Mesdames, Messieurs,
La situation sociale et économique dans les DOM, et plus particulièrement celle de La Réunion, est telle que nul ne peut vouloir s’engager sur la voie de la responsabilité et de l’engagement politique sans prendre en compte les difficultés que vivent au quotidien les personnes en grande précarité.
Aussi, La Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale – Océan Indien et la Fondation Abbé Pierre souhaitent attirer votre attention et vous voir vous engager sur les 6 points suivants qui seront, aussi, ce sur lesquels la population réunionnaise et plus particulièrement celle de votre commune, attend engagement de votre part car « une société se juge également à la manière dont elle traite les plus pauvres »:
L’accès aux droits sociaux dans un contexte de massification de la précarité
– Mener une campagne de lutte contre le non-recours à l’aide sociale (RSA, CMU C, ACS, AME…) et aides du CCAS. Pour mémoire, le non recours à l’aide sociale est estimé à 5 Milliards d’euros au plan national.
– Faire respecter l’obligation de domiciliation (CCAS) comme porte d’entrée de l’accès aux droits.
– Mettre en œuvre l’obligation faite aux CCAS de réaliser les Analyses des Besoins Sociaux (ABS).
L’accès aux droits fondamentaux sur le territoire communal (l’eau, la nourriture, l’hygiène) pour les personnes vulnérables
– Réserver au moins 10% des places en structures collectives d’accueil de jeunes enfants issus de ménages en situation de précarité (objectif inscrit dans le plan national pluriannuel de lutte contre la pauvreté).
– Améliorer le confort urbain par le biais du service public, pour l’accès à l’eau, aux sanitaires.
– Ouverture d’accueil de jour dans les quartiers : accès à l’hygiène, laverie, premier accueil social.
– Promouvoir une aide alimentaire digne : restaurants sociaux, épiceries sociales….
– Accès aux prestations et équipements culturels par une politique tarifaire accessible aux personnes en difficulté et en sollicitant l’accompagnement des associations.
La mise en œuvre effective du droit au logement et à l’hébergement
– Veiller à la mise en œuvre sur les territoires des obligations légales sur le logement (25 % de logements sociaux) et sur l’hébergement (accueil inconditionnel et principe de continuité, obligation quantitative liée à la loi Molle 2009) dans le cadre des PLH et PDALHPD. Participation (en investissement) à l’humanisation des centres d’hébergement.
– Mobiliser le parc privé vacant en intermédiation locative, recherche d’alternatives à l’hébergement hôtelier, participation de la municipalité à la sécurisation des bailleurs.
– Participation des municipalités aux diagnostics à 360° sur le mal logement pilotés par l’État.
– Mobiliser le contingent municipal pour le relogement des ménages prioritaires (Dalo, sortie de structure, ménages assignés expulsions locatives…).
– Impliquer la municipalité sur la résorption du logement indigne et autres « marchands de sommeil » et respecter la circulaire d’aout 2012 (diagnostic social et solution d’hébergement /d’accompagnement).
– Prévenir, le plus en amont possible, les expulsions locatives et les impayés de loyer : politique de prévention des bailleurs sociaux liés à la ville, implication de la municipalité pour l’aide à l’apurement des dettes locatives.
La participation des personnes accompagnées à l’élaboration et l’évaluation des politiques locales
– Aider au changement de regard sur les personnes en difficulté et promouvoir la citoyenneté par la participation des personnes en difficulté aux instances de démocratie locale – type conseil de quartier.
– Mettre en place la participation des personnes aux décisions du CCAS/CCIAS, notamment par l’activation d’un comité des « usagers/personnes accompagnées » qui permet aux bénéficiaires du CCAS d’être associés aux projets et actions de celui-ci.
– Développer la participation des personnes accompagnées à l’évaluation des politiques de Lutte Contre les Exclusions au niveau local. Quand il y a un CCRPA, informer de l’existence et favoriser la connaissance.
L’insertion par l’activité économique des personnes éloignées du marché du travail
– Développer l’offre d’insertion par l’activité économique sur le territoire communal sans en faire un outil politique.
– Systématiser les clauses d’insertion dans les marchés publics passés par la commune ou l’intercommunalité, avec un accompagnement des personnes.
– Impliquer la commune dans les programmes « Emploi d’avenir » et « Garantie Jeunes ».
La vie associative
– Privilégier la subvention comme outil contractuel, garant de l’initiative associative et de la participation de la société civile en évitant la mise en concurrence des associations.
– Aide au développement de l’engagement bénévole sur la commune.
– Favoriser la démocratie participative en utilisant des méthodes participatives qui permettent une réelle expression et la formulation de recommandations.
Vous comprendrez l’importance que revêtent l’ensemble de ces points, et donc vos engagements à les reprendre dans vos différents programmes, pour nous et vos électeurs attachés aux valeurs de la République.
Nous attendons, espérons et serons attentifs à l’écho que vous accorderez à nos propositions.
Veuillez recevoir, Mesdames, Messieurs, nos salutations sincères.
Thierry HERGAULT Frédéric COULAMA
Directeur Régional Président de la FNARS O I.
De la Fondation Abbé Pierre