
Où allons-nous ?
Je suis une maman comme beaucoup d'autres. Une maman qui travaille et qui a deux enfants. Une maman qui doit gérer une maison et faire face aux aléas de la vie... Mon fils est en souffrance psychique. Il est en grande difficultés à l'école. Je le sens malheureux, perdu, ne sachant comment affronter la vie et ces difficultés. La souffrance est quotidienne, un mal dont on ne guéri que très difficilement. Un tunnel où il n’y aura peut être jamais de lumière, mais dans lequel vous devez avancer. Avancer et chercher à tâtons. Avancer pour essayer de trouver des moments de sourires, des petits moments de bien-être avec les autres. Nous sommes une famille modeste et les difficultés ne manquent pas. Mais la condition de mon fils mettait notre famille en danger. Je ne savais plus quoi faire. Nous voulions trouver la paix et nous avions besoin d’aide.
C'est comme cela que nous nous sommes retrouvés mon fils, ma fille et moi au CHU de St-Pierre pour rencontrer un pédopsychiatre. Nous arrivons au rendez-vous et découvrons une maison individuelle. On y trouve la secrétaire dans un petit conteneur qui se juxtapose. Ici pas de riche service hospitalier. Non, nous sommes ici chez le parent pauvre de l'hôpital, ça se voit immédiatement. Nous sommes pourtant dans un milieu destiné à la souffrance psychique. Mais qu’à cela ne tienne mieux vaut un lieu en mauvais état que rien du tout ! Et je vais découvrir un service d'une importance capitale. Ici, les gens travaillent avec les enfants, pour les enfants et leur famille : agressions sexuelles, violences et conflits familiaux, viols, comportement scolaire…
Ils vont pouvoir nous aider, nous allons avancer sur le fils de nos difficultés.
Les mois passent. Au fils des rendez-vous, le travail que nous mettons en place s'avère être très efficace pour mon fils et pour nous tous. Nous arrivons petit à petit à comprendre comment faire face à nos difficultés. Nous ne sommes plus seuls face au monde. Il y a des oreilles pour nous écouter, des bouches pour nous expliquer et notre force à tous pour travailler et avancer. C’est un travail de longue haleine, fait de tous petits pas, un travail de chaque instant qu’il ne faut surtout pas lâcher.
Mais voilà qu’à notre dernier rendez-vous on me signale que le CMPEA (centre médico-psychologique pour enfants et adolescents) du CHU de St-Pierre va déménager. A partir de juin, il n'y aura peut être plus de téléphone joignable. Plus de locaux. Ils ne savent pas où l’administration a décidé de les déplacer. Pas de local prévu pour un prochain déménagement. Mais comment cela est-ce possible ? Où vais-je aller avec mes enfants? Qui va continuer à m’aider ?
Je me sens abandonnée, puis très fâchée. Alors je cris haut et fort que ce n’est pas normal... qu’on ne peut pas nous laisser comme ça, ma famille et moi ! Nous avons besoin d’eux, besoin d’aide!
Je comprends plus tard que les médecins eux-mêmes n’y peuvent rien. Ils ont une hiérarchie qui décide, une pyramide de chefs, un monticule de décideurs. Et comme dans un de ces vieux films de science-fiction, je réalise qu’il y a les gens d’en bas (nous et l'équipe de soins) et les gens de tout là-haut, qui décident sans savoir, sans connaître.
Mais alors, qu'allons-nous devenir ? Mon fils, moi, ce mal de vivre, et tout ce travail accompli, ces progrès réalisés qui se verront très prochainement mis à néant ? Retour à la case départ ? Non s’il vous plait, c’est le cœur d’une mère qui parle. Et tous ces autres enfants meurtris par la cruauté d’un monde si difficile... Que vont-ils devenir ? Avons-nous si peu d’humanité en nous qu’aujourd’hui le marketing de la santé passerait avant la santé de nos enfants ?
Des enfants sans défense, aux mains des adultes, aux mains de nous tous, ou juste aux mains des décideurs ?
Le monde ne tournerait-il pas un peu sur la tête ? Il ne tourne plus rond ? C’est mon sentiment de maman, de femme au travail, un sentiment que beaucoup de monde ressent autour de moi. Mais que sommes-nous devenus ? Notre société si bien organisée, si belle dans ces gestes d’entraide, dans cette répartition des biens, afin d’affirmer notre séparation d’avec le monde animal, d’affirmer notre soutien pour les plus faibles, de donner les moyens à chacun de pouvoir progresser dans son chemin de vie. Une redistribution des cartes qui permet au mauvais jeu de pouvoir participer tout de même à ce monde, parce que tout le monde a droit à sa place. Tout cela serait-il derrière nous ? Une société qui ne s’occupe pas correctement de ses enfants est une société malade.
Alors je m’adresse à vous les politiciens, à vous les administrateurs d’hôpitaux : n’oubliez pas nos enfants, ne nous oubliez pas.
Isabelle une maman de St-Pierre
Je suis une maman comme beaucoup d'autres. Une maman qui travaille et qui a deux enfants. Une maman qui doit gérer une maison et faire face aux aléas de la vie... Mon fils est en souffrance psychique. Il est en grande difficultés à l'école. Je le sens malheureux, perdu, ne sachant comment affronter la vie et ces difficultés. La souffrance est quotidienne, un mal dont on ne guéri que très difficilement. Un tunnel où il n’y aura peut être jamais de lumière, mais dans lequel vous devez avancer. Avancer et chercher à tâtons. Avancer pour essayer de trouver des moments de sourires, des petits moments de bien-être avec les autres. Nous sommes une famille modeste et les difficultés ne manquent pas. Mais la condition de mon fils mettait notre famille en danger. Je ne savais plus quoi faire. Nous voulions trouver la paix et nous avions besoin d’aide.
C'est comme cela que nous nous sommes retrouvés mon fils, ma fille et moi au CHU de St-Pierre pour rencontrer un pédopsychiatre. Nous arrivons au rendez-vous et découvrons une maison individuelle. On y trouve la secrétaire dans un petit conteneur qui se juxtapose. Ici pas de riche service hospitalier. Non, nous sommes ici chez le parent pauvre de l'hôpital, ça se voit immédiatement. Nous sommes pourtant dans un milieu destiné à la souffrance psychique. Mais qu’à cela ne tienne mieux vaut un lieu en mauvais état que rien du tout ! Et je vais découvrir un service d'une importance capitale. Ici, les gens travaillent avec les enfants, pour les enfants et leur famille : agressions sexuelles, violences et conflits familiaux, viols, comportement scolaire…
Ils vont pouvoir nous aider, nous allons avancer sur le fils de nos difficultés.
Les mois passent. Au fils des rendez-vous, le travail que nous mettons en place s'avère être très efficace pour mon fils et pour nous tous. Nous arrivons petit à petit à comprendre comment faire face à nos difficultés. Nous ne sommes plus seuls face au monde. Il y a des oreilles pour nous écouter, des bouches pour nous expliquer et notre force à tous pour travailler et avancer. C’est un travail de longue haleine, fait de tous petits pas, un travail de chaque instant qu’il ne faut surtout pas lâcher.
Mais voilà qu’à notre dernier rendez-vous on me signale que le CMPEA (centre médico-psychologique pour enfants et adolescents) du CHU de St-Pierre va déménager. A partir de juin, il n'y aura peut être plus de téléphone joignable. Plus de locaux. Ils ne savent pas où l’administration a décidé de les déplacer. Pas de local prévu pour un prochain déménagement. Mais comment cela est-ce possible ? Où vais-je aller avec mes enfants? Qui va continuer à m’aider ?
Je me sens abandonnée, puis très fâchée. Alors je cris haut et fort que ce n’est pas normal... qu’on ne peut pas nous laisser comme ça, ma famille et moi ! Nous avons besoin d’eux, besoin d’aide!
Je comprends plus tard que les médecins eux-mêmes n’y peuvent rien. Ils ont une hiérarchie qui décide, une pyramide de chefs, un monticule de décideurs. Et comme dans un de ces vieux films de science-fiction, je réalise qu’il y a les gens d’en bas (nous et l'équipe de soins) et les gens de tout là-haut, qui décident sans savoir, sans connaître.
Mais alors, qu'allons-nous devenir ? Mon fils, moi, ce mal de vivre, et tout ce travail accompli, ces progrès réalisés qui se verront très prochainement mis à néant ? Retour à la case départ ? Non s’il vous plait, c’est le cœur d’une mère qui parle. Et tous ces autres enfants meurtris par la cruauté d’un monde si difficile... Que vont-ils devenir ? Avons-nous si peu d’humanité en nous qu’aujourd’hui le marketing de la santé passerait avant la santé de nos enfants ?
Des enfants sans défense, aux mains des adultes, aux mains de nous tous, ou juste aux mains des décideurs ?
Le monde ne tournerait-il pas un peu sur la tête ? Il ne tourne plus rond ? C’est mon sentiment de maman, de femme au travail, un sentiment que beaucoup de monde ressent autour de moi. Mais que sommes-nous devenus ? Notre société si bien organisée, si belle dans ces gestes d’entraide, dans cette répartition des biens, afin d’affirmer notre séparation d’avec le monde animal, d’affirmer notre soutien pour les plus faibles, de donner les moyens à chacun de pouvoir progresser dans son chemin de vie. Une redistribution des cartes qui permet au mauvais jeu de pouvoir participer tout de même à ce monde, parce que tout le monde a droit à sa place. Tout cela serait-il derrière nous ? Une société qui ne s’occupe pas correctement de ses enfants est une société malade.
Alors je m’adresse à vous les politiciens, à vous les administrateurs d’hôpitaux : n’oubliez pas nos enfants, ne nous oubliez pas.
Isabelle une maman de St-Pierre