Le 15 novembre 2017 dans son appartement à Sainte-Suzanne, le corps sans vie de Patrice Antony, jeune homme de 34 ans, est retrouvé adossé à un canapé, la tête en arrière. La victime est méconnaissable, elle a été battue à coups de poing, de pied, et de chaise. Sa cage thoracique, son cou et son visage sont les plus touchés. Patrice Antony mourra asphyxié à cause de multiples fractures et une compression cérébrale.
Ce soir-là, le voisinage témoigne de l’arrivée d’individus, ainsi que de bruits, ce qui permettra de retrouver les auteurs. Ils sont au nombre de quatre dont un mineur âgé de 14 ans. Marius Reboul, Jérôme Frazia et Kevin Técher et le mineur partent d’abord s’en prendre à une famille, à la demande de Marius Reboul qui avait un différend avec le père. Et pour rendre la pareille, Marius Reboul et ses deux acolytes avaient accompagné Jérôme Frazia plus tard dans son expédition punitive chez Patrice Antony. La raison : il aurait « dragué sa copine » et ce, selon les dires de Kevin Técher qui les accompagne.
Depuis 2 jours, les trois acolytes, s’ils reconnaissent les faits, estiment « qu’ils étaient tous ensemble ». Ils prétendent également tous les trois que la victime était toujours vivante au moment de leur départ. L’expert toxicologique est formel, ils étaient tous les quatre sous effet au moment des faits. Lors de son interrogatoire, Kevin Técher dira : « il était amoché à mort, gonflé, ouvert de partout ». Cela laisse imaginer la violence et la barbarie de la scène.
Entre 8 et 20 ans de prison requis
Mis en examen pour violence ayant entraîné la mort, les trois accusés risquaient une peine de 20 ans de prison. Ce vendredi matin, l’avocate générale avait requis cette peine maximale pour Jérôme Frazia, Marius Reboul et 8 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Kevin Técher.
« Il y avait des projections de sang jusqu’au plafond, imaginez la violence des coups ! Ils ne lui ont laissé aucune chance de s’en sortir ! Qui a fait quoi ? Peu importe ils sont ensemble pour augmenter l’intensité des violences pendant 20 très longues minutes« , a affirmé l’avocate générale.
Les accusés n’ont toujours pas pris conscience de la gravité de leurs actes
Elle déplore la gravité des faits reprochés: « L’horreur est finalement et malheureusement humaine ! Vous avez la mission noble et difficile de les juger aujourd’hui ! Ce n’est pas un reportage, ni une fiction mais la réalité. Ces faits sont particulièrement gravissimes. C’est un déchaînement de violence et de folie. »
L’avocate générale s’insurge par ailleurs: « Ce qui m’inquiète, c’est qu’aucun d’entre eux, trois ans après les faits, n’ait pris conscience que c’est l’ensemble de leurs coups qui ont entraîné la mort de la victime ! On est encore loin d’une véritable réflexion de leur part… »
Après trois jours d’audience, le procès des trois accusés à l’initiative de cette expédition punitive ayant trouvé son épilogue par le décès de Patrice Antony, aura mis en exergue les responsabilités de chacun mais surtout la cruauté sans limite dont ils ont fait preuve. Il convient de noter l’excellent exposé des faits lors des réquisitions de l’avocate générale, Mme Fontaine, qui a brillamment défendu les intérêts de la société. En dernier lieu, si les trois accusés s’excusent, Marius Reboul indique tout de même ne pas comprendre « pourquoi on veut me faire passer pour un bouc émissaire »
Après délibération, la cour d’assises condamne Marius Reboul à 19 ans de réclusion criminelle, Jérôme Frazia à 17 ans et Kevin Técher à 7 ans d’emprisonnement.