Suite à une plainte d’un gérant de station-service, de forts soupçons de racket ont en effet plané sur le président de KFA. Accompagné d’un autre Portois connu pour des faits similaires et récemment condamné à une lourde peine, Willy Incana aurait pris l’habitude, depuis de longs mois, d’empocher des sommes versées sous la pression et la menace par différents commerçants de l’île et, notamment de gérants de stations-service. Parmi eux, une victime présumée aurait subi un préjudice évalué à 19.863 euros.
Les co-auteurs auraient encaissé les sommes rackettées sur le compte de leur association respective. Par chèque ou en espèces, ils échangeaient leurs services de surveillance et de sécurité contre des mensualités. Différents commerçants auraient accepté de payer leur dû, un peu moins de 1000 euros mensuels, sous la contrainte. Si certains se sont fait connaitre, d’autres victimes pourraient désormais libérer leur parole.
C’est en observant ce petit manège que les enquêteurs de la brigade financière ont constaté des mouvements financiers étranges sur le compte de KFA. Selon nos informations, l’association disposerait d’une trésorerie très importante. Des sommes en cash seraient retirées fréquemment et notamment après la récupération du montant des extorsions fraichement déposé. Willy Incana est également soupçonné d’utiliser les fonds de KFA pour un usage personnel. Pourra t’il justifier les 131 000 euros sortis du compte par l’association sans raison valable?
Face à ces faits, le mis en cause a reconnu s’accorder « certaines largesses ». Après avoir perquisitionné son domicile ainsi que les locaux de l’association, plusieurs membres de KFA ont été auditionnés ce mardi, certains ayant un titre sans en occuper la fonction, comme par exemple le trésorier.
Certaines missions effectuées par KFA dans le domaine de la sécurité privée sont examinées à la loupe par les enquêteurs. Des actions de médiation sociale s’apparenteraient à des contrats plutôt réservés à des agences de sécurité ayant un agrément et des qualifications que KFA ne possède pas.
Ce mercredi après-midi et à l’issue de 48 heures de garde à vue, le Portois a été présenté à un juge d’instruction désormais en charge de la poursuite des investigations. Willy Incana a été mis en examen pour extorsion de fonds et abus de confiance.
Au moment d’argumenter en faveur de sa mise sous contrôle judiciaire pour éviter de la préventive, Willy Incana, visiblement très affecté à exprimé son souhait de conserver sa liberté : « Sinon, je vais tout perdre : ma stabilité et ma famille. »
Le parquet a rappelé le statut du mis en examen qui est agent des routes pour la Région. A ce titre, il dispose d’un « salaire confortable », a indiqué la représentante du parquet, décrivant les méthodes d’« un voyou ancré dans la délinquance » pour lequel une incarcération provisoire est souhaitable afin notamment de « laisser les langues se délier. Le laisser en liberté lui laisserait un sentiment d’impunité », a conclu le ministère public.
En attendant les suites de l’affaire, la juge des libertés et de la détention a ordonné un placement en détention provisoire.