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Grave accident du travail : L’ouvrier passe sous un bus

Qui est responsable de l'accident du travail d'un mécanicien d'autobus qui a failli perdre la vie, en partie écrasé sous un des véhicules qu'il réparait ? La justice a tranché en relaxant l'employeur et son représentant. Mais le parquet ne l'entend pas de cette oreille.

Ecrit par 2181159 – le lundi 07 mars 2022 à 10H40

L’agent polyvalent ne doit-il s’en prendre qu’à lui-même si, pour gagner du temps, il s’est faufilé sous un autobus en marche pour récupérer une pièce détachée ? Ou bien est-ce à cause des négligences en matière de sécurité de l’entreprise de transport que le grave accident du travail s’est produit ?

C’est à ces questions que le tribunal correctionnel de Saint-Denis devait répondre aujourd’hui. Les magistrats ont estimé que la responsabilité des faits incombait à l’homme accidenté.

Le 22 janvier 2018 à La Possession, au sein d’une entreprise de transport affrétant des autobus pour le transport scolaire, un mécanicien s’était faufilé sous l’avant droit d’un véhicule en marche afin de récupérer une pièce détachée qui lui manquait pour changer des plaquettes de frein. Celui-ci était stationné sur le parking extérieur de la société et au volant se trouvait un de ses collègues. Ce dernier avait décidé de déplacer le bus afin de lui faciliter la tâche. Assis au volant, il avait prévenu l’autre qu’il allait avancer. Des mots qui n’ont vraisemblablement pas été entendus à temps. Le bus de 11 tonnes avait alors partiellement roulé sur le corps du malheureux, grièvement blessé.

Le collègue déplace le bus pour lui faciliter la tâche 

Ce dernier avait décidé de poursuivre son employeur en justice pour manquement à la sécurité et défaut d’une formation adaptée à son poste de travail. À ses yeux, il était devenu mécano du jour au lendemain. « J’en avais assez d’être conducteur et je voulais démissionner lorsque l’on m’a proposé d’entrer au garage. Trois mois après, j’y travaillais, je changeais des huiles, je vérifiais des climatiseurs, je donnais des coups de main aux collègues avant d’entamer des tâches plus compliquées sans y être formé », explique Benoit C., 43 ans à la barre du tribunal correctionnel de Saint-Denis.

Le quadragénaire a du mal à se tenir debout et passe régulièrement ses mains dans le bas de son dos. Depuis son accident qui avait occasionné 150 jours d’interruption totale de travail, les tâches simples du quotidien sont pénibles. Le jour de l’accident, polytraumatisé, il avait été placé en réanimation sur le champ tant la douleur était grande. Le quadragénaire occupe désormais un poste de magasinier et doit rester assis.

« Je me suis vu mourir »

Outre l’absence de supervision et de consignes de travail claires, son avocat, Me Colombani, pointe un atelier encombré empêchant les véhicules d’accéder au pont levant. « Ni fait, ni à faire », renchérit la procureure de la République. Pour Bérengère Prud’homme, l’entreprise n’a pas pris en compte la sécurité et la disposition des lieux, « un problème connu de tous et source d’accident ».

Deux ans de prison avec sursis sont requis à l’encontre du directeur technique, pénalement responsable, et 10.000 euros d’amende. La représentante de la société propose 30.000 euros d’amende pour l’entreprise Start OI.

Pour la défense, il n’y a aucune faute ni défaut de négligence de la part de l’employeur. « Le mécanicien voulait s’économiser des gestes et du temps pour aider son collègue à réparer. C’est lui qui a pris l’initiative d’aller chercher sur un bus à l’extérieur la pièce qui lui manquait. Il aurait dû utiliser un des trois ponts levants », fustige l’avocate de la société possessionnaise qui compte 60 salariés. 

Après délibération, le tribunal relaxe la société START OI ainsi que son représentant mais le parquet décide de faire appel de cette décision. L’agent fait appel à son tour. L’affaire devrait être rejugée dans les prochains mois.

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