Parmi ces personnes, des jeunes et moins jeunes très éloignés de l’emploi, d’autres plus aptes à décrocher un travail, mais aussi une poignée d’ entrepreneurs et d’indépendants salariés qui perçoivent tous le RSA. Comme pour les 18 autres territoires tests de l’Hexagone, il s’agit là d’avoir une palette représentative de la population qui ne travaille pas à La Réunion.
“Ce n’est pas du travail déguisé”
Concrètement, les participants à l’expérience devront effectuer 15 à 20 heures d’activité autour de l’analyse du marché du travail, leur projet professionnel, les techniques de recherche d’emploi et les moyens pour atteindre leurs objectifs. Pour les accompagner, ils bénéficient d’un conseiller dédié, plus disponible, pour construire avec eux ce parcours de découverte du marché de l’emploi et obtenir les codes pour y accéder.
Ils seront suivis au plus près dans leur programme co-établi par l’un des conseillers référents Pôle emploi qui auront à gérer 50 bénéficiaires contre environ 300 d’ordinaire.
“On veut faire du sur-mesure. L’idée, c’est de les accompagner de façon différente et beaucoup plus intensive pour faire en sorte que ceux qui sont le moins éloignés de l’emploi retrouvent le chemin du travail et que les plus éloignés s’en approchent “, explique Angélique Goodall, directrice du Pôle emploi de La Réunion, qui souligne : “J’insiste beaucoup pour dire que ce n’est pas du travail déguisé. Vraiment pas.”
Outre la pose d’un diagnostic, cette proximité avec les personnes suivies doit permettre de lever un à un les entraves à l’insertion professionnelle de chacun, conjointement avec le Conseil départemental et les structures sociales, explique Angélique Goodall.
L’intérêt du déploiement du dispositif sur différents territoires est aussi de constater les spécificités de chacun d’entre eux. Certains points ont été mis en évidence en amont de l’expérimentation. L’île compte un volume beaucoup plus conséquent que d’autres en matière de chômeurs, de fortes problématiques en matière d’adéquation des personnes aux besoins du marché, un taux d’illettrés chez les bénéficiaires du RSA en plus grande proportion que d’autres territoires, “ça veut dire aussi que notre accompagnement sera certainement plus long que dans d’autres territoires”, commente la directrice régionale.
Avec un taux de chômage de 17,2% sur l’île, les autres territoires ont aussi proportionnellement des besoins de main d’œuvre plus forts qu’à La Réunion.
Sur le département, les services de Pôle emploi identifient par ailleurs trois freins majeurs à l’emploi. Ces sur ces difficultés récurrentes chez les bénéficiaires de RSA de l’île que les différents acteurs du dispositif vont devoir plancher ensemble.
Premier point de blocage, la garde d’enfant, qui impacte plus particulièrement les Réunionnaises : “On manque cruellement de places aujourd’hui. On est en train de travailler avec des structures”, indique Angélique Goodall. Les acteurs de France Travail oeuvrent ici à obtenir des places réservées pour les personnes en recherche d’emploi qui seraient en formation ou en début de contrat.
Le second frein constaté est celui de la mobilité, facteur déterminant pour l’accès à l’emploi sur l’île. La problématique est d’ailleurs bien perceptible sur la zone de Trois Bassins. Là-dessus, “on va travailler avec les collectivités pour essayer de trouver des systèmes de transport en commun, covoiturage (…), offrir le permis de conduire dans le cadre de la formation”, ajoute-t-elle.
Enfin, les Réunionnais les plus éloignés de l’emploi manquent souvent de qualifications. Sur cette problématique, le Pôle Emploi entend, parmi les leviers possibles, engager davantage les entreprises volontaire en les encourageant à accepter un profil qui n’est pas en adéquation directe avec leur recherche et à faire le choix d’investir dans la formation du salarié.
L’an prochain sonnera l’heure du bilan et du réajustement du dispositif. Une fois France Travail déployé à grande échelle “on ne pourra pas accompagner 96.000 personnes” de la même façon que 2200 personnes, mais l’accompagnement mené conjointement par les différents acteurs se voudra plus fort pour chacun des bénéficiaires de RSA vers l’emploi. Pour une année de test, le Département a bénéficié de 900.000 euros de budget alloué par l’Etat.