La plainte contre Yann Le Febvre et Exsel ne manquera pas d'intriguer le Procureur de la République Eric Tuffery, tant les faits sont troublants, et les pièces accablantes. La plainte est déposée par l'ensemble des six salariés, la seule signature absente étant celle du président de CPM Ducrot, Georges Ah-Yionne, qui a perdu la confiance des salariés, pour qui il n'est qu'un "homme de paille".
CPM Ducrot, entreprise d'agencement de bureaux, est située à Cambaie, non loin de la future éco-cité. Elle a été rachetée en 2008 par Yann Le Febvre, qui est à la tête de la holding Exsel, pieuvre aux multiples tentacules, dont (bientôt feu) CPM Ducrot. Yann Le Febvre est surtout connu sur l'île pour être, via Exsel authentic hotels, propriétaire des principaux hôtels 3 étoiles de l'ouest. Exsel avait un temps prévu de construire un grand hôtel au Maïdo, projet abandonné pour d'obscures raisons. Il est aussi propriétaire du célèbre Coco Beach, dont le matériel, après démontage de la paillote, a été entreposé chez CPM Ducrot quelques mois.
En mars 2011, la société CPM Ducrot est placée en redressement judiciaire, un plan de redressement sur 10 ans est adopté en février 2012, sous la houlette de Maître Badat, qui, suite à sa condamnation en justice, est succédé par Maître Franklin Bach, désormais commissaire de l'exécution du plan. CPM Ducrot est en cessation de paiement depuis août 2017, nous affirme Me Bach: aucun créancier n'a été payé depuis lors. L'activité n'a pas pour autant cessé, les salariés travaillant à temps plein, et le carnet de commandes pour 2019 étant fort rempli: quelque 217 000€ hors-taxes de contrats signés.
D'étranges virements entre sociétés du groupe
"Depuis que nous sommes en redressement judiciaire, le compte de CPM Ducrot était géré à flux tendu, tout bénéfice disparaissait on ne sait où. Il restait sur le compte tout juste de quoi payer nos salaires et faire fonctionner la boîte à minima", nous affirme l'un des travailleurs. Nous avons en effet pu constater que des virements au bénéfice de la holding ont été effectués depuis la cessation de paiement, pour une coquette somme à cinq zéros.
Interrogé sur ces étranges virements, Me Bach nous donne l'explication qu'il a reçue de Yann Le Febvre: il s'agirait des loyers de la CPM Ducrot versés à Exsel Aménagement. Soit des loyers qu'une de ses sociétés aurait versés à une autre de ses sociétés, qui elle-même appartient à la holding Exsel. Le bâtiment qu'occupe CPM Ducrot a été vendu en septembre 2018, avec à la clef une très belle plus-value pour le groupe Exsel (selon nos informations, le bâtiment, vendu 1,5M€ est de nouveau en vente, au prix de 2,3M€).
Yann Le Febvre n'est plus à la tête de CPM Ducrot depuis qu'il en a cédé la présidence à Georges Ah-Yionne en septembre 2016. Mais le 9 novembre 2018, c'est bien M. Le Febvre en personne qui s'est présenté devant l'ensemble des salariés de CPM Ducrot, leur annonçant la prochaine liquidation de l'entreprise. Par la même occasion, il leur a dit que le bâtiment avait été vendu en septembre 2018, et que CPM Ducrot occuperait donc sans titre ses locaux, qu'il fallait donc vider.
Plus qu'étonnés, les salariés ont commencé à s'intéresser de près aux finances de leur entreprise, accumulant des preuves, qu'ils ont fait parvenir au Procureur Eric Tuffery. Fait surprenant, l'ensemble des documents comptables a été enlevé des locaux le 15 novembre, par la comptable d'Exsel Aménagement. En parallèle de la plainte au pénal, la procédure de liquidation semble inéluctable: tout le matériel a été vendu, dans des circonstances étonnantes, pour ne pas dire suspectes. "Au 16 décembre 2018, nous avions 157 000 euros de stock. Le 18 décembre, on nous a interdit de payer les fournisseurs, un de nos clients a même dû payer de sa poche des panneaux de bois, pour les travaux que nous effectuions chez lui, que nous ne pourrons d'ailleurs terminer", affirme un employé.
"L’ensemble de ces faits et recherches nous conduisent à penser que Monsieur Yann LE FEBVRE, aujourd’hui dirigeant de fait de la société CPM DUCROT, a organisé et privilégié le règlement de ses propres sociétés et conduit ainsi à l’insolvabilité de notre structure employeur CPM DUCROT. Nous avons en effet un fort doute sur la légitimité des transactions financières, leur fondement juridique ainsi que sur les objectifs de ces montages complexes marqués de changements réguliers de dénomination sociale, dirigeants, capital, sans changement fondamental de l’actionnaire principal", écrivent les plaignants au Procureur.
Un entretien préalable au licenciement économique ce lundi
Les salariés ont reçu une convocation à un entretien préalable de licenciement économique pour ce lundi 4 février, signée de la main de la Directrice des Affaires Financières d'Exsel, Madame Laurence Parrès. Ce jeudi 6 février, une audience se tiendra au tribunal de commerce, durant laquelle se décidera le sort de la société. Les employés seront épaulés par la CFDT BTP, en la personne de Johny Laguarrigue. "La CFDT BTP soutient les salariés, qui sont sans travail depuis le 18 décembre, soit avant les congés du BTP. Yann Le Febvre leur a enlevé sans concertation leur outil de travail, en toute illégalité", s'insurge le syndicaliste.
Précisons que les salariés ont été prévenus de ce congé un jour avant, contrairement à la loi. Durant les vacances, il leur a été indiqué par courrier qu'il était inutile de se représenter à leur poste de travail le 16 janvier, date de reprise du BTP, or, aucune décision de justice n'a été rendue...
CPM Ducrot, entreprise d'agencement de bureaux, est située à Cambaie, non loin de la future éco-cité. Elle a été rachetée en 2008 par Yann Le Febvre, qui est à la tête de la holding Exsel, pieuvre aux multiples tentacules, dont (bientôt feu) CPM Ducrot. Yann Le Febvre est surtout connu sur l'île pour être, via Exsel authentic hotels, propriétaire des principaux hôtels 3 étoiles de l'ouest. Exsel avait un temps prévu de construire un grand hôtel au Maïdo, projet abandonné pour d'obscures raisons. Il est aussi propriétaire du célèbre Coco Beach, dont le matériel, après démontage de la paillote, a été entreposé chez CPM Ducrot quelques mois.
En mars 2011, la société CPM Ducrot est placée en redressement judiciaire, un plan de redressement sur 10 ans est adopté en février 2012, sous la houlette de Maître Badat, qui, suite à sa condamnation en justice, est succédé par Maître Franklin Bach, désormais commissaire de l'exécution du plan. CPM Ducrot est en cessation de paiement depuis août 2017, nous affirme Me Bach: aucun créancier n'a été payé depuis lors. L'activité n'a pas pour autant cessé, les salariés travaillant à temps plein, et le carnet de commandes pour 2019 étant fort rempli: quelque 217 000€ hors-taxes de contrats signés.
D'étranges virements entre sociétés du groupe
"Depuis que nous sommes en redressement judiciaire, le compte de CPM Ducrot était géré à flux tendu, tout bénéfice disparaissait on ne sait où. Il restait sur le compte tout juste de quoi payer nos salaires et faire fonctionner la boîte à minima", nous affirme l'un des travailleurs. Nous avons en effet pu constater que des virements au bénéfice de la holding ont été effectués depuis la cessation de paiement, pour une coquette somme à cinq zéros.
Interrogé sur ces étranges virements, Me Bach nous donne l'explication qu'il a reçue de Yann Le Febvre: il s'agirait des loyers de la CPM Ducrot versés à Exsel Aménagement. Soit des loyers qu'une de ses sociétés aurait versés à une autre de ses sociétés, qui elle-même appartient à la holding Exsel. Le bâtiment qu'occupe CPM Ducrot a été vendu en septembre 2018, avec à la clef une très belle plus-value pour le groupe Exsel (selon nos informations, le bâtiment, vendu 1,5M€ est de nouveau en vente, au prix de 2,3M€).
Yann Le Febvre n'est plus à la tête de CPM Ducrot depuis qu'il en a cédé la présidence à Georges Ah-Yionne en septembre 2016. Mais le 9 novembre 2018, c'est bien M. Le Febvre en personne qui s'est présenté devant l'ensemble des salariés de CPM Ducrot, leur annonçant la prochaine liquidation de l'entreprise. Par la même occasion, il leur a dit que le bâtiment avait été vendu en septembre 2018, et que CPM Ducrot occuperait donc sans titre ses locaux, qu'il fallait donc vider.
Plus qu'étonnés, les salariés ont commencé à s'intéresser de près aux finances de leur entreprise, accumulant des preuves, qu'ils ont fait parvenir au Procureur Eric Tuffery. Fait surprenant, l'ensemble des documents comptables a été enlevé des locaux le 15 novembre, par la comptable d'Exsel Aménagement. En parallèle de la plainte au pénal, la procédure de liquidation semble inéluctable: tout le matériel a été vendu, dans des circonstances étonnantes, pour ne pas dire suspectes. "Au 16 décembre 2018, nous avions 157 000 euros de stock. Le 18 décembre, on nous a interdit de payer les fournisseurs, un de nos clients a même dû payer de sa poche des panneaux de bois, pour les travaux que nous effectuions chez lui, que nous ne pourrons d'ailleurs terminer", affirme un employé.
"L’ensemble de ces faits et recherches nous conduisent à penser que Monsieur Yann LE FEBVRE, aujourd’hui dirigeant de fait de la société CPM DUCROT, a organisé et privilégié le règlement de ses propres sociétés et conduit ainsi à l’insolvabilité de notre structure employeur CPM DUCROT. Nous avons en effet un fort doute sur la légitimité des transactions financières, leur fondement juridique ainsi que sur les objectifs de ces montages complexes marqués de changements réguliers de dénomination sociale, dirigeants, capital, sans changement fondamental de l’actionnaire principal", écrivent les plaignants au Procureur.
Un entretien préalable au licenciement économique ce lundi
Les salariés ont reçu une convocation à un entretien préalable de licenciement économique pour ce lundi 4 février, signée de la main de la Directrice des Affaires Financières d'Exsel, Madame Laurence Parrès. Ce jeudi 6 février, une audience se tiendra au tribunal de commerce, durant laquelle se décidera le sort de la société. Les employés seront épaulés par la CFDT BTP, en la personne de Johny Laguarrigue. "La CFDT BTP soutient les salariés, qui sont sans travail depuis le 18 décembre, soit avant les congés du BTP. Yann Le Febvre leur a enlevé sans concertation leur outil de travail, en toute illégalité", s'insurge le syndicaliste.
Précisons que les salariés ont été prévenus de ce congé un jour avant, contrairement à la loi. Durant les vacances, il leur a été indiqué par courrier qu'il était inutile de se représenter à leur poste de travail le 16 janvier, date de reprise du BTP, or, aucune décision de justice n'a été rendue...