La réunion se déroule il y a quelques années de cela dans le bureau de Joseph Sinimalé. Outre le maire de Saint-Paul, qui avait à l’époque la compétence eau (passée depuis le 1er janvier dernier au TCO), sont également présents Patrick Pellégrini, le directeur de la Créole, et François Smith, le délégué syndical CGTR Eau, également président du CSE (Comité social et économique) de l’entreprise.
L’objet de la réunion est simple : passer un méchant savon à Patrick Pellégrini qui a l’outrecuidance de vouloir faire son travail de directeur et de s’opposer aux demandes exorbitantes du syndicaliste.
Après des échanges houleux, Joseph Sinimalé clôt la discussion comme souvent par une formule imagée dont il avait le secret : « Ou fait tout ce que Smith i dit a ou de faire. Si lu dit a ou baisse out culotte, ou baisse out culotte« .
C’est le syndicaliste qu’on vient voir pour les augmentations et les promotions
Depuis cette date, c’est François Smith qui est le véritable patron de l’entreprise. Les salariés ont bien compris que pour toutes leurs demandes d’augmentation et de promotion, c’est le syndicaliste qu’il faut aller voir. Et que le directeur ne fera ensuite qu’entériner ce que ce dernier aura décidé.
Résultat : le personnel de La Créole a doublé entre 2014 et aujourd’hui, alors qu’aucune grosse compétence particulière n’est venue s’ajouter à ses prérogatives.
Dans le même temps, François Smith a fait embaucher plusieurs membres de sa famille et une jeune femme dont il est très proche a obtenu une promotion qu’on va gentiment qualifier de particulièrement rapide…
Plusieurs plaintes pour harcèlement
Mais le plus grave est ailleurs. Celui qui n’occupe officiellement qu’un modeste poste dans la hiérarchie de l’entreprise, grisé par son pouvoir sans limites, s’est mis à avoir un comportement plus qu’autoritaire avec tous ceux qui refusaient de lui obéir au doigt et à l’oeil. Au point que plusieurs salariés ont porté plainte contre lui pour harcèlement.
Le dossier a fini par atterrir sur le bureau de l’inspecteur du Travail qui a fait une visite surprise il y a trois jours dans les locaux de La Créole. Trois personnes ont été entendues et il a promis de revenir la semaine prochaine pour les autres.
Et d’ores et déjà, il aurait oralement affirmé avoir constaté des risques psycho-sociaux chez les salariés qu’il a rencontrés.
Parallèlement, le TCO a ordonné un audit qui aurait relevé de très nombreux problèmes. Et le terme est gentil. Lequel audit doit être présenté très prochainement en conseil communautaire…
On comprend mieux maintenant le pourquoi de cette grève. D’ailleurs, lors des négociations, une des principales revendications était que le TCO et les élus arrêtent de se mêler des affaires de La Créole. Qu’on les laisse en paix régler leurs problèmes en interne, avec un directeur transformé en simple porte-parole du syndicaliste en chef…