La crise économique et financière qui a marqué 2008 a surtout frappé les catégories sociales les plus défavorisées. C’est le principal constat que fait le rapport de la Fondation Abbé-Pierre sur le mal-logement en France.
Et la Réunion est largement concernée. Le rapport de l’Armos, dans son édition 2009, souligne une baisse du rythme des livraisons de logements. De 2005 et 2008, 1.000 logements sociaux en moyenne par an ont été livrés, contre 2.500 de 1995 à 1999, et 1.500 de 2000 à 2004. Une baisse de livraisons de logements sociaux qui touche particulièrement les territoires de la CINOR (Communauté intercommunale Nord) et du TCO (Territoire communautaire Ouest).
Au 1er janvier 2008, les dossiers à jour de 27.000 ménages attendent d’être pris en compte par les bailleurs sociaux. C’est la moitié du nombre de logements sociaux existants à la Réunion, le parc comptant 52.197 logements occupés par 20% des ménages.
Or d’ici 2030, la population réunionnaise devrait augmenter de 30% et dépasser ainsi le seuil du million d’habitants. Le nombre de logement nécessaire est estimé à 355.000 logements en 2015 et 468.000 en 2030.
LBU en baisse
La dotation budgétaire unique (LBU) affectée à la production de logements sociaux à la Réunion est en diminution progressive. Elle est passée de 105 millions d’euros dans les années 90, à 75 millions en 2007 et 73 millions d’euros en 2008.
Selon l’Observatoire des transactions immobilières et foncières à la Réunion, le marché du logement est marqué par une forte pression immobilière et foncière. Le prix des logements connaît une importante progression depuis 5 ans. Le prix des maisons a augmenté de 80%, contre 65% pour les appartements, alors que l’indice du coût de la vie a lui progressé de 10% de 2000 a 2005.
Habitat précaire et insalubre
Début 2000, l’île comptait 21.379 logements dégradés contre 12.193, 10 ans plus tôt. Sur une base de quatre personnes par ménages, cela représente près de 85.000 personnes concernées, soit environ 10% de la population.
En 2007, plus de 30% de la population réunionnaise, soit 274.500 personnes, perçoit au moins un des minimas sociaux : 141.000 allocataires dont 68.200 pour le RMI. D’après le rapport de l’INSEE, la Réunion comptait près de 76.000 personnes au chômage, ce qui représente 24,2% des actifs, taux nettement supérieur à celui de la France métropolitaine qui était de 8,1%, toujours en 2007.
En ce qui concerne les personnes sans domicile fixe, le réseau régional des quatre boutiques Solidarité Abbé-Pierre recensent 200 personnes, en moyenne, qui fréquentent chaque jour le réseau.
Environ 6.000 retraités, à la Réunion, vivent avec seulement 620 euros par mois, seuil de pauvreté en France. Si 11% des plus de 65 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté en 2008, ce pourcentage risque de passer à 25% en 2030, précise le rapport.
La fondation Abbé-Pierre a émis sept propositions pour notre île :
1. Accroître le nombre de logements sociaux neufs (locatifs et en accession) à hauteur des besoins : 5.000 logements par an, au lieu des 2.000 livrés depuis 3 ans.
2. Reconsidérer les crédits mobilisés dans la loi de finances 2009 qui demeurent largement insuffisants au regard des besoins tout en sécurisant le dispositif de défiscalisation pour le logement social.
3. Financer le logement social en tenant compte de l’évolution des coûts de construction sur l’île et des nouvelles normes applicables (réglementation thermique et acoustique cette année).
4. Concrétiser les engagements pris dans les contrats d’objectifs fonciers (COF) des 24 communes, signé avec l’État, dans le cadre d’une politique foncière maîtrisée.
5. Éradiquer l’habitat insalubre à la Réunion en développant une véritable stratégie intégrant les résultats prochains de l’étude ZHPI (Zones d’Habitat Précaire et Insalubre) de l’Agorah.
6. Permettre au secteur de l’hébergement de jouer son rôle :
– Créer immédiatement les nouvelles places en hébergement face à la dégradation du climat social et à l’augmentation de la précarité à la Réunion, permettant de rattraper le retard par rapport à la métropole.
– Donner une réelle priorité à l’accès au logement pérenne pour les personnes sortant de structures d’hébergement, en proposant des offres adaptées à leurs besoins (composition familiale, environnement, situation)
7. Renforcer l’article 55 de la loi de Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) du 13/12/2000 en sanctionnant plus fermement les réfractaires à son application.