Premier élément pointé du doigt : les « risques sanitaires et environnementaux par l’émission de polluants et l’enfouissement de déchets dangereux ». Pour Laurent Bridier, co-délégué départemental de Génération Ecologie Réunion, non seulement la solution proposée par Ileva va « à l’encontre du principe même de l’Economie Circulaire », mais en plus elle génère des « déchets supplémentaires dangereux, encore moins recyclables et encore plus nocifs ».
Pour chaque tonne incinérée, « ce sont environs 250 kg de mâchefers produits, soit plus de 50.000 tonnes/an concentrant de nombreux polluants contenus dans les déchets incinérés », détaille-t-il. « Pire encore, dans ce processus d’Incinération de Déchets choisi par le syndicat ILEVA, d’autres nouveaux déchets encore plus dangereux seront créés : les résidus du filtrage des Fumées de combustion ou REFIOM (Résidus d’Épuration de Fumée d’Incinération des Ordures Ménagères) ; on parle de plusieurs milliers de tonnes par an ! ».
« Museler les opposants »
Egalement décrié, le plan de financement, jugé « incertain ». « Il risque d’augmenter les taxes et impôts locaux », « gage les finances locales sur plusieurs années », et « ne décourage pas la production de déchets », avance notamment Emmanuel-Luc Doulouma de #Ré-Agir.
Estimant qu’il s’agit d’« un investissement excessif, créateur d’un nombre d’emplois limités par rapport aux filières de l’économie circulaire que sont le recyclage, la réutilisation et la prévention », le collectif demande ainsi au président d’ILVEA de « suspendre immédiatement le marché public global de performance passé le 31/12/2018 avec le groupement d’entreprises attributaires pour la conception, la réalisation, l’exploitation et la maintenance du Pole Déchet Sud – Réunion » et « d’oeuvrer pour la création d’une économie circulaire durable tendant vers le concept “zéro déchet” à La Réunion ». Et réclame la tenue d’un « vrai débat public » sur le sujet.
Egalement présent lors de cette conférence de presse, Imrhane Moullan (référent départemental Agir la droite constructive) en a profité pour évoquer le litige l’opposant à Michel Fontaine. Ce dernier (président d’Ileva et de la Civis) lui reproche d’avoir laissé entendre que le marché passé par Ileva était entaché de corruption. « J’ai bien compris que l’objectif véritable est de tenter d’intimider et de museler les opposants (…) On a tenté de nous discréditer par rapport à notre profession : travailler à la Région interdit-il de réfléchir ? », questionne Imhrane Moullan, affirmant attendre la plainte « avec sérénité ». « Aurait-on entendu ce que je n’ai jamais dit, mais qu’on avait peur d’entendre ? En tout état de cause, je réitère mes interrogations légitimes sur la transparence de ce dossier » .