Quel élu local serait prêt à dire, à une période définie, quel usage il a fait de l’argent public ? Et à quel stade de la mise en place de son programme ou projet, est-il parvenu ? Aucune collectivité locale n’a adopté cette méthode de travail à ce jour, et rares sont les politiques qui ont cette démarche surtout lorsqu’il s’agit de gros chantiers.
Que ce soit le basculement de l’eau de l’Est vers l’Ouest, le tram-train, la nouvelle route du Littoral, le radier du Ouaki ou le pont de la rivière Saint-Etienne, l’état d’avancée des études techniques ou des travaux, les contribuables continuent à payer à travers les collectivités locales sans qu’ils sachent pourquoi. C’est la plupart du temps la presse qui nous permet, à nous concitoyens, de découvrir ce que certains élus ont fait de notre argent.
Il est vrai qu’avec du recul, une évaluation de la politique publique concernant l’ARAST aurait peut-être permis d’éviter le drame humain qu’ont connu l’année dernière, 1.200 familles et des milliers de personnes âgées. De même qu’une évaluation aurait peut-être permis d’anticiper ou de réduire le surcoût de la route des Tamarins ou de comprendre pourquoi le projet de la MCUR est passé de 60 millions d’euros à plus de 100 millions d’euros.
Il est vrai enfin que l’évaluation de la politique publique peut encore sauver l’ADI et inscrire les missions de l’Agence départementale d’insertion dans l’évolution du RMI vers le RSTA ou le RSA.
“L’évaluation de la politique publique a plusieurs objectifs”, selon le Conseil économique et social de La Réunion. “Celle-ci permet :
– d’apprécier les impacts réels des politiques sur la population (amélioration de ses conditions de vie : éducation, santé, sécurité, emploi, logement…) ;
– d’associer et de faire participer les citoyens à l’action publique, de rapprocher l’Administration de ces derniers ;
– de confronter les démarches et procéder à des comparaisons avec d’autres exercices réalisés dans des conditions présentant des similitudes (au niveau régional, au niveau RUP…) ;
– de réorienter les fonds, les reconduire ou les renforcer lorsque les objectifs ne sont pas atteints, d’étayer les choix pour la poursuite ou l’arrêt des politiques conduites…”