Chers compatriotes,
Il y a moins d’un an, nous nous retrouvions tous ici, dans cette même salle, pour nous recueillir après les attentats perpétrés à Charlie Hebdo et à l’Hyper Casher.
Il y a moins d’un an, je pouvais encore prononcer devant vous le nom de chacune des victimes assassinées par ces milices de la mort.
Vendredi soir, alors que le peuple de Paris profitait de sa liberté, de son insouciance et de sa joie de vivre, au stade, en terrasse ou dans les salles de concert, les fantassins du chaos nous ont de nouveau assailli.
Nos morts et nos blessés sont cette fois si nombreux que leur identité n’a pas encore, pour tous, pu être confirmée. Nous nous réunissons aujourd’hui pour pleurer nos morts, et le chaos est tel que nous ne sommes pas en capacité de prononcer le nom de chacun de nos compatriotes assassinés.
L’heure est aux larmes. L’heure est au recueillement. Elle est aussi déjà à la riposte. L’heure est au chagrin. Elle est déjà aussi à la colère. Ce n’est pas d’une guerre entre les civilisations dont il s’agit. C’est d’une guerre pour la civilisation.
La France, et à travers elle le monde libre, est attaquée pour la liberté de sa jeunesse, pour l’égalité qui s’exerce chez nous entre les hommes et les femmes, pour sa défense de la laïcité, pour toutes les valeurs qui font de notre nation une nation libre.
La France est inquiète. Elle a raison de l’être. La guerre qui nous est livrée ne se refermera pas en même temps que le cercueil de nos morts.
D’autres attaques surviendront, ne nous illusionnons pas sur la question. Ces attaques ont été perpétrées depuis l’extérieur, mais également depuis l’intérieur de notre pays. Des Français ont massacré des Français. Ce sont des années difficiles qui s’annoncent pour notre pays. Des années où le sang peut être versé.
Ne pas avoir la lucidité et le courage de le comprendre et d’y faire face serait faire preuve d’une naïveté paralysante et d’une lâcheté criminelle. Chers compatriotes. La guerre s’est tenue loin de la France depuis des dizaines d’années. Ce fut un bienfait.
Le temps de la paix est aujourd’hui révolu. La grandeur de notre pays et celle de notre peuple est d’avoir toujours su faire face aux ennemis qui ont cherché à nous détruire. Aucun n’y est jamais parvenu. L’heure est venue de leur faire face à nouveau. La France protégera sa liberté. La France traversera ce chaos.
La France sortira victorieuse de cette terrible épreuve. Plus grande. Plus forte. Plus fière. »