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Exhibitionniste compulsif, mais « pas un prédateur »

Correctionnelle à Saint-Pierre.

Ecrit par Jules Bénard – le jeudi 21 août 2014 à 16H14
Jean-Pierre souffre d’un mal contre lequel il ne peut rien faire : il a besoin, pour se sentir bien, d’exhiber ses parties génitales aux regards féminins ayant la malchance de se trouver sur sa route.
Il va plus loin : il les épie, surveille leurs allées et venues, caméra en main pour filmer ses exploits. Ce qui lui a déjà valu d’être condamné plusieurs fois, mais rien n’y fait. Il a également subi les foudres de la justice pour usage de zamal et conduite sous influence éthylique.

Dernières prestations en date : le 16 juillet à Saint-Pierre, toujours dans ses théâtres d’opérations favoris que sont les jardins de la plage et le parking du Conservatoire Jules-Joron. Technique bien rôdée, il s’approche de voitures où se trouvent des femmes seules et leur montre largement ses roubignoles tout en filmant le regard de ses cibles.

Même soir, un peu plus tard, il avise une femme accroupie, se soulageant derrière un buisson. Ni une ni deux, il passe la main dans cette chute de reins qui lui semble avenante. Et ne va pas plus loin.
Encore plus tard, une silhouette féminine se presse sur les trottoirs de la ville. Jean-Pierre la suit sans se cacher. La voyant entrer dans un petit hôtel, il escalade un mur, entre à son tour et la piste jusque dans les toilettes, la filme pendant qu’elle prend sa douche. La victime, qui a dû avoir la peur de sa vie, croyant sa vertu en fin de vie, n’a pas subi d’autre dommage.

Toutes ces dames et demoiselles ont donné sa description précise à la police qui n’a eu aucun mal à alpaguer l’inquiétant personnage.
A la barre, l’homme admet tout, sauf avoir insulté une de ses victimes qui affirme haut et fort le contraire. Il reconnaît sa pathologie et même, est demandeur de soins. Sa famille est au courant ; sa compagne le sait ; son frère le sait. Tous n’ont jamais cessé de le soutenir car c’est de ça dont il a besoin. Il a eu plusieurs suivis médicaux, même en-dehors de toute prescription.
Il nie s’être jamais masturbé, ni avoir eu d’érection. Son pied, c’est uniquement dans sa tête qu’il le prend.
Un des psychiatres confirme la pathologie, les troubles remontant à son adolescence s’étant aggravés à l’âge adulte : tendances au voyeurisme (la caméra), forte propension à l’exhibitionnisme, fétichisme, faiblesse des inhibitions lui interdisant de s’arrêter à temps. Le praticien juge toutefois Jean-Pierre « non dangereux ».

Le suivi médical lui a permis, de longs mois durant, de ne plus se laisser aller mais des déboires familiaux « ont fait que ma faiblesse a repris le dessus ; mais je ne suis pas un prédateur, madame la présidente ! » affirme-t-il avec force.
En 2012, alors qu’un autre praticien affirmait que son état ne présentait plus de nécessité de suivi, Jean-Pierre a quand même été traité, volontairement cette fois.
Le procureur Saunier a mis en avant la dangerosité de l’accusé en raison de la répétition des actes délictueux, de leur montée en puissance, parallèlement à l’impuissance de la justice à y mettre un terme jusqu’à présent.
« Quand va-t-il alors passer à l’acte ? » s’est-il demandé avant de réclamer des peines très sévères, de 3 à 4 ans de prison ferme.

La tâche de Me Nathalie Pothin relevait de Mission Impossible ! Brillante, la jeune avocate s’est attachée à démolir « l’image de monstre que l’on vous donne de cet homme ».
« Il faut essayer de comprendre ce malade. Il admet, il reconnaît, il réclame votre aide ». Mettant en avant le fait que l’accusé est le seul à faire vivre toute une famille, la défenderesse a expliqué que Jean-Pierre aurait besoin de soins tout au long de sa vie et que ça, déjà, était une peu enviable punition : « Une sanction carcérale sera-t-elle plus efficace que le fait qu’il soit entouré par une famille qui l’aime et le soutient, le suit, l’entoure ? »

Des paroles très fortes qui ont sans doute emporté la conviction de la Cour : 2 ans dont 15 mois avec sursis. Etant donné les mois de cachot déjà effectués, l’homme devrait vite recouvrer sa liberté. Il devra se faire suivre médicalement et indemniser ses victimes. Bravo l’avocate !

 

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