
Oh rassurez-vous, il n'a pas vité du gouvernement un Arnaud Montebourg qui avait déclaré au Monde que "le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, n'est plus sérieux, mais absurde et dangereux". Avant d'ajouter qu'"il est plus que temps d'ouvrir le débat sur cette politique (européenne, Ndlr) qui conduit l'Union à la débâcle".
Il ne s'en est pas pris non plus à Benoît Hamon, ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, qui avait déclaré au Parisien et sur BFMTV: "Aujourd'hui, l'austérité en Europe n'est plus soutenable, avec ses millions de chômeurs", avant d'affirmer : "L'austérité (appliquée) en Europe (…) peut nous conduire dans une impasse et à une France low-cost".
Non, Arnaud Montebourg et Benoit Hamon sont trop puissants au sein de la fédération du PS. Courageusement, François Hollande a préféré s'en prendre à une femme seule, isolée, qui n'appartient à aucun courant au sein du PS. Pire encore, elle qui était soutenue par Ségolène Royal, s'est récemment fachée avec la présidente du Poitou. On imagine assez bien le plaisir de François Hollande, persuadé de faire d'une pierre deux coups : Un, donner enfin l'impression à l'opinion publique qu'il est un dur parmi les durs, et deux faire plaisir à son ex qui n'a pas dû voir d'un mauvais oeil le limogeage de celle avec qui elle est aujourd'hui brouillée...
Face à une telle situation, on s'attendait à une réaction explosive de la part des représentants d'Europe Ecologie les Verts. Elle eut bien lieu, mais en paroles seulement. Une sorte de "Retenez moi sinon je fais un malheur"...
Cécile Duflot et son collègue ministre d'EELV n'ont d'abord pas envie de quitter aussi tôt les lustres et les ors de la République. Ce n'est pas tant le salaire que les avantages annexes de la fonction auxquels il est difficile de renoncer. Mais surtout, ils ont pris conscience qu'ils n'étaient pas vraiment en position de force. En remportant les primaires du PS en vue de l'élection présidentielle, François Hollande avait hérité du même coup de l'accord national PS/EELV en vue des prochaines municipales, accord extraordinairement avantageux pour les écologistes. François Hollande n'a jamais caché qu'il n'était pas d'accord avec toutes les concessions faites par le PS et il est clair qu'aujourd'hui, il n'a qu'une envie : voir les Verts quitter le gouvernement pour remettre en cause cet accord.
Les Verts l'ont si bien compris qu'après avoir crié haut et fort, ils ont vite rabaissé leur caquet, bien conscients qu'il n'est absolument pas de leur intérêt d'en arriver à un clash.
Ce qui signifie également qu'ils n'ont pas fini d'avaler des couleuvres...