Brice Cauvin (L’Art de la fugue) et Abd Al Malik (Qu’Allah Bénisse la France) vont présenter leurs long-métrages au Festival du Film de La Réunion qui se déroule jusqu’à samedi. La projection des deux films aura lieu vendredi soir à Ciné Cambaie. Un moment important pour ces réalisateurs qui débutent dans le monde du cinéma.
Pour Brice Cauvin, il s’agit de son deuxième film, une comédie dramatique comme son premier, De particulier à particulier en 2006. « Le premier a été un succès critique donc on m’a demandé de faire un deuxième succès mais public cette fois-ci », explique-t-il. Un tâche plus difficile selon lui car « il y a plus de pression et on est finalement moins libre que le premier qui ne répond à aucune attente ». Ce film a été malgré tout « une fête » pour le réalisateur qui a trouvé exactement ce qu’il cherchait avec l’acteur Laurent Lafitte. « Ça s’est fait très rapidement. Je voulais une vraie famille, qu’on y croit. Une certaine mélancolie qu’il ne montre pas me plaisait en lui ».
Le thème: une fratrie, chaque frère avec des dilemmes amoureux différents, face à un personnage féminin… « Trois problèmes différents, trois personnalités différentes, tous nourris par le tourment, explique Laurent Lafitte qui incarne le personnage d’Antoine. C’est une mélancolie due aux circonstances, elle n’est pas névrotique ».
Tous deux se disent heureux d’être à La Réunion avec ses beaux paysages comme « le piton » et « la forêt de Tamarins » évoquant également sa culture riche et sa population éclectique.
« Ici, la France est à la hauteur d’elle-même«
Des choses qui ont aussi touché Abd Al Malik, rappeur, écrivain et maintenant réalisateur. Sa première fois à La Réunion il y a quelques années a été un « choc positif ». « On voit le vivre ensemble, cette belle laïcité. Ici la France est à la hauteur d’elle-même, affirme l’artiste dont les œuvres tournent autour du sujet du racisme et de l’identité ethnique en métropole. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problème, j’ai vu que la jeunesse demandait certaines choses mais la construction identitaire de La Réunion est belle ».
Son film, Qu’Allah bénisse la France, est une adaptation de son livre autobiographique. « Je ne parle pas de ce que je ne connais pas », affirme-t-il. Le film raconte l’histoire de Régis (le vrai prénom d’Abd Al Malik) incarné par Marc Zinga, enfant d’immigrés surdoué élevé par sa mère catholique dans une cité de Strasbourg. « C’est un jeune homme qui connaît un mal-être et qui sera sauvé par l’amour et la spiritualité », explique Marc Zinga.
Ce premier film est pour le réalisateur une synthèse de tous les arts. Il a donc pu y concentrer ses multiples talents. « Le cinéma contient tous les autres: l’art, la poésie, les images, la musique… C’est comme un carrefour, un aboutissement ».
La raison pour le tournage en noir et blanc? « C’est un hommage rendu au cinéma », termine-t-il.
Les deux long-métrages figurent parmi six films en compétition pour trois prix: l’Orchidée d’Or du meilleur film, l’Orchidée d’argent pour le Prix du public et l’Orchidée de bronze pour le Prix du jury jeune.
Brice Cauvin sur son deuxième film:
Brice Cauvin et Laurent Lafitte:
Abd Al Malik sur « la belle laïcité » de La Réunion: