Chez eux, l’agriculture est une affaire de famille. « Nous lé né dedans. Papa l’était agriculteur et mon mari la repris son exploitation », raconte elle.
Avec 5 hectares de cannes, une serre installée sur 1000 m2, une parcelle de 10 000 m2 d’ananas et une parcelle de maraîchage de 2 500m2, le couple s’est organisé pour faire tourner l’exploitation : “Dans la semaine, c’est moin, mon mari et nous néna un employé. Après, quand néna lé vacances, les enfants lé la pou aider. Là c’est la campagne sucrière. Mon mari, lu coupe lé cannes, lu fait le chargement. Moin, moin va gérer la serre et lé bringelles. Quand ou plante une plante, nous prend soin de ça, lé comme out marmaille. Si ou n’a pas d’amour pou cette plante la, ou naura pas un bon résultat ».
La canne seule, plus rentable
Lorsqu’ils se sont lancé, en 2012, le couple d’agriculteurs ne cultivait que de la canne. Avant tout pour des raisons économiques, ils ont peu à peu diversifier leurs cultures :
« Au départ ce n’était que de la canne. Nous l’a diversifié parce que la canne tout seul l’était pu rentable. Si n’a pas la diversification, lé pu viable. Nous lé cinq dans la famille, la canne lé pas suffisant.
La canne c’est tous les six mois. Dans ces six mois-là, faudra couper porter pour avoir un revenu, tandis que sur le maraîchage, au bout de trois mois ou pourrait avoir un revenu.
Au début, c’était la tomate et l’ananas. Petit à petit nous l’a essaye agrandir la diversification, n’a les ananas, les bringelles, des fois les citrouilles, explique l’agricultrice ».
Ces agriculteurs ont dû enlever de la canne pour installer sa serre, un projet qui n’a pas était simple à mettre en oeuvre :
“N’avait quand même beaucoup de démarches à faire, parce que le terrain l’était en canne. Il fallait faire le terrassement, voir plusieurs organismes pour pouvoir construire la serre et passer par la banque, parce que si ou n’a poin le prêt ou peut pas faire la serre. Il a fallu aussi construire le local technique pour pouvoir stocker tout ce qui faut pour la serre”.
D’indépendants au départ, Aline et son mari ont finalement adhéré à une coopérative,
“ Aller au marché gros par exemple, lé pas sur que lé produit sera vendu. Quand ou lé dans la coopérative peut être ou n’aura pas le prix du marché gros mais l’avantage c’est tout lé produit lé écoulé.Aussi, pour être accordé du prêt pour la serre, il fallait absolument être en coopérative”.
Ce choix a changé leur gestion de leurs production mais aussi la gestion financière :
“Sera pas nous va décider ce que nous veut faire. Avec le technicien, zot y voit l’altitude et zot y détermine ce que lé bon ou pas de planter. C’est zot qui propose les produits qu’ou doit livrer, selon zot besoins à zot”.
Une fois les produits récoltés, “nous dépose à la coopérative et du moment que lé livré, nous lé payer. Pour la canne, nous lé payé toutes les semaines, en fonction du tonnage de la semaine. Au niveau de la coopérative, ce sera tous les mois, en fonction de la quantité qu’ou porte.
Pour l’agricultrice, cette entrée d’argent plus récurrente, permet d’être plus serein :
« De janvier à juillet, si nous néna des cultures maraîchages, lé sur que nous va mieux vivent que si nous té vive que de la canne comme en 2012, parce qu’en 2012, il fallait attendre quand la campagne y débuté en juillet, mais de janvier à juillet, il faut bien vivre, mais à ce moment là n’a pas de revenu qui rentre ».
Pour autant, le couple ne compte pas arrêter la canne : “ La canne lé pas payer comme il se doit mais enlever toute la canne non, lé inconcevable. La canne c’est quand même le pilier de La Réunion, nous peut pas arrêter la canne comme ça, mais il faut vraiment passer à la diversification”.
Grâce à cette transition, Aline dit sortir peu à peu “la tête de l’eau”, mais conscient des aléas, elle reste inquiète notamment face à la flambée des prix des intrants :
“En ce moment, le prix des engrais augmente. Passer de 25 euros à 80 euros un sac d’engrais, y revient cher. Et c’est des engrais dont ou la besoin pour toutes cultures de maraîchage.
Pour nous l’engrais y augmente mais, quand nous va livrer à la coopérative, le prix y augmente pas forcément, lu va rester le prix de base que lé dit dans le contrat. Ce que nous remarque, c’est que dans les supermarchés, le prix flambe.
C’est nous qui emmène la matière première et au final c’est nous perçoit moins”.
Malgré ces difficultés, Aline cultive l’amour de son métier :
“C’est un métier que nous y’aime ça, l’agriculture. Du jour au lendemain, sera difficile de dire qu’ou arrete ou fait pu. Dans l’agriculture, ou c’est out propre patron déjà, c’est un avantage. Mi aime travaille la terre. Depuis étant petit nous lé dedans, lé en nous. Mi n’a trois garçon, le premier mi pense pas… peut-être le deuxieme ou le troisième, mais mi espère que n’aura un va prend la relève. Si n’a poin de relève, sera difficile de vendre l’exploitation, c’est un truc que nous la fait”, conclut-elle.