Il en a marre… Marre de se rendre trois fois par semaine à la CAF, marre de remplir toujours les mêmes papiers, marre de toutes ces « tracasseries administratives ».
Si Philippe Régnier prend une nouvelle fois la parole, « au risque de faire l’objet de nombreuses critiques », devance-t-il, ce n’est « non pas pour se faire plaindre » mais pour dénoncer ce que vivent des centaines de personnes malades qui traversent les mêmes difficultés que lui. « Je ne fais pas un appel au don », assure-t-il, car « pour compléter mes revenus je fais la manche le dimanche ! », lance l’ancien chef de cuisine avec l’humour noir qui le caractérise.
A la suite d’une erreur qu’il ne décèle pas à temps sur sa déclaration d’impôts de 2014, la CAF abaisse son quotient familial, ce qui entraîne la diminution de son allocation aux adultes handicapés, la suppression de la majoration pour la vie autonome et la baisse de son allocation logement. Soit près de 270 euros en moins sur les 515 qu’il touche par mois « ce qui m’oblige à quitter mon logement que je ne peux plus payer et me fait risquer l’interdit bancaire. »
Une situation qui l’éprouve physiquement et moralement à tel point qu’il envisage dans ces moments les plus sombres de quitter l’île pour s’installer à Madagascar. Loin des soucis et « des personnes qui aiment critiquer. »
Simplifier la « paperasse »
Philippe Régnier reproche aux services sociaux leur manque de réactivité, de communication et de coordination qui pèse sur le quotidien de ces personnes qui doivent déjà se battre contre la maladie ou le handicap.
L’homme a d’ailleurs créé son association en 2011 après avoir lui-même traversé l’épreuve d’un cancer qui a nécessité l’ablation de son larynx et de ses cordes vocales. « La voix d’or » est née de cette idée qu’il qualifie lui même d’utopique : vouloir améliorer les lois pour simplifier la « paperasse » et éliminer les aberrations administratives.
Aujourd’hui il tente de venir en aide à ceux qui comme lui se retrouvent face à un mur qui paraît insurmontable. Lui, le sourire et son sens de l’humour, il tente de les garder en toutes circonstances. « La maladie m’a donné un art de vivre, et le handicap une philosophie », explique-t-il. « Par mon action, j’espère non pas donner de l’espoir aux gens, se serait parfois leur mentir, mais leur donner l’envie de se battre. »