Mais son inscription sur les listes électorales dans le cadre des élections municipales à Saint-Louis avait attiré l’attention de l’ordre des experts-comptables de La Réunion. Il s’y présentait en tant qu’expert et avait reçu une mise en garde en 2016. A cette époque, le sexagénaire avait l’intention de passer une équivalence afin d’obtenir le sésame pour exercer en toute légalité. Mais élu et désigné comme adjoint aux finances, il avait abandonné le projet.
« On m’avait donné une feuille de route. Il fallait redresser la barre puisque la commune affichait un déficit à l’époque de dix millions d’euros », détaille le prévenu face aux magistrats de la cour d’appel ce jeudi. Condamné en première instance par le tribunal de Saint-Pierre et relaxé pour les faits de travail dissimulé qui lui étaient également reprochés, Serge L. était rejugé suite à un appel du parquet. Quant à l’exercice illégal de la profession d’expert-comptable qu’il avait d’ailleurs reconnu, il avait écopé de 8 mois de prison avec sursis, 15.000 euros d’amende et l’obligation de verser 10.000 euros à l’ordre des experts-comptables en réparation du préjudice moral.
A la barre du prétoire, le sexagénaire, épaulé par les conseils du bâtonnier Me Djalil Gangate, a confirmé avoir redressé les finances de la commune de Saint-Louis et appuyé ainsi sur le fait que ses preuves dans le domaine n’étaient plus à faire. Quant à son entreprise, celle-ci a été placée sous administration judiciaire et dernièrement cédée pour 37.000 euros. « Mon client qui a oeuvré pendant 20 ans n’en a récupéré que 25% », précise la robe noire, indiquant que son client avait ainsi été suffisamment sanctionné.
Pour l’avocate générale, « dissimulation d’activité » implique forcément travail dissimulé. 8 mois de prison avec sursis ont été requis ainsi que la confiscation des sommes saisies sur les comptes bancaires et l’assurance-vie provenant de l’infraction. A cela, il faut ajouter une interdiction de gérer et d’exercer en tant que conseil pendant 10 ans, la confiscation du véhicule et 40.000 euros d’amende.
En défense, le bâtonnier du sud a plaidé pour une nouvelle relaxe en ce qui concerne le travail dissimulé : « il n’y a jamais eu dissimulation d’activité puisque toutes les recettes, même celles qui provenaient de l’exercice illégal, ont été déclarées ». Son client vit désormais des minima sociaux.
La cour s’est donnée jusqu’au 17 novembre pour se prononcer.