Comme tous les sites sensibles de France, le tribunal de Grande instance de Saint-Pierre est étroitement gardé par des policiers formés aux règles du plan Vigie-Pirate renforcé. Aussi leur sang n’a-t-il fait qu’un tour en constatant qu’un gros sac poubelle avait été déposé juste devant l’entrée du public, petite porte métallique au bout de laquelle les arrivants passent sous le portillon anti-métaux réglementaire.
Le portail est ouvert au public à partir de 8 heures, mais ce n’est qu’au bout d’une vingtaine de minutes que le colis douteux fut aperçu, en raison de l’afflux de visiteurs bouchant la vue sur la rue.
Le gros sac noir était exactement face à l’entrée, au bord de la chaussée de la rue Archambaud.
Ni une ni deux, l’un de ses factionnaires avertit sa hiérarchie, laquelle dépêche aussitôt sur les lieux une de ses patrouilles pour de plus amples renseignements. Le haut du sac n’est pas ficelé et, le vent sudiste aidant, les policiers se rendent vite compte qu’il ne s’agit que d’un sac plein de feuilles mortes et autres détritus, canettes vides, barquettes gommatées, papiers sandwiches vides… le tout-venant d’une société de consommation cultivant la saleté et le m’en-foutisme.
Coup de téléphone rapide pour décommander le NEDEX, organisme chargé de détruire les colis suspects.
Renseignements pris, il s’agit d’un sac poubelle négligemment abandonné par les équipes de nettoyage matinales. Le Procureur est entré dans une sainte colère car les ordres sont formels : on n’abandonne RIEN devant le tribunal. L’explication, navrante, est que les sociétés avec lesquelles la commune sous-traite le balayage matinal n’ont absolument pas passé la consigne à leurs équipes.
Il y a du gros procès-verbal dans l’air. La bonne nouvelle est que cet incident a prouvé la rapidité de réaction de nos effectifs de police.