Le congrès qui s'est tenu hier au Parc des Expositions de Saint-Denis devait être l'occasion d'éclaircir la position du parti socialiste dans la perspective des élections régionales de décembre prochain. En fait, comme aux échecs, certains pions ont été avancés, des positions offensives ou défensives ont été prises, mais difficile encore pour le moment de dire qui sera le réel gagnant de la bataille féroce qui fait rage au sein du parti.
En apparence, Gilbert Annette a triomphé hier. Il a d'abord réussi à faire revenir les représentants du Progrès, eux qui avaient boudé le dernier congrès. Ce qui est déjà une victoire en soi.
Les militants ont ensuite approuvé sa stratégie d'alliance dès le premier tour des Régionales avec toutes les forces de Gauche, avec pour objectif de faire le pendant à la liste d'union de la Droite et du Centre menée par Didier Robert.
Dans le même temps, le maire de Saint-Denis a annoncé qu'il était candidat pour "mener le PS à la bataille des Régionales". Ce qui consiste dans son esprit à mener les négociations avec les "partis frères", et pas nécessairement à conduire la liste.
Or, tout le monde sait que Gilbert Annette est un chaud partisan d'une liste d'union la plus large possible... conduite par Huguette Bello. Cela signifie-t-il pour autant que tout le PS va se ranger sagement derrière Huguette Bello dès le premier tour? Rien n'est moins sûr...
Il suffit pour s'en convaincre de s'en rapporter aux déclarations de Jean-Jacques Vlody à l'issue de la réunion, propos rapportés dans le JIR d'aujourd'hui : "La famille doit être rassemblée", déclare le député socialiste, "mais pas nécessairement dès le premier tour comme l'a fait voter la fédération". Selon lui, "on ne peut pas être le parti présidentiel avec six parlementaires, des communes, sans conduire une liste". Et le député de poursuivre : "Le choix d'Huguette Bello s'apparente à un retour en arrière, à 2004, à une époque où la rue de Solferino (le siège du PS national, NDLR) encourageait les socialistes locaux à se ranger derrière Paul Vergès". Depuis, les choses ont évolué et le PCR ne pèse plus grand chose sur l'échiquier politique local. Tout comme le PLR d'Huguette Bello qui ne comptabilise qu'une ville, le Port, et qui s'est littéralement écroulée dans son fief historique de Saint-Paul.
Sans le dire ouvertement, les représentants du Progrès craignent qu'une liste PS menée par Huguette Bello n'arrive derrière celle conduite par Thierry Robert et n'obtienne dès lors que des miettes au moment de la fusion des deux listes au second tour.
Dans leur logique, la liste du président sortant n'avait une chance d'être battue que si toutes les forces de Gauche et du Centre gauche faisaient l'union dès le premier tour, sous la conduite d'un socialiste, et si possible de Patrick Lebreton.
Ce scénario est pourtant mort né. D'abord parce que Gilbert Annette est majoritaire au sein de la fédération. Même si les électeurs du Progrès sont sans doute plus nombreux, le maire de Saint-Denis a toujours pris soin -à la différence de ses concurrents- de faire adhérer en masse ses employés communaux, s'assurant de fait le contrôle de l'appareil. Il ne fait donc pas l'ombre d'un doute que c'est lui que le parti choisira le 11 juin prochain pour mener les négociations avec les autres partis de Gauche.
Gilbert Annette était d'ailleurs tellement sûr de sa victoire qu'il a déjà entamé ces discussions depuis plusieurs semaines. S'il semble aujourd'hui acquis qu'il est à même de faire valider par la base le choix d'Huguette Bello comme tête de liste, il est à craindre pour lui que ce soit la seule belle prise qu'il puisse ramener dans ses filets au jeu du mercato politique.
L'autre gros poisson, Thierry Robert, a déjà annoncé qu'il conduirait sa propre liste. Les relations du député-maire de Saint-Leu n'ont jamais été bonnes avec sa collègue de Saint-Paul, à l'époque où cette dernière dirigeait la commune voisine. Et on voit mal l'ego surdimensionné de Thierry Robert accepter d'aller en 2ème -ou 3ème- position sur une liste...
Dans le même temps, Paul Vergès a balayé d'un revers de main méprisant les propositions d'alliance qui lui étaient faites et il ne fait plus de doute qu'il conduira une liste PCR. Quitte à faire un score ridicule...
Même Jean-Hugues Ratenon a confirmé sa candidature, avec comme objectif de se positionner pour l'avenir et, pourquoi pas, de faire mieux que son ancien mentor Paul Vergès...
A ces listes, on peut rajouter celle des Verts qui vont probablement y aller eux aussi. Tandis que nous avons révélé que même André Thien-Ah-Koon y réfléchissait...
On le voit, on est loin de l'union souhaitée par Gilbert Annette...
Dès lors, dans ce contexte de grande division, chacun est tenté de se compter. Y compris les responsables du Progrès. Forts du soutien du PS national et de l'Elysée, franchiront-ils le Rubicon en allant jusqu'à mener une liste contre celle d'Huguette Bello soutenue par la fédération locale? Pas impossible, d'autant qu'il existe un précédent : c'était en 1993 et celui qui avait mené une liste contre celle de la fédération menée par Jean-Claude Fruteau était... Gilbert Annette.
Finalement, contrairement à ce qu'aiment répéter les dirigeants socialistes, ce ne seront probablement pas les militants de la base qui trancheront mais bel et bien Manuel Valls lors de sa visite, le 11 juin prochain. C'est lui qui donnera le feu vert à une liste dissidente du Progrès ou qui les forcera à rentrer dans le rang.
Peut-on d'ores et déjà tenter de deviner la position du Premier ministre? Très difficile, bien évidemment. Mais ne perdons pas de vue que le Progrès pèse quatre parlementaires (Lebreton, Fruteau, Vlody et Vergoz) contre deux pour le clan Annette (Bareigts et Orphé), mais surtout que Patrick Lebreton et surtout Jean-Claude Fruteau ont l'oreille de Paris, et en particulier de François Hollande...
Par ailleurs, on les voit mal continuer à faire le forcing s'ils avaient déjà été prévenus par Paris qu'il leur faudrait rentrer dans le rang dans une dizaine de jours. S'ils persistent, c'est qu'ils doivent avoir des infos. A moins qu'ils ne cherchent à faire monter les enchères pour obtenir quelque chose en échange. Et pourquoi pas un poste de secrétaire d'Etat pour Patrick Lebreton (voir notre article à ce sujet)?
On sera de toutes façons fixés le 11 juin prochain...
En apparence, Gilbert Annette a triomphé hier. Il a d'abord réussi à faire revenir les représentants du Progrès, eux qui avaient boudé le dernier congrès. Ce qui est déjà une victoire en soi.
Les militants ont ensuite approuvé sa stratégie d'alliance dès le premier tour des Régionales avec toutes les forces de Gauche, avec pour objectif de faire le pendant à la liste d'union de la Droite et du Centre menée par Didier Robert.
Dans le même temps, le maire de Saint-Denis a annoncé qu'il était candidat pour "mener le PS à la bataille des Régionales". Ce qui consiste dans son esprit à mener les négociations avec les "partis frères", et pas nécessairement à conduire la liste.
Or, tout le monde sait que Gilbert Annette est un chaud partisan d'une liste d'union la plus large possible... conduite par Huguette Bello. Cela signifie-t-il pour autant que tout le PS va se ranger sagement derrière Huguette Bello dès le premier tour? Rien n'est moins sûr...
Il suffit pour s'en convaincre de s'en rapporter aux déclarations de Jean-Jacques Vlody à l'issue de la réunion, propos rapportés dans le JIR d'aujourd'hui : "La famille doit être rassemblée", déclare le député socialiste, "mais pas nécessairement dès le premier tour comme l'a fait voter la fédération". Selon lui, "on ne peut pas être le parti présidentiel avec six parlementaires, des communes, sans conduire une liste". Et le député de poursuivre : "Le choix d'Huguette Bello s'apparente à un retour en arrière, à 2004, à une époque où la rue de Solferino (le siège du PS national, NDLR) encourageait les socialistes locaux à se ranger derrière Paul Vergès". Depuis, les choses ont évolué et le PCR ne pèse plus grand chose sur l'échiquier politique local. Tout comme le PLR d'Huguette Bello qui ne comptabilise qu'une ville, le Port, et qui s'est littéralement écroulée dans son fief historique de Saint-Paul.
Sans le dire ouvertement, les représentants du Progrès craignent qu'une liste PS menée par Huguette Bello n'arrive derrière celle conduite par Thierry Robert et n'obtienne dès lors que des miettes au moment de la fusion des deux listes au second tour.
Dans leur logique, la liste du président sortant n'avait une chance d'être battue que si toutes les forces de Gauche et du Centre gauche faisaient l'union dès le premier tour, sous la conduite d'un socialiste, et si possible de Patrick Lebreton.
Ce scénario est pourtant mort né. D'abord parce que Gilbert Annette est majoritaire au sein de la fédération. Même si les électeurs du Progrès sont sans doute plus nombreux, le maire de Saint-Denis a toujours pris soin -à la différence de ses concurrents- de faire adhérer en masse ses employés communaux, s'assurant de fait le contrôle de l'appareil. Il ne fait donc pas l'ombre d'un doute que c'est lui que le parti choisira le 11 juin prochain pour mener les négociations avec les autres partis de Gauche.
Gilbert Annette était d'ailleurs tellement sûr de sa victoire qu'il a déjà entamé ces discussions depuis plusieurs semaines. S'il semble aujourd'hui acquis qu'il est à même de faire valider par la base le choix d'Huguette Bello comme tête de liste, il est à craindre pour lui que ce soit la seule belle prise qu'il puisse ramener dans ses filets au jeu du mercato politique.
L'autre gros poisson, Thierry Robert, a déjà annoncé qu'il conduirait sa propre liste. Les relations du député-maire de Saint-Leu n'ont jamais été bonnes avec sa collègue de Saint-Paul, à l'époque où cette dernière dirigeait la commune voisine. Et on voit mal l'ego surdimensionné de Thierry Robert accepter d'aller en 2ème -ou 3ème- position sur une liste...
Dans le même temps, Paul Vergès a balayé d'un revers de main méprisant les propositions d'alliance qui lui étaient faites et il ne fait plus de doute qu'il conduira une liste PCR. Quitte à faire un score ridicule...
Même Jean-Hugues Ratenon a confirmé sa candidature, avec comme objectif de se positionner pour l'avenir et, pourquoi pas, de faire mieux que son ancien mentor Paul Vergès...
A ces listes, on peut rajouter celle des Verts qui vont probablement y aller eux aussi. Tandis que nous avons révélé que même André Thien-Ah-Koon y réfléchissait...
On le voit, on est loin de l'union souhaitée par Gilbert Annette...
Dès lors, dans ce contexte de grande division, chacun est tenté de se compter. Y compris les responsables du Progrès. Forts du soutien du PS national et de l'Elysée, franchiront-ils le Rubicon en allant jusqu'à mener une liste contre celle d'Huguette Bello soutenue par la fédération locale? Pas impossible, d'autant qu'il existe un précédent : c'était en 1993 et celui qui avait mené une liste contre celle de la fédération menée par Jean-Claude Fruteau était... Gilbert Annette.
Finalement, contrairement à ce qu'aiment répéter les dirigeants socialistes, ce ne seront probablement pas les militants de la base qui trancheront mais bel et bien Manuel Valls lors de sa visite, le 11 juin prochain. C'est lui qui donnera le feu vert à une liste dissidente du Progrès ou qui les forcera à rentrer dans le rang.
Peut-on d'ores et déjà tenter de deviner la position du Premier ministre? Très difficile, bien évidemment. Mais ne perdons pas de vue que le Progrès pèse quatre parlementaires (Lebreton, Fruteau, Vlody et Vergoz) contre deux pour le clan Annette (Bareigts et Orphé), mais surtout que Patrick Lebreton et surtout Jean-Claude Fruteau ont l'oreille de Paris, et en particulier de François Hollande...
Par ailleurs, on les voit mal continuer à faire le forcing s'ils avaient déjà été prévenus par Paris qu'il leur faudrait rentrer dans le rang dans une dizaine de jours. S'ils persistent, c'est qu'ils doivent avoir des infos. A moins qu'ils ne cherchent à faire monter les enchères pour obtenir quelque chose en échange. Et pourquoi pas un poste de secrétaire d'Etat pour Patrick Lebreton (voir notre article à ce sujet)?
On sera de toutes façons fixés le 11 juin prochain...