Les cinq Bénédictins du chemin Batardeau étaient devant la barre de la cour d’appel ce jeudi. Les prévenus, dont quatre sont toujours incarcérés, ont dû à nouveau répondre des faits du 29 novembre 2015. En avril dernier, ils avaient été condamnés à payer 40.000 euros de dommages et intérêts et des peines de 4 ans (dont 2 avec sursis) à 5 ans (dont un avec sursis) pour violences aggravées alors que le procureur avait requis entre 5 et 10 ans. Le parquet avait donc fait appel. « Cette affaire aurait pu être jugée aux assises », affirme le procureur de la cour d’appel, avant de rappeler leurs « parcours délinquants » et les faits qui pourraient être confondus avec une tentative d’homicide.
Des faits qui ressemblent à ce qui arrive trop souvent entre rivaux d’un même quartier. Mais pour la victime, qui a depuis une incapacité permanente de 23 à 47% selon les médecins et un œil qui ne fonctionne plus. Bryan Pausé, ancien champion d’arts martiaux ne s’entendait plus avec cette bande. La veille, une dispute éclate car il aurait endommagé la voiture de Giovanni Oulédie, 24 ans, l’un des prévenus, jugé le plus énervé du groupe malgré son handicap mental. À cela s’ajoute une histoire de vol de sacoche, des coups de pression pour acheter le chien de Bryan Pausé, bon chasseur, et une baston avec le jeune de la bande, Mathieu Cerveaux, mineur à l’époque, qui comparaissait librement…
Et voilà que toute une meute – les frères Sitouze, demi-frères de Mathieu Cerveaux, ainsi que Michel Daou, accompagnés de Giovanni Oulédie et Mathieu Cerveaux – débarque chez la victime le lendemain, armée d’un fusil de chasse. Six coups de fusil sont entendus. Les tireurs sont les frères Sitouze et Michel Daou. Un coup de fusil tue le chien de la victime ; l’autre l’atteint au visage. Bryan Pausé est transporté en état critique à l’hôpital : 30 jours d’ITT, l’œil gauche pratiquement inutilisable, des troubles psychiques…
Les conflits entre jeunes du quartier ne justifient en rien de « faire justice soi-même », comme l’a indiqué le président d’audience. Mais l’ambiance tendue entre jeunes hommes aux enfances difficiles explique peut-être le verdict du tribunal correctionnel en première instance qui était loin des peines maximales requises par le procureur. En appel, le procureur a donc rappelé leur lourd casier judiciaire et la préméditation avant les faits. Il a requis des peines se situant entre les deux, soit 7 ans de prison et une interdiction de porter des armes pendant 5 ans pour les trois tireurs, et 5 ans dont 2 avec sursis pour Mathieu Cerveaux et Giovanni Oulédie.
La décision sera rendue par la cour d’appel le 8 novembre.