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Courrier des lecteurs

Fin de vie : la convention citoyenne pour une "aide active à mourir"


Par Bruno Bourgeon - Publié le Mardi 4 Avril 2023 à 10:58

La Convention citoyenne s'est prononcée à 76% pour l'ouverture d'une aide active à mourir en France. Emmanuel Macron s'est engagé dans la foulée à ce qu'une loi sur « le modèle français de la fin de vie » soit votée avant la fin de l'été 2023.

Il y avait peu de suspense. La Convention Citoyenne dimanche 2 avril, soutenu par 92% des 184 citoyens tirés au sort, s’est prononcée. Résultat ? « Pour une majorité de citoyennes et citoyens de la Convention, l'accès à l'aide active à mourir doit être ouvert », estime le texte. Après 27 jours de travail, étalés de décembre à mars, l'exercice de démocratie participative, souhaité par Emmanuel Macron, prend fin. Mais le gouvernement suivra-t-il ces conclusions ? A l’inverse de la Convention Citoyenne pour le climat, le gouvernement n’a pas estimé devoir reprendre sans filtre les propositions du texte.

Fait marquant, ces citoyens commencent leur rapport par un manifeste politique : « nous relayons la préoccupation et le vécu des équipes soignantes et de beaucoup de nos concitoyens : notre système de santé se trouve dans une situation alarmante faute de moyens humains et financiers. En particulier, nous déplorons le manque de soignants, les déserts médicaux, l'engorgement des services d'urgence et les inégalités d'accès aux soins palliatifs sur le territoire. »

Le rapport liste ensuite 65 propositions pour améliorer la fin de vie dans notre pays. Avec comme premier objectif d'améliorer l'accès aux soins palliatifs (SP). Aujourd'hui, 21 départements n'ont aucune offre. La convention suggère notamment que tous les professionnels de santé soient formés aux soins palliatifs, qu'un stage dans un service de SP soit obligatoire pendant la formation des soignants, que le budget soit augmenté, que les prises en charge palliatives et l'accompagnement de la fin de vie à domicile par l'intervention de l'Hospitalisation à domicile (HAD) et d'équipes mobiles de SP soient développées et d'obliger tous les Ehpad à avoir du personnel formé aux SP.

Il y aussi, note le rapport, un travail à faire côté grand public. Voilà pourquoi la convention espère que le gouvernement mettra en place une campagne de communication sur le sujet, qu'il créera une journée sur la fin de vie, un numéro gratuit, des informations délivrées lors de la journée de défense et de citoyenneté...

Plusieurs votes au cours de ces mois de débats allaient déjà dans ce sens, le rapport final le dit : 76% des citoyens tirés au sort ont voté en faveur d'une légalisation d'une aide active à mourir. Dans le rapport, les citoyens réaffirment que la Convention citoyenne s'est positionnée majoritairement en faveur d'une ouverture de l'aide active à mourir pour les raisons suivantes : respecter la liberté de choix de chacun ; combler les insuffisances du cadre d'accompagnement actuel (notamment les limites de la sédation profonde et continue) ; mettre fin aux situations ambiguës constatées. Néanmoins, « 23% des citoyennes et citoyens se sont prononcés contre une ouverture de l'aide active à mourir. Ils ont mis en avant la méconnaissance et la faible application de la Loi Clays-Léonetti du 2 février 2016, privilégiant d'abord une pleine et entière application du cadre actuel. »

Certains pays, comme la Belgique, ont légalisé l’euthanasie, système dans lequel c'est le professionnel de santé qui donne ou injecte le produit létal. D'autres, comme la Suisse, ont préféré le suicide assisté, où c'est le patient lui-même qui pratique le geste pour mettre fin à sa vie. La nuance est de taille, étant donné qu'une partie des soignants français ont dit leur opposition depuis des années à pratiquer l'euthanasie. La Convention citoyenne ne tranche pas. Mais une majorité se prononce en faveur d'une légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie, à réserver à certains cas spécifiques. Mais elle insiste sur la nécessité de mettre de nombreux garde-fous. Par ailleurs, ce nouveau droit s'accompagnera d'une clause de conscience pour les professionnels de santé.

Que fera le gouvernement ? Difficile à dire. Élisabeth Borne avait été claire : à la différence de la convention citoyenne sur le climat qui avait suscité beaucoup de déception, le gouvernement ne s'engagerait pas à reprendre la décision de la convention citoyenne dans un projet de loi. Emmanuel Macron, lui, avait semblé varier sur sa position ces derniers mois, tout en restant flou. 

Le chef de l'Etat a reçu les citoyens à l'Élysée ce lundi matin 3avril. Et a pris la parole à 11h pour annoncer deux choses. Tout d'abord le lancement d'un plan décennal national de prise en charge de la douleur et des SP avec les investissements qui s'imposent. Sans préciser quel serait le montant de ces investissements. Sans préciser quelles propositions seront reprises, il s'est engagé à donner une suite à ce rapport. Sans lever le voile sur ce qu'il entend par « modèle français de la fin de vie ».

 Dr Bruno Bourgeon, vice-président du Comité Régional d’Ethique de La Réunion , président d’AID




1.Posté par Omarie le 04/04/2023 14:47

"Modèle français de la fin de vie" ? hum...hum !

Pour l'instant, on s'oriente plutôt vers la fin du modèle français de vie.

2.Posté par Omarie le 04/04/2023 15:12

PS à mon post précédent : ...ou "fin de vie du modèle français".

3.Posté par C.J. le 04/04/2023 17:03

@Omarie...
Ça c'est sûr!

4.Posté par Omarie le 05/04/2023 10:25

@CJ

On se comprend...en peu de mots.

Si le Président de la République veut instituer "un modèle français" dans quelque domaine que ce soit, il faudrait qu'il apprenne à prendre des décisions qui soient en harmonie avec la volonté du peuple français. Que ce peuple ne soit pas la dernière roue de la charrette comme on peut le voir depuis quelques temps.


5.Posté par Omarie le 05/04/2023 11:09

Monsieur Bourgeon,

D'après ce que je comprends, aucun engagement n'a été pris. Le Président de la République promet un projet de loi sur lequel le gouvernement va plancher. L'affaire est donc désormais entre les mains des politiques qui vont mettre leur "grain de sel" et on ne sait pas ce qu'il va en ressortir. Il est à craindre qu'au moment des délibérations, cela ne donne encore lieu aux spectacles auxquels nous avons droit depuis quelques temps

"La fin de vie" ou la mort (puisque c'est bien de cela qu'il s'agit) est un sujet extrêmement important et délicat et je pense qu'il faut saluer le travail réalisé par la convention citoyenne. A mon sens, cette question mériterait d'être traitée par nos décideurs dans une réflexion plus large en l'inscrivant dans un vrai projet de société où la vie et la mort ne seraient pas dissociées, puisque l'une est la "finalité de l'autre".

Mieux vivre, mieux manger, être soigné dans les meilleures conditions, travailler pour vivre et non plus vivre pour travailler...en espérant arriver au bout de notre vie sans être trop esquinté.

6.Posté par A mon avis le 05/04/2023 17:22

Dr Bruno Bourgeon,

C'est en tant que vice-président du Comité Régional d’Ethique que vous vous exprimez ?

Votre article est intéressant.et présente bien la situation.

Il serait encore plus intéressant d'exprimer la position et les propositions du Comité Régional d'Ethique sur ce thème de la fin de vie, car vous avez aussi voix au chapitre dans cette concertation.

7.Posté par Omarie le 06/04/2023 16:52

Quel parent n'a pas été confronté un jour à la question d'un enfant lui demandant :
- Pourquoi on dit que papi (ou mamie) est mort ? Où sont mamie et papi...et pourquoi on ne peut pas les voir ? Et c'est quoi la mort...etc ?

Des questions auxquelles les croyants apportent des réponses inspirées par leur foi et leur éducation religieuse. Les autres se "débrouillent" en faisant de leur mieux pour rassurer l'enfant. Ceux qui en ont les moyens auront recours à des psychologues et autres professionnels.

Il y a un vide évident autour de ce qui est perception et acceptation de la mort dans notre société moderne. Devons-nous considérer qu'il appartient aux religieux et aux scientifiques d'apporter des réponses ? N'y a-t-il pas là une plus ample réflexion à mener ou suffira-t-il de se dire qu'on pourra abréger nos souffrances et "programmer" notre mort ?

8.Posté par JANUS le 07/04/2023 10:26

Du bla bla bla ...

Tout le monde s'exprime sur un sujet aussi grave, en mélangeant "l'euthanasie", "le suicide assisté", "une fin de vie digne", ...

Il y a déjà une Loi existant dans notre pays sur "l'euthanasie", et elle fonctionne très bien, mettant chacun face à ses responsabilités ...

Certains veulent y rajouter une Loi sur le "Suicide assisté", qui n'existe pas dans notre pays ...

D'autres parlent de "mourir dans la dignité", encore un autre sujet ...

Il me semble important de dissocier ces trois thèmes et de travailler sur trois Lois différentes ...

Arrêtons de faire des amalgames, et de vouloir ouvrir des boîtes de Pandore que plus personne ne maîtrisera ☺☺☺

9.Posté par A mon avis le 08/04/2023 17:10

@ 8.Posté par JANUS
Quelle est donc cette loi sur "l'euthanasie" ?

Vous faites allusion à la loi dite Léonetti. Le terme d'euthanasie ne semble pas s'appliquer à l'application de cette loi.

10.Posté par coupdesang le 16/04/2023 09:57

tant que ça ne coûte rien aux finances publiques et qu' en plus, ça fasse des économies aux caisses de retraite, Macron sera d'accord avec le peuple.

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