Dépêchés sur place, les militaires s’étaient retrouvés face à un jeune homme de 20 ans adossé au mur de l’église. Alors que la situation semblait apaisée, ce dernier s’était retourné brusquement et avait porté des coups de tesson de bouteille en direction de l’adjudante-cheffe, touchée au niveau du cou et des lèvres. Fort heureusement, malgré la grande quantité de sang perdue par la malheureuse, la carotide n’avait pas été touchée.
Quatre mois plus tard, le 17 mars 2022, le vingtenaire était mis en examen pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique par un juge d’instruction saint-pierrois. La question de son placement en détention provisoire le temps des suites de l’enquête s’était posée. Souffrant de Schizophrénie, le mis en cause n’avait pas pris ses médicaments depuis trois semaines. Au cours de la procédure, cinq experts psychiatres se sont penchés sur son cas afin de déterminer si une altération, voire une abolition de son discernement était intervenue au moment de la violente agression. Une divergence dans les résultats des deux premières expertises a conduit le juge d’instruction à diligenter un collège d’experts. Pour celui-ci, le discernement de Jean Steevy était aboli au moment de son geste.
Son avocat Me Farid Issé avait indiqué lors du débat dans le cabinet du juge des libertés et de la détention que son client se trouvait à l’église « pour demander à Dieu de lui sortir ces voix de la tête. En sortant, il voyait tout noir. Ses yeux étaient noirs. Il a pris deux bouteilles et a frappé dans le vide pour écarter les monstres qui le harcelaient », avait raconté la robe noire.
Le 20 avril dernier, devant la chambre de l’instruction, le conseil a plaidé l’irresponsabilité pénale de son client. Le parquet général a demandé aux juges de la rue Juliette Dodu ne pas suivre cette voie mais de retenir l’altération. Les magistrats qui avaient mis leur décision en délibéré viennent d’annoncer l’irresponsabilité pénale de Jean Steevy G. qui ne sera jamais jugé pour son crime.