De nombreux internautes nous ont fait part de leur mécontentement sur la flambée des prix des fruits et légumes constatée dans certaines enseignes ou marchés. Ce Zinfonaute, qui a eu pour 14,50€ de courses dont près de 11 euros chez un bazardier de Saint-Pierre pour 1 kilo d’oignons (importés) et 2 kilos de tomates (cultivées sous serre localement), s’en est offusqué en nous envoyant son ticket de caisse.
Comment explique-t-on cette flambée des prix ? Les oignons, le prix a été multiplié par 3 et les tomates sont à 2€30 le kilo ! Y’a pas eu de cyclone !
« La tomate sous serre cultivée localement et vendue à 2,30 euros le kilo, c’est son prix. L’agriculteur péï ne gagne pas sa vie avec un euro, il ne vend que ce qu’il a produit. Ceux qui vendent les oignons d’importation ce sont les importateurs », rappelle le président de la Chambre verte.
Pour ce dernier, l’explication est toute trouvée. « Une spéculation est faite sur les produits importés », indique Frédéric Vienne, « très remonté » face à cette situation. « Pendant longtemps, le consommateur a boudé cette agriculture locale au profit de produits d’importation, largement diffusés à bas coût dans les enseignes et les détaillants de fruits et légumes pour en finir avec la production locale », explique le président de la Chambre.
D’où la nécessité pour ce dernier du développement d’une agriculture locale forte, car dit-il, « dès qu’il y aura un souci logistique sur l’importation de fruits et légumes, les prix augmenteront pour compenser les pertes, c’est indéniable ». « C’est pour cela que nous militons pour le développement d’une production locale forte à la Réunion. Plus les consommateurs achèteront local, plus les prix baisseront, en plus de préserver voire de créer des emplois dans la filière », poursuit Frédéric Vienne, qui se félicite du succès des initiatives en circuit court lancées depuis les mesures de confinement. Nous vous en parlions dans cet article ([« Confinement: Le boom de l’agriculture bio et des circuits courts »]urlblank:https://www.zinfos974.com/Confinement-Le-boom-de-l-agriculture-bio-et-des-circuits-courts_a151486.html ). En effet, la fermeture des marchés forains laissait craindre le pire pour les agriculteurs locaux, mais c’est tout l’inverse qui s’est passé: certains maraîchers écoulent mieux leurs productions qu’en temps normal grâce aux circuits courts.
« Ce boom des circuits courts doit perdurer dans le temps »
« C’est un juste retour des choses » salue Frédéric Vienne, « même s’il a fallu attendre une telle crise pour que les gens se rendent compte de l’importance de notre filière ». « Cela avait débuté avec la crise des gilets jaunes où les gens commençaient à se détourner des grandes surfaces ».
Mais Frédéric Vienne espère que ce retour vers des circuits plus courts ne soit pas juste une mode passagère et ne cache pas son appréhension. « J’ai peur que demain les gens se ruent à nouveau dans les grandes surfaces se rabattre sur les produits importés. Ce boom des circuits courts doit perdurer dans le temps », martèle Frédéric Vienne.
Le président de la chambre d’agriculture également lance un appel à une redéfinition de notre politique d’alimentation locale: « Aux consommateurs je leur dis de faire avec ce que vous avez, de consommez local et d’adapter avec ce qui il y a ? Aux autorités, je leur demande de redéfinir les conditions d’importation de fruits et légumes. Plus les consommateurs achèteront local, plus les prix baisseront, en plus de préserver voire de créer des emplois durables dans la filière ».