Dernier arrivage, pénurie, voilà des mots que les commerçants avaient fini par oublier. Ils se les réapproprient ces derniers jours aussi vite que se propage l’inquiétude. Grandissante.
Dans une grande surface de la côte Ouest, les rayons commencent à se clairsemer. Image commune à toutes les grandes surfaces comme chez les petits commerces d’ailleurs.
Au rayon des fruits et légumes, Jérôme Allemand, négociateur/importateur chez Austral Fruits et Légumes (AFL), l’une des quatre sociétés de la place, dresse un état des lieux: « Je n’ai plus de pommes. Ce que vous voyez en rayon, ce sont les dernières qui seront disponibles. Les oranges, j’en ai pour une semaine encore, les poires j’en n’ai plus. Les dernières sont livrées aujourd’hui, pareil pour la pomme de terre. Au niveau des oignons, il y a un stock pour une petite semaine, quant à l’ail c’est 3 ou 4 jours ».
Le caractère insulaire du département amène nombre de professionnels à prendre leurs dispositions. « L’avantage, c’est que l’on a des stocks tampon à tous les étages. Nous avons un stock tampon au Port Est. On a 12 containers qui font partie des 60 frigorifiques qui sont bloqués à quai. Après, nous avons notre propre stockage en interne. Il y a enfin un stock chez nos clients », explique Jérôme Allemand. AFL travaille notamment pour les chaînes Super U, Leader Price, les Jumbo et Score.
Plus de containers à Durban qu’au Port Est
Malgré cette ruse de précaution, l’inquiétude se lit sur le visage de l’importateur. « Aujourd’hui, j’estime que si d’ici la fin de semaine je n’ai pas récupéré mes containers au Port, ça commencera à se voir encore plus vendredi », précise-t-il.
Cet écueil du Port Est levé, puisque les dockers font un geste en faveur des containers frigorifiques, Austral Fruits et Légumes, comme tous les autres commerçants concernés, ne sera pas pour autant sorti de la galère. « Nous avons une vingtaine de containers qui ont été débarqués, soit à Durban soit à Maurice. Déjà qu’on aura des surcoûts du fait du rallongement de la location sur les containers, il faudra aussi régler les frais de réacheminement », assure Jérôme Allemand. La joie ne sera donc que de courte durée. « J’ai plus de containers en Afrique du Sud que sur le quai de Port Est… », ironise-t-il.