
12 cadres ont candidaté à la succession de David Gruson. Après une première sélection, 6 faisaient partie de la "short list" du ministre de la Santé. Il n'en reste désormais que 2 : Lionel Calenge et Francis Saint-Hubert
Voilà deux mois que le Centre Hospitalier Universitaire attend la nomination de son nouveau directeur de plein exercice. Deux mois que l’institution est pilotée par Lionel Calenge, directeur par intérim.
Ce dernier est candidat au poste de directeur et se retrouve, bien malgré lui, ainsi que son concurrent Francis Saint-Hubert, au cœur d’un dilemme inédit au sein de la fonction publique hospitalière.
Alors que la nomination d’un directeur d’hôpital public se joue normalement au stade du ministère de tutelle, en co-décision avec le Centre national de gestion (qui gère la carrière des cadres de la FPH), le lobbying politique réunionnais pour la candidature locale de Lionel Calenge retarde le processus de nomination.
C’est l’intéressé lui-même qui confirme les bribes d’informations qui nous sont parvenues en fin de semaine dernière. "La décision finale devait nous être communiquée vendredi dernier. On m’a finalement fait savoir que le dossier de nomination remontait à l’étage au-dessus, au niveau présidentiel", fait savoir Lionel Calenge ce lundi en fin de journée. D’après ses informations en haut lieu, la nomination ne tarderait toutefois pas à venir. "Une question d’heures ou de jours", ajoute-t-il, toujours dans l'expectative.
Selon nos informations cette fois, la candidature de Francis Saint-Hubert, actuel directeur de l’hôpital de Saint-Nazaire, aurait été préférée à la sienne. Une position ministérielle qui a visiblement été arrêtée jeudi dernier mais qui remettait en cause pas mal d’engagements politiques, à commencer par celui de la régionalisation de l’emploi soutenue par...François Hollande en août 2014.
Lionel Calenge bénéficiait pourtant jusque-là d’un lobbying politique musclé, un peu à l’image de ce qui s’est produit pour la nomination d’un recteur d’origine réunionnaise il y a quelques semaines. Lionel Calenge présente en effet, selon les élus qui soutiennent sa candidature, toutes les caractéristiques de la nouvelle donne en matière de mouvement dans la fonction publique : "la régionalisation de l’emploi", à compétences égales.
L'Elysée face à ses promesses de régionalisation de l'emploi
La tournure des événements embarrasse des observateurs du monde hospitalier. "Ce n’est pas sain du tout pour le CHU. Deux mois pour la nomination d’un directeur : on n’a jamais vu ça. Normalement un directeur en remplace un autre, ces choses-là sont pliées rapidement. C'est tout l'inverse qui est en train de se passer ici. Ce délai inhabituel prouve que le dossier devient trop politisé. Montrer qu’un hôpital peut être à la merci d’un politique ce n’est jamais bon. Qu’est-ce qu’on dira demain si M. Calenge venait à être nommé : les gens pourront dire que c’est juste parce qu’il est réunionnais qu’il a obtenu le poste ?! On peut imaginer qu’il serait d’une certaine façon redevable auprès de ces politiques locaux qui n'ont cessé de pousser sa candidature. On peut se poser la question", font remarquer ces membres de la fonction publique hospitalière.
Ce dernier est candidat au poste de directeur et se retrouve, bien malgré lui, ainsi que son concurrent Francis Saint-Hubert, au cœur d’un dilemme inédit au sein de la fonction publique hospitalière.
Alors que la nomination d’un directeur d’hôpital public se joue normalement au stade du ministère de tutelle, en co-décision avec le Centre national de gestion (qui gère la carrière des cadres de la FPH), le lobbying politique réunionnais pour la candidature locale de Lionel Calenge retarde le processus de nomination.
C’est l’intéressé lui-même qui confirme les bribes d’informations qui nous sont parvenues en fin de semaine dernière. "La décision finale devait nous être communiquée vendredi dernier. On m’a finalement fait savoir que le dossier de nomination remontait à l’étage au-dessus, au niveau présidentiel", fait savoir Lionel Calenge ce lundi en fin de journée. D’après ses informations en haut lieu, la nomination ne tarderait toutefois pas à venir. "Une question d’heures ou de jours", ajoute-t-il, toujours dans l'expectative.
Selon nos informations cette fois, la candidature de Francis Saint-Hubert, actuel directeur de l’hôpital de Saint-Nazaire, aurait été préférée à la sienne. Une position ministérielle qui a visiblement été arrêtée jeudi dernier mais qui remettait en cause pas mal d’engagements politiques, à commencer par celui de la régionalisation de l’emploi soutenue par...François Hollande en août 2014.
Lionel Calenge bénéficiait pourtant jusque-là d’un lobbying politique musclé, un peu à l’image de ce qui s’est produit pour la nomination d’un recteur d’origine réunionnaise il y a quelques semaines. Lionel Calenge présente en effet, selon les élus qui soutiennent sa candidature, toutes les caractéristiques de la nouvelle donne en matière de mouvement dans la fonction publique : "la régionalisation de l’emploi", à compétences égales.
L'Elysée face à ses promesses de régionalisation de l'emploi
La tournure des événements embarrasse des observateurs du monde hospitalier. "Ce n’est pas sain du tout pour le CHU. Deux mois pour la nomination d’un directeur : on n’a jamais vu ça. Normalement un directeur en remplace un autre, ces choses-là sont pliées rapidement. C'est tout l'inverse qui est en train de se passer ici. Ce délai inhabituel prouve que le dossier devient trop politisé. Montrer qu’un hôpital peut être à la merci d’un politique ce n’est jamais bon. Qu’est-ce qu’on dira demain si M. Calenge venait à être nommé : les gens pourront dire que c’est juste parce qu’il est réunionnais qu’il a obtenu le poste ?! On peut imaginer qu’il serait d’une certaine façon redevable auprès de ces politiques locaux qui n'ont cessé de pousser sa candidature. On peut se poser la question", font remarquer ces membres de la fonction publique hospitalière.

Francis Saint-Hubert, actuel directeur de l'hôpital de Saint-Nazaire
"M. Calenge n’était pas le favori, au niveau du ministère. Tout simplement parce que dans la pratique, un DGA ne devient pas DG dans la même région où il exerce. Imaginez s’il y a à redire demain sur les comptes du CHU, ça deviendrait plutôt embarrassant…", ajoutent-ils.
Cette règle semble néanmoins souffrir de deux exceptions. La première nomination "dans la continuité du service occupé" s’est produite pour l’hôpital de Bordeaux en 2000 et à Dijon en 2006.
Une autre approche, stratégique cette fois, est à prendre en compte pour comprendre ce qui se joue actuellement entre le ministère de la Santé et l'Elysée, selon une personne très haut placée dans le milieu hospitalier. Pour elle, la nomination d’un local viendrait troubler la logique parisienne de l’Agence régionale de santé. "L’ARS veut garder la main sur le CHU. L'ARS pense de ce fait obtenir plus de garanties avec une recrue extérieure. Avec Lionel Calenge, ils peuvent se dire, à tort, qu'il y aurait une sorte de CHU déconnecté des directives ministérielles. On ne peut sérieusement y croire."
La délicate situation est résumée ainsi par notre interlocuteur : "En nommant Francis Saint-Hubert, la ministre de la Santé garde sa liberté de jugement mais va se confronter au mécontentement des élus locaux, et accessoirement se mettre en porte-à-faux sa collègue à l'égalité réelle. En nommant Lionel Calenge, elle répond à l’attente des élus et valide les promesses de François Hollande mais déroge aux pratiques de la FPH..."
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Les élus réunionnais (Patrick Lebreton et Didier Robert notamment) se sont positionnés en faveur de la candidature de l’actuel directeur par intérim du CHU Réunion, Lionel Calenge
Cette règle semble néanmoins souffrir de deux exceptions. La première nomination "dans la continuité du service occupé" s’est produite pour l’hôpital de Bordeaux en 2000 et à Dijon en 2006.
Une autre approche, stratégique cette fois, est à prendre en compte pour comprendre ce qui se joue actuellement entre le ministère de la Santé et l'Elysée, selon une personne très haut placée dans le milieu hospitalier. Pour elle, la nomination d’un local viendrait troubler la logique parisienne de l’Agence régionale de santé. "L’ARS veut garder la main sur le CHU. L'ARS pense de ce fait obtenir plus de garanties avec une recrue extérieure. Avec Lionel Calenge, ils peuvent se dire, à tort, qu'il y aurait une sorte de CHU déconnecté des directives ministérielles. On ne peut sérieusement y croire."
La délicate situation est résumée ainsi par notre interlocuteur : "En nommant Francis Saint-Hubert, la ministre de la Santé garde sa liberté de jugement mais va se confronter au mécontentement des élus locaux, et accessoirement se mettre en porte-à-faux sa collègue à l'égalité réelle. En nommant Lionel Calenge, elle répond à l’attente des élus et valide les promesses de François Hollande mais déroge aux pratiques de la FPH..."
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Les élus réunionnais (Patrick Lebreton et Didier Robert notamment) se sont positionnés en faveur de la candidature de l’actuel directeur par intérim du CHU Réunion, Lionel Calenge