A l’espace Jeumon, cet après-midi, ce sont seulement trois chars qui sont entamés : et pour cause, le gros du travail est réalisé dans les quartiers. Jacky Ethéocle, chargé du développement de la culture et ici coordonnateur des travaux, explique : « Les gens travaillent depuis leur quartier, ils ont les plans, font les découpes, les assemblages, puis le tout est amené ici pour qu’on le place sur les chars« .
La tension est palpable parmi les participants. Il reste beaucoup à faire et gérer la réalisation de 10 chars paraît du coup une tâche bien ardue. Cet après-midi, le maire Gilbert Annette s’est rendu lui-même sur place afin de se rendre compte de l’avancée des préparatifs.
Des scènes de vie et de la danse
Le spectacle en tout cas s’annonce grandiose : les 10 chars promettent des scènes de vie théâtrales mêlées à des danses. Percussions en tout genre, maloya, les spectateurs en auront plein les yeux et plein les oreilles. Des chorégraphes, des plasticiens, et d’autres membres des associations travaillent actuellement tous ensemble sur les chars.
Parmi ceux-ci, on retrouvera deux bateaux négriers, une cage d’esclaves et son gros blanc, une caverne refuge de marrons, le quotidien de femmes esclaves, ou encore, le plus « exceptionnel » selon Jacky Ethéocle, un « arbre de vie et de paroles, avec un volcan, qui symbolisent beaucoup de choses« . Il argumente : « On dit que le silence est d’or, mais ce silence nous a été imposé, et aujourd’hui nous rouv’ nout’ guèl’, c’est pour ça qu’on pourra trouver sur ce char un arbre à paroles avec pleins de slogans« . Il termine, enthousiaste: « Le volcan, lui, brûle les esprits racistes et les forces obscures« .
« Mi veu pa voir de chaînes«
Jacky Ethéocle regrette toutefois de voir encore autant de scènes du passé; pour lui il faudrait avancer et aborder des thèmes plus « modernes« , voire « avant-gardistes« . « En tant qu’acteur dans le développement de cette manifestation, mi veu pa voir de chaînes. Si les français fêtent le 14 juillet, c’est qu’ils ont réussi à brûler ce passé« .
Modernes ou pas, les chars devraient être prêts pour samedi et participeront tous à un concours mis en place pour « dynamiser » la participation des associations à l’événement. Rendez-vous est donc pris le 19 décembre, à 17h dans les rues de Sant-Denis, où défileront ces différents tableaux vivants.