L’atelier 1 sur la formation des prix des hydrocarbures à la Réunion vient de toucher à sa fin. Après huit réunions depuis le mois de mars, les acteurs ont reçu ce matin le projet de rapport de synthèse sur l’atelier 1. Plusieurs préconisations ont été apportées et débattues ce matin, mais pas de réelles pistes pour faire baisser durablement le coût des carburants à la pompe. « Les échanges et discussions, associés à la détente sur les prix internationaux, ont permis de discuter de manière sereine. L’atelier 1 a débuté des travaux début mars (…). On a atteint notre objectif premier, la transparence la plus totale sur la formation des prix des carburants. Les travaux avaient pour objet de dégager des marges de manœuvres, mais on constate qu’elles sont assez faibles au final« , explique Gérard Cherrier, chef du pôle Concurrence, consommation, répression des fraudes et métrologie à la DIECCTE
Ce sont 30 pages de rapport résumant l’ensemble des coûts qui ont été présentées. « Le rapport détaille et décortique tous les postes du carburant. Maintenant toute personne disant que le prix du carburant à la Réunion est opaque est un illettré ou un aveugle« , lâche-t-il. L’atelier a tenté de répondre et d’apporter le plus grand nombre d’éléments de compréhension sur des thématiques aussi essentielles que la méthode de construction du prix CAF (Coût – Assurance – Fret), les mécanismes d’achat des carburants et les différentes alternatives possibles. Après avoir rappelé le contexte d’encadrement des prix à la Réunion, le coût d’acheminement des carburants ou encore souligné le « monopole » au niveau du stockage, le rapport a présenté différentes préconisations.
Garder le système réunionnais
« Le modèle réunionnais repose sur un mode de distribution du carburant et un maintien d’un régime de consensus. L’intérêt de la Réunion est de garder ce système, pour maintenir l’emploi et la proximité de service dans les stations favorables aux consommateurs« , souligne Gérard Cherrier. Dans le rapport, la méthode d’achat est « efficace » et elle « garantit » le bon approvisionnement de l’île en hydrocarbure, dans les « meilleures conditions d’achat« . Sur le fret, le maintien d’un contrat de fret sur cinq ans est préconisé, mais le rapport souligne également la nécessité de s’assurer que la renégociation de l’affrètement du navire Tamarin en 2013 se fasse dans « les meilleures conditions« . Sur le stockage des carburants, les acteurs de l’atelier souhaitent que la gouvernance de la fonction de stockiste soit « révisée » en permettant une délégation de service public (DSP).
Une nouvelle préconisation a été avancée dans le rapport, celle de supprimer la gestion de l’arrondi sur le prix du litre de carburant. Concrètement, au lieu d’avoir deux chiffres derrière la virgule (ex : 1,58 euro / litre de sans plomb), il est proposé qu’un système de prix à la 3ème décimale (ex: 1,587 euro / litre de sans-plomb) soit mis en oeuvre à la Réunion. « Une solution qui ne pose pas de problèmes techniques pour les pétroliers« , précise Gérard Cherrier.
« Il n’y a pas d’illusion »
Après cette lecture, les critiques sont venues principalement de Jocelyn Cavillot, délégué régional Solidaires. « Tout va bien sous le soleil, a part mettre un chiffre supplémentaire sur le litre de carburant« , explique-t-il. « Un point concernant l’approvisionnement (fret) en carburant, ce qui a été dit là ne prend pas en compte les éléments sur la défiscalisation. Le contrat de fret doit être renégocié en 2013, dans quelle mesure lors de la renégociation du contrat, ce bateau peut avoir un capital élargi aux institutionnels, Région ou CCIR ?« , s’interroge-t-il.
Une question a laquelle a répondu Eric Le Blevec, directeur général de Total Réunion. « On est favorable à définir un cahier des charges ensemble, savoir s’il faut mettre à nouveau un bateau sous le registre international français. Il faut voir avec les autorités compétentes. Ce qui est sûre, c’est que ce n’est pas la formule la moins chère. Regardons la meilleure formule, les pétroliers ne prendront pas en direct la gestion du bateau (…). Mais le but est de faire baisser les coûts« , explique-t-il.
Pour résumer, le rapport n’apporte pas de réelles solutions sur une baisse conséquente des prix du carburant à la pompe pour les consommateurs réunionnais, seulement des marges de manœuvres réduites. « Il n’y a pas d’illusion. On a toujours dit depuis le début de l’atelier, si on trouve les marges importantes pour faire baisser les prix cela voudrait dire que l’administration s’est laissée gruger ou alors si on ne trouve pas de marges cela veut dire que nous avons fait notre travail. On est plutôt dans cette deuxième option« , conclut-il.