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Foire de Paris : La Réunion en mal de représentants

Cette année, seulement six exposants sont venus représenter la Réunion à la Foire de Paris. Cet événement, qui accueille près de 700.000 curieux, est pourtant une occasion unique pour vanter la richesse et la qualité de nos productions locales. Mais les professionnels ont été très peu nombreux à avoir fait le déplacement. A l’origine de cette immense timidité, ni paresse, ni complexe d’infériorité mais surtout un grand manque de moyens et de volonté politique.

Ecrit par Bérengère Lefèvre – le mardi 05 mai 2009 à 10H48

La visite commençait pourtant bien. Enfin notre île bénéficiait d’une vraie place de choix, à l’entrée même du pavillon « Terre des Tropiques ». Contrairement aux autres années, où les stands  réunionnais se cachaient derrière ceux des Antilles, cette fois, c’est le phénomène inverse qui s’est produit.

 

Au cas où cela ne serait pas suffisant, l’attention du visiteur est attirée par une carte en relief grand format, dessinant les contours de l’île, révélant ses dénivelés. L’idée est nouvelle et semble porter ses fruits étant donné le nombre de personnes qui s’y attardent. Cette initiative provient de l’IRT (Île Réunion Tourisme) dont le slogan « La Réunion, une île, un monde » surplombe l’espace qui lui a été alloué.

Mais ce nouvel emplacement ne plaît pas forcément à tout le monde. Cécile est la patronne d’ »Envies Créoles », un restaurant réunionnais basé à Paris. Elle fait la Foire depuis longtemps et constate la baisse de fréquentation. Elle explique que les gens ont toujours été habitués à se rendre dans un autre hall, toujours le même, pour déguster les plats créoles. « Maintenant ils nous cherchent et, lorsqu’ils nous trouvent enfin, ils nous disent qu’ils ont déjà mangé ».

 

Il faut dire que les DOM-TOM ont été relégués au second plan, perdus au fin fond du parc des expositions de Versailles. Chez Taïlou, on se plaint du même phénomène. En revanche, chez les petits producteurs, le discours diffère quelque peu : ce serait plutôt la crise, et peut-être la grippe porcine, qui poussent les gens à rester chez eux.

D’ailleurs, l’ambiance générale du salon est calme. La présence si peu effective d’agriculteurs et d’artisans de La Réunion trouve, quant à elle, ses raisons complètement ailleurs. Mémé Rivière, de la Maison du Curcuma, et Louis Leichnig, producteur de vanille bio à Saint-Philippe, témoignent des difficultés financières auxquelles ils doivent faire face pour se rendre aux divers salons.

 

A vrai dire, aucune subvention n’est prévue pour aider les exposants. Ces derniers ne demandent pourtant pas à venir tous frais payés, mais ils ne reculeraient pas devant un coup de pouce qui leur permettrait de baisser leurs prix. A l’heure actuelle, difficile en effet de trouver des produits bon marché. Mais difficile pour les entrepreneurs de rendre leurs tarifs attrayants et d’être réellement compétitifs.

La location d’une surface de quelques mètres carrés s’élève à 4.000€ minimum, de quoi étaler tout juste quelques épices et confitures. A cela il faut ajouter  les frais de transport (billet d’avions et fret) ainsi que l’hébergement. Celui qui veut promouvoir La Réunion doit donc tout supporter de ses propres deniers et se débrouiller pour rentabiliser ses investissements. Lorsque des aides existent, la longueur des démarches pour les obtenir dissuade les plus acharnés.

 

Le rôle de la Chambre de Commerce se limite à réserver une place aux exposants. Place qu’ils ne peuvent pas choisir eux-mêmes. En conséquence, les producteurs qui auraient besoin d’être mis en avant se retrouvent à l’arrière de stands souvent moins « authentiques » et plus commerciaux.

Mémé et Louis pensent alors qu’ils s’adresseront directement aux organisateurs de la foire l’année prochaine. En espérant qu’ils y seront encore. Car, même si la Réunion est loin d’être uniquement une terre de gastronomie, grâce à eux, l’aspect culinaire aura pu être mis en valeur ! Mais pour combien de temps encore ? D’autant plus qu’on n’est plus très loin d’associer notre fameux rougail saucisses à une spécialité des Antilles…

 

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