Non mais… Vous avez vu ça ?
Le banian de l’Anse-des-Cascades, abattu par le cyclone, a été remis sur pieds. Il a été redressé dans ses baskets au prix d’efforts qui forcent l’enthousaisme. On l’a vu se redresser, seconde après seconde. On admire le défi technique et écologique.
Admirant cet exploit impensable à la télé, j’en ai été ému au-delà du possible. Aux larmes, pourquoi ne pas l’avouer. J’ai vécu, seconde après seconde, le rétablissement de ce majestueux et joli pied d’bois ! Des hommes se liguant pour sauver un arbre, c’était pour moi du jamais vu. Ça laisse à espérer en l’être humain.
Le banian est un végétal emblématique. Si mes renseignements ne sont pas erronés, il a été introduit chez nous par nos amis les Malbars.
Il a pour nos compatriotes indiens une valeur culturelle, cultuelle et symbolique à plus d’un titre. Mais il représente bien plus.
Il n’est pas le seul de son espèce. Il y a le banian de Raymond Lauret, Carrefour-des-Danseuses, au Port. Qui a concouru au titre de « Plus bel arbre de France ». Il n’a pas remporté le cocotier, si j’ose dire. Pas de ma faute : j’ai voté je-ne-sais-combien-de-fois !
Il y en a un autre, moins visible parce que camouflé par la forêt alentour, sur le côté mer quand on vient de Saint-Benoît en se dirigeant vers Sainte-Rose, à quelques encablures du Pont-Suspendu.
On aurait pu débiter celui de l’Anse-des-Cascades en petits bouts, le passer à la tronçonneuse. C’était la solution évidente et économique pour ce géant, abattu par un cyclone. Ben non ! Quelqu’un, quelques-uns, ont décidé de lui redonner sa verdeur et sa majesté.
Dans une délicieuse ironie envers « Le chêne et le roseau », un poète (qui ? please), fait dire au chêne, couché sur le flanc : « Je reste quand même le chêne ! »
Lui, par la grâce d’hommes désintéressés, reste « le » banian.
C’est endurant, un banian. Il y avait encore de la terre, beaucoup de terre autour de ses racines. Il n’était pas moribond, on pouvait le sauver.
Ils l’ont sauvé, ces bougres.
Je suis le premier à leur en être reconnaissant.
Ça coûte cher de redresser un arbre. Gréements, engins de levage, maîtrise des mouvements, minutage des opérations… Je ne sais qui a décidé de sauver ce géant mais, qui soit-il, même si je le connais, même si le déteste (ça peut arriver), je lui vote mes plus sincères félicitations. Et toute ma gratitude.
Certains vont sûrement me contredire : comment peut saluer le sauvetage d’un arbre quand il y a tant de détresses humaines à soulager ? J’entends bien. Je vais encore en prendre plein de gueule, je sais : Mais sans une nature saine, il n’y a plus d’humain sain.