quant à elle ne commentera aucun chiffre.
Le coup est rude pour une économie insulaire déjà fragile. « Le coût est d’au minimum 300 euros par container », chiffre Hervé Marodon. Le code maritime est impitoyable. En cas d’impossibilité pour un navire de décharger sur son port de destination, le premier peut très bien décharger dans le port le plus proche. « Il revient, dans ce cas de figure, au transitaire de s’affranchir des coûts supplémentaires pour le transfert des containers », explique-t-il. In fine, c’est le consommateur qui devra payer le surcoût.
Là encore, rien n’est garanti concernant le délai. « J’ai par exemple un client qui attend six containers avec des objets destinés à la fête des mères », raconte-t-il. Même dans l’optique d’une reprise du travail sous 24h – ce qui est loin d’être le cas – un délai incompressible viendrait couper court aux derniers espoirs de mettre la main sur la marchandise avant la date fatidique. « Dans le métier, le transit time tourne autour de 28 jours. Là, on va plus sur les 30, 35 jours », précise-t-il. Critique.
Des containers frigo à quai mais non déplaçables
Outre les marchandises non périssables, Hervé Marodon met le doigt sur ces « containers frigo » dont le contenu n’échappera pas à sa cruelle date limite de consommation. Le pire, c’est que ces containers sont à quai du Port Est. Mais sans les chariots, impossible de les manipuler.
Au plan économique, le professionnel estime de 3 à 4.000 le nombre de personnes gravitant autour du transit et impactées par cette paralysie. « Pour nous transitaires, si on ne livre pas le client, on ne peut évidemment pas facturer, et ainsi de suite, on tourne en rond. Notre personnel est mis en RTT, affecté provisoirement à d’autres tâches, mais cela ne peut durer éternellement », conclut-il.