Ce matin, afin de commenter la brulante actualité du jour, France-Inter avait invité une très grande pointure intellectuelle, une figure majeure de la pensée contemporaine, Daniel Cohn-Bendit lui-même en personne (https://www.franceinter.fr/emissions/le-7-9, de 1h 21 mn 44s à 1h 46 mn 10 s) ! Tout le monde ne sait peut-être pas que le ci-devant agitateur anarchiste, l’implacable boutefeu qui, en mai 1968, avait joué un rôle décisif dans le déclenchement de la funeste révolte étudiante, est aujourd’hui un ami proche du Président Macron et un de ses conseillers les plus écoutés. Pour défendre son copain et tenter de justifier la politique impopulaire de ce dernier, il a eu d’ailleurs fort à faire.
Je n’entreprendrai pas de reprendre point par point les très subtiles et si précieuses analyses sur la crise actuelle qu’a bien voulu nous délivrer ce grand prophète de la mondialisation heureuse, des analyses que M. Demorand et Mme Salamé, visiblement tout émoustillés de l’insigne honneur que le grand homme, par sa présence, leur accordait, ont, pour leur part, recueillies avec une très pieuse déférence. Pour ma part, j’extrairai seulement de cette longue interview deux passages, lesquels, en raison des indignes insinuations contre le mouvement des gilets jaunes auxquelles ce bon apôtre n’a pas craint de se livrer, m’ont particulièrement retenu et scandalisé.
Le premier de ceux-ci (à 1h 25 mn), c’est quand Demorand, ingénument, se permet de comparer le mouvement actuel des gilets jaunes avec celui des étudiants de 68. Une comparaison sacrilège que Cohn-Bendit aussitôt repousse avec indignation : « En 68, on se battait contre un général au pouvoir. Les gilets-jaunes demandent un général au pouvoir (c’est au Général de Villiers qu’en l’occurrence, semble-t-il, il se réfère !) : il y a une différence ! » Et, dans la foulée, de gloser sur « la tentation autoritaire » qu’il prétend percevoir chez les gilets-jaunes : « L’idéal politique des gilets jaunes, c’est : « il faut une main forte » […] Le type de société qui peut émerger de ces tendances, moi, ça me fait peur ! »
Pour aller voir dans la colère et la révolte, qui s’expriment aujourd’hui parmi les couches les plus modestes et les plus périphériques de notre population, l’amorce d’un mouvement totalitaire de type fasciste, il faut avoir l’esprit sacrément mal tourné et beaucoup de mauvaise foi. Ce qui en effet a mis en mouvement les gilets jaunes, toutes les observations honnêtes l’ont bien montré, c’est d’une part l’exaspération provoquée par le fait de se sentir de plus en plus écrasées par diverses taxes, celles sur le carburant et d’autres, des taxes qui viennent encore rogner leurs modestes revenus, et d’autre part la constatation du mépris condescendant dans lequel les enferment les arrogants représentants du pouvoir macroniste et les privilégiés habitant les grandes métropoles, tous ces bobos hautains qui se contrefichent de l’augmentation du diesel car eux, pour se déplacer, ce qu’ils utilisent prioritairement, c’est soit la trottinette, soit l’avion.
Mais au lieu d’essayer de comprendre toute cette souffrance, laquelle il est vrai s’exprime de façon parfois maladroite, Cohn-Bendit préfère stigmatiser tous ces ploucs, tous ces beaufs, tous ces pauvres franchouillards qu’il déteste. Pensez donc, au lieu d’arborer des drapeaux noirs ou rouges et de chanter l’Internationale comme les petits-bourgeois de 68, ce qu’ils brandissent, eux, c’est l’emblème tricolore et ce qu’ils entonnent, eux, c’est la Marseillaise ! Des fascistes, vous dis-je…
Et de gloser également sur la haine et l’intolérance qu’il perçoit dans les rangs des gilets jaunes, une haine aveugle envers Macron qu’il va jusqu’à présenter comme étant le principal moteur de leur mobilisation. Toutes choses, haine, intolérance, qui, selon lui, n’auraient pas existé en 68 : « Jamais, en 68, quelqu’un aurait menacé de mort quelqu’un qui voulait discuter. » Il a vraiment la mémoire courte. Il a oublié le climat d’intolérance et de fanatisme que lui et ses copains faisaient alors régner dans les facultés et les lycées. Il a oublié les méthodes terroristes utilisées pour faire taire ceux qui ne consentaient pas à se rallier docilement à leur mouvement.
Il a également oublié l’indécent festival d’insultes orchestré par lui et ses copains à l’encontre de la noble figure du Général de Gaulle, lequel était pourtant un vrai résistant antitotalitaire, auquel le pays était doublement redevable de son redressement inespéré. Il a apparemment oublié le cri de ralliement que lui et ses copains faisaient brailler aux foules juvéniles qu’ils entraînaient derrière eux dans l’émeute, le vandalisme et le saccage : « CRS = SS ! » Un tel cri ne relevait-il pas de la haine, peut-être ? Mais si, bien sûr ! Et je puis d’autant mieux en témoigner que j’ai moi-même fait partie (ce dont aujourd’hui – croyez-moi – je ne me vante pas) de cette bande d’enragés fanatiques !
Dans le second passage (à 1h 45mn), Cohn-Bendit revient à la charge d’une façon encore plus grotesque et plus odieuse. On est alors presque à la fin de l’entretien. Les journalistes de France-Inter ont, « démocratiquement », donné la parole à une poignée d’auditeurs. Des auditeurs qui, comme d’habitude, ont été visiblement sélectionnés, triés sur le volet de façon à soigneusement écarter du micro les mal-pensants, à se protéger de tout éventuel propos malsonnant non conforme à l’idéologie « progressiste » qui seule, on le sait bien, a droit de cité sur cette antenne.
La dernière question d’auditeur proposée aux réactions de l’invité est celle d’un certain Cédric. C’est une question que Demorand, en ayant l’air de s’excuser pour le côté presque iconoclaste et à la limite de l’insolence de celle-ci, va lui relayer : « Dis-moi Dany, qu’est-ce que ça fait d’être de l’autre côté de la barricade ? » Alors, voilà Cohn-Bendit qui réagit avec véhémence et en remet une couche : « Camarade Cédric, je suis allergique au jaune, pour des raisons personnelles. Je peux pas mettre quelque chose de jaune. Peut-être que les gens comprendront… »
Et Demorand obligeamment s’empresse alors de mettre les points sur les i à l’intention de ceux qui n’auraient pas saisi la fine allusion : « L’étoile jaune, j’imagine ? » – Exactement. Deuxièmement, je n’accepterai jamais un mouvement qui me dit : « Tu passes si tu mets ton gilet. Tu passes si tu signes une pétition. » Jamais ! On peut me massacrer, jamais je ne ferai ça. […] J’ai une angoisse terrible dans les sociétés que nous vivons, c’est que nos libertés, elles peuvent disparaitre dans des mouvements autoritaires… Quand je vois pointer à l’horizon la moindre perspective totalitaire, je ne suis pas de l’autre côté de la barricade : je suis du bon côté de la barricade ! »
Le voilà donc, notre brave Dany, qui non seulement n’hésite pas à se camper lui-même en héroïque résistant, qui endosse sans rire le costume intrépide du combattant antitotalitaire, mais qui, afin de mieux déconsidérer ceux à qui il s’oppose et qu’il entend dénigrer par tous les moyens, ne craint pas d’actionner démagogiquement le trop commode ressort de l’antisémitisme ! Notez bien, en 68, il nous avait déjà fait le coup. Souvenez-vous : s’il s’était alors vu cruellement persécuter par le pouvoir, s’il s’était vu injustement expulser du territoire français, ce n’était pas en raison de ses agissements délictueux (graves entraves au fonctionnement de l’université, appels répétés à l’émeute, propagation inlassable du désordre et de la chienlit, etc.) mais uniquement parce que « juif allemand » ! Quelle honte ! Quelle absence totale de scrupule et de dignité de sa part ! Oser ainsi instrumentaliser le malheur juif ! Ce cynique individu ne manque décidément pas d'impudence !
Je n’entreprendrai pas de reprendre point par point les très subtiles et si précieuses analyses sur la crise actuelle qu’a bien voulu nous délivrer ce grand prophète de la mondialisation heureuse, des analyses que M. Demorand et Mme Salamé, visiblement tout émoustillés de l’insigne honneur que le grand homme, par sa présence, leur accordait, ont, pour leur part, recueillies avec une très pieuse déférence. Pour ma part, j’extrairai seulement de cette longue interview deux passages, lesquels, en raison des indignes insinuations contre le mouvement des gilets jaunes auxquelles ce bon apôtre n’a pas craint de se livrer, m’ont particulièrement retenu et scandalisé.
Le premier de ceux-ci (à 1h 25 mn), c’est quand Demorand, ingénument, se permet de comparer le mouvement actuel des gilets jaunes avec celui des étudiants de 68. Une comparaison sacrilège que Cohn-Bendit aussitôt repousse avec indignation : « En 68, on se battait contre un général au pouvoir. Les gilets-jaunes demandent un général au pouvoir (c’est au Général de Villiers qu’en l’occurrence, semble-t-il, il se réfère !) : il y a une différence ! » Et, dans la foulée, de gloser sur « la tentation autoritaire » qu’il prétend percevoir chez les gilets-jaunes : « L’idéal politique des gilets jaunes, c’est : « il faut une main forte » […] Le type de société qui peut émerger de ces tendances, moi, ça me fait peur ! »
Pour aller voir dans la colère et la révolte, qui s’expriment aujourd’hui parmi les couches les plus modestes et les plus périphériques de notre population, l’amorce d’un mouvement totalitaire de type fasciste, il faut avoir l’esprit sacrément mal tourné et beaucoup de mauvaise foi. Ce qui en effet a mis en mouvement les gilets jaunes, toutes les observations honnêtes l’ont bien montré, c’est d’une part l’exaspération provoquée par le fait de se sentir de plus en plus écrasées par diverses taxes, celles sur le carburant et d’autres, des taxes qui viennent encore rogner leurs modestes revenus, et d’autre part la constatation du mépris condescendant dans lequel les enferment les arrogants représentants du pouvoir macroniste et les privilégiés habitant les grandes métropoles, tous ces bobos hautains qui se contrefichent de l’augmentation du diesel car eux, pour se déplacer, ce qu’ils utilisent prioritairement, c’est soit la trottinette, soit l’avion.
Mais au lieu d’essayer de comprendre toute cette souffrance, laquelle il est vrai s’exprime de façon parfois maladroite, Cohn-Bendit préfère stigmatiser tous ces ploucs, tous ces beaufs, tous ces pauvres franchouillards qu’il déteste. Pensez donc, au lieu d’arborer des drapeaux noirs ou rouges et de chanter l’Internationale comme les petits-bourgeois de 68, ce qu’ils brandissent, eux, c’est l’emblème tricolore et ce qu’ils entonnent, eux, c’est la Marseillaise ! Des fascistes, vous dis-je…
Et de gloser également sur la haine et l’intolérance qu’il perçoit dans les rangs des gilets jaunes, une haine aveugle envers Macron qu’il va jusqu’à présenter comme étant le principal moteur de leur mobilisation. Toutes choses, haine, intolérance, qui, selon lui, n’auraient pas existé en 68 : « Jamais, en 68, quelqu’un aurait menacé de mort quelqu’un qui voulait discuter. » Il a vraiment la mémoire courte. Il a oublié le climat d’intolérance et de fanatisme que lui et ses copains faisaient alors régner dans les facultés et les lycées. Il a oublié les méthodes terroristes utilisées pour faire taire ceux qui ne consentaient pas à se rallier docilement à leur mouvement.
Il a également oublié l’indécent festival d’insultes orchestré par lui et ses copains à l’encontre de la noble figure du Général de Gaulle, lequel était pourtant un vrai résistant antitotalitaire, auquel le pays était doublement redevable de son redressement inespéré. Il a apparemment oublié le cri de ralliement que lui et ses copains faisaient brailler aux foules juvéniles qu’ils entraînaient derrière eux dans l’émeute, le vandalisme et le saccage : « CRS = SS ! » Un tel cri ne relevait-il pas de la haine, peut-être ? Mais si, bien sûr ! Et je puis d’autant mieux en témoigner que j’ai moi-même fait partie (ce dont aujourd’hui – croyez-moi – je ne me vante pas) de cette bande d’enragés fanatiques !
Dans le second passage (à 1h 45mn), Cohn-Bendit revient à la charge d’une façon encore plus grotesque et plus odieuse. On est alors presque à la fin de l’entretien. Les journalistes de France-Inter ont, « démocratiquement », donné la parole à une poignée d’auditeurs. Des auditeurs qui, comme d’habitude, ont été visiblement sélectionnés, triés sur le volet de façon à soigneusement écarter du micro les mal-pensants, à se protéger de tout éventuel propos malsonnant non conforme à l’idéologie « progressiste » qui seule, on le sait bien, a droit de cité sur cette antenne.
La dernière question d’auditeur proposée aux réactions de l’invité est celle d’un certain Cédric. C’est une question que Demorand, en ayant l’air de s’excuser pour le côté presque iconoclaste et à la limite de l’insolence de celle-ci, va lui relayer : « Dis-moi Dany, qu’est-ce que ça fait d’être de l’autre côté de la barricade ? » Alors, voilà Cohn-Bendit qui réagit avec véhémence et en remet une couche : « Camarade Cédric, je suis allergique au jaune, pour des raisons personnelles. Je peux pas mettre quelque chose de jaune. Peut-être que les gens comprendront… »
Et Demorand obligeamment s’empresse alors de mettre les points sur les i à l’intention de ceux qui n’auraient pas saisi la fine allusion : « L’étoile jaune, j’imagine ? » – Exactement. Deuxièmement, je n’accepterai jamais un mouvement qui me dit : « Tu passes si tu mets ton gilet. Tu passes si tu signes une pétition. » Jamais ! On peut me massacrer, jamais je ne ferai ça. […] J’ai une angoisse terrible dans les sociétés que nous vivons, c’est que nos libertés, elles peuvent disparaitre dans des mouvements autoritaires… Quand je vois pointer à l’horizon la moindre perspective totalitaire, je ne suis pas de l’autre côté de la barricade : je suis du bon côté de la barricade ! »
Le voilà donc, notre brave Dany, qui non seulement n’hésite pas à se camper lui-même en héroïque résistant, qui endosse sans rire le costume intrépide du combattant antitotalitaire, mais qui, afin de mieux déconsidérer ceux à qui il s’oppose et qu’il entend dénigrer par tous les moyens, ne craint pas d’actionner démagogiquement le trop commode ressort de l’antisémitisme ! Notez bien, en 68, il nous avait déjà fait le coup. Souvenez-vous : s’il s’était alors vu cruellement persécuter par le pouvoir, s’il s’était vu injustement expulser du territoire français, ce n’était pas en raison de ses agissements délictueux (graves entraves au fonctionnement de l’université, appels répétés à l’émeute, propagation inlassable du désordre et de la chienlit, etc.) mais uniquement parce que « juif allemand » ! Quelle honte ! Quelle absence totale de scrupule et de dignité de sa part ! Oser ainsi instrumentaliser le malheur juif ! Ce cynique individu ne manque décidément pas d'impudence !