Hier, à Gillot, un homme de nationalité belge a présenté un contrat de travail en guise de motif impérieux. Pas de chance: l’agent de la PAF a vérifié, appelant le chef d’entreprise, qui ne connaît son prétendu employé ni des lèvres, ni des dents.
Acculé, le voyageur a avoué avoir produit un faux et avoir voulu rejoindre sa petite amie sur l’île. Il a passé la nuit dans les locaux de la PAF, en garde à vue.
Le prévenu n’ayant pas demandé de délai pour préparer sa défense, il était jugé cet après-midi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis pour faux et usage de faux, et encourait 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende.
La procureure, qualifiant son comportement d' »égoïste » a requis 4 mois de sursis et 1000 euros d’amende. Quant à l’association Coopération Humanitaire – qu’il a prétendu rejoindre – a demandé 1000 euros de dommages et intérêts.
« Il a tout simplement voulu faire une formation »
Mais son histoire illustre la dure réalité derrière cette pandémie et comment elle affecte profondément la vie de tous. Ce Belge 32 ans qui travaille surtout dans l’humanitaire, soutient également ses parents. Au chômage depuis décembre 2020 à cause de la crise sanitaire, il ne gagne que 650 euros de l’Etat mais a à sa charge un loyer de 750 euros pour ses parents et lui-même. Il prévoyait de suivre une formation à La Réunion où habite sa copine pour pouvoir trouver un nouvel emploi.
Sa défense, assurée par Me Henri Moselle, demandait de ne pas faire de « ce simple cas administratif », un cas exemplaire. « Il a tout simplement voulu faire une formation », a plaidé son avocat, d’autant que son client possède un casier vierge.
Le voyageur au motif bidonné a déclaré qu’il n’a pas voulu être égoïste. « En ce moment on ne peut rien faire en Belgique. J’ai fait mon test PCR, qui était négatif, avant de partir. Et j’allais faire ma septaine », a-t-il plaidé sa cause avant de fondre en larmes dans le box.
Mais soulagement à l’annonce de sa peine : 650 euros d’amende. En « prenant en compte les circonstance qui (le) dépassent » et afin de « replacer tout cela dans ses justes proportions », les magistrats ont opté pour une peine plus clémente.