« Le juge relève que ce seuil, en dessous duquel les produits sont dépourvus de propriétés stupéfiantes, est celui que retient la règlementation pour autoriser la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale de certaines variétés de cannabis », indique par voie de communiqué le Conseil d’État. Dans les mois qui viennent, le Conseil d’État étudiera le dossier sur le fond. Pour l’heure, l’arrêté du 30 décembre du gouvernement interdisant de commercialiser à l’état brut des fleurs et feuilles est suspendu.
Un arrêté « en décalage avec la réalité »
« On s’attendait à cette décision compte tenu des recours. Nous ne pouvons que nous en réjouir pour la filière », indique Benjamin Coudiret, président de l’association Chanvre Réunion, composée d’une soixantaine de membres dont des agriculteurs. Plusieurs expérimentations ont déjà été menées par l’association dont l’objectif est de « promouvoir et organiser le développement d’une filière locale réunionnaise de production, de transformation et de commercialisation de chanvre dans une perspective de diversification végétale et de transition agro-écologique ».
« C’est compliqué à La Réunion d’avoir des bonnes variétés sur le catalogue français. Elles ne sont pas forcément adaptées ici à La Réunion. Les agriculteurs sont obligés de s’équiper. Si en plus, nous devions transformer la production sous forme d’extrait de chanvre, ça nous obligerait à financer encore de nouvelles machines, comme une plateforme d’extraction », souligne Benjamin Coudiret. Le gouvernement avait pris un arrêté le 30 décembre dernier pour interdire la commercialisation des feuilles. Une décision politique pour Benjamin Coudiret qui considère que cet arrêté a été décidé pour « montrer une position très ferme du gouvernement » mais qui est « en décalage avec la réalité« .
L’association attendait cette décision pour lancer la production des fleurs. Auparavant, seules la fibre et les graines pouvaient être utilisées. « Là nous allons va pouvoir produire de la fleur transformée, soit en extrait industriel de chanvre, soit vendue sous forme brute si la décision finale du Conseil d’Etat va dans ce sens », conclut le président de l’association.