L’histoire paraît impensable et pourtant. Le tribunal de Grasse (Alpes-Maritimes) juge aujourd’hui une affaire de bébés échangés à la naissance, il y a 20 ans.
En juillet 1994, Sophie Serrano donne naissance à une fille, Manon. Dans une autre chambre, une jeune femme accouche d’un autre bébé, Mathilde. Mais les deux nourrissons sont atteints de jaunisse et sont placés ensemble dans une couveuse sous des lampes spéciales.
Une nuit plus tard, on ramène l’enfant à Sophie Serrano, qui trouve que son enfant a bien plus de cheveux et une peau plus mate. L’équipe médicale de la maternité La Bocca (désormais fermée) lui explique que ce sont les conséquences des lampes UV.
Ce n’est que dix ans plus tard, à l’occasion d’un test ADN fait par le mari de Sophie Serrano, que la vérité est révélée. Manon, n’est pas leur fille biologique mais la fille de deux Réunionnais installés dans la région.
L’enquête permettra d’identifier l’autre famille. Elles ont ensuite fait connaissance, mais les liens restent difficiles à construire.
Si la clinique de Cannes a reconnu son erreur, elle refuse d’indemniser les parents. En effet, la clinique ne peut être poursuivie au pénal, les faits étant prescrits (après un délai de trois ans). L’affaire est classée sans suite en 2005.
Les deux familles décident donc d’entreprendre une action au civil et réclament plus de 12 millions d’euros de dommages au titre du préjudice moral subi.