Alerte rouge! Voilà le message que la Communauté des professionnels de santé de La Réunion (CPSR) et l’Union Régionale des Médecins Libéraux de l’Océan Indien (URMLOI) ont lancé aux autorités. Dans un courrier adressé à la ministre des Outre-mer, au ministre des Solidarités et de la Santé, au Préfet de La Réunion et à la Directrice de l’ARS de La Réunion, les professionnels de Santé mettent en garde contre la recrudescence de cas importés de Covid-19 depuis la zone Océan Indien. Selon eux, cette situation « risque de compromettre la relative accalmie que nous vivons depuis le déconfinement, en faisant courir un risque épidémique à notre département ».
Le risque vient des pays de la zone OI
Si les deux organismes médicaux considèrent les évacuations sanitaires en provenance de Mayotte comme totalement sécurisées, ils constatent un nombre croissant de cas importés hors des circuits identifiés. Ces derniers viennent « de départements voisins encore en zone orange ou de pays de la zone Océan Indien (Madagascar, Comores …) où la circulation du virus Covid -19 est encore très active ».
Les professionnels de santé affirment que « ces patients sont hospitalisés ou vus en consultation sans précautions de dépistage avant l’embarquement, ou une sérologie qui peut être négative en cas d’infection avérée (défaut de technique ?) et trop souvent à l’arrivée sur notre territoire, il est constaté une absence de consignes ou des consignes erronées en termes de durée d’isolement et de dépistage virologique ». Ils indiquent que ces rapatriements sanitaires, parfois avec des accompagnants, réalisés par des compagnies d’assurance en provenance de Madagascar arrivent sur l’île avec un cadrage sanitaire inexistant ou inadapté et sont vus en consultation sans le respect des mesures de quatorzaine préalables.
Des patients ont été contrôlés positifs cette semaine en provenance de la zone, alors qu’ils étaient hébergés dans leur famille ou chez des amis sans mesures particulières. Ils clament donc que « le risque principal se situe désormais au niveau du flux d’arrivants venus de la zone Océan Indien où la circulation virale reste très active ».
Des solutions proposées
Pour éviter que l’épidémie finisse par prendre réellement à La Réunion, la CPSR et l’URMLOI demandent la limitation du nombre d’évacuations sanitaires de recours au motif strictement nécessaire et urgent ainsi qu’un dépistage systématique du Covid-19 par PCR avant toute évacuation sanitaire organisée par le secteur public ou par les assurances, en vol commercial ou sur avion sanitaire dédié. Lors des hospitalisations, les organismes souhaitent une mise en quatorzaine stricte avec PCR de contrôle à J14 (ou J7 en cas de PCR négative) avant la levée d’isolement. Lors des consultations, ils veulent la mise en quatorzaine stricte avec PCR de contrôle à J14 dans un hébergement, si possible dédié, est indispensable avant la consultation. Cette consultation ne pourra avoir lieu avant J14 de l’arrivée (ou J7 en cas de PCR négative) sur le territoire et la possibilité de faire ces consultations en vidéoconférence si nécessaire.
« Au niveau du département, il est impératif que des règles spécifiques aux arrivées de la zone Océan Indien soient mises en place. Compte tenu de l’actuelle circulation virale dans la zone, nous ne souhaitons pas lever la septaine à partir de juillet comme il est envisagé de le faire pour les passagers en provenance de la métropole », est-il précisé dans le communiqué.
Les deux groupements estiment nécessaire que les vols venant de Mayotte soient limités au strict nécessaire et interrompus pour les autres pays de la zone Océan Indien. Un contrôle strict des rapatriements sanitaires en provenance de Madagascar doit être effectué et la mise en quatorzaine maintenue pour les arrivants de la zone Océan Indien. Des structures d’hébergement doivent être prévues pour ces arrivants, car « l’expérience montre que l’isolement est le plus souvent illusoire dans les familles ». Enfin, le dépistage avant le départ, mais également à J14 avant lever de la quatorzaine, doit être maintenu.
Concernant les voyageurs en provenance de métropole, les préconisations des professionnels de santé sont toujours les mêmes, à savoir un test réalisé 72 heures avant le départ, septaine à l’arrivée sur le département avec limitation de la vie sociale et test à J7. « Il ne s’agit pas, bien évidemment, de paralyser l’île, mais de trouver ensemble les solutions qui permettront d’éviter une catastrophe sanitaire tout en permettant la reprise de la vie économique », tentent de rassurer les professionnels de santé.
La CPSR et l’URMLOI pensent « qu’une rencontre locale avec l’instance de dialogue médicale instaurée depuis le confinement est fortement souhaitable afin d’envisager les organisations nécessaires à la mise en place des mesures de protection pertinentes qui permettront de protéger notre population ».