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Être ambulancier à la Réunion

Être ambulancier à la Réunion, c’est subir un patron qui cherche a gagner toujours plus à moindre frais. C’est-à-dire, rouler avec une ambulance (bien grand mot, car souvent une épave roulante) peu ou pas équipée. Lorsque l’employé à le malheur de demander du matériel (masques à oxygène, gants, gel désinfectant, draps à usage unique), ce […]

Ecrit par zinfos974 – le mardi 23 décembre 2014 à 09H45

Être ambulancier à la Réunion, c’est subir un patron qui cherche a gagner toujours plus à moindre frais. C’est-à-dire, rouler avec une ambulance (bien grand mot, car souvent une épave roulante) peu ou pas équipée. Lorsque l’employé à le malheur de demander du matériel (masques à oxygène, gants, gel désinfectant, draps à usage unique), ce dernier se voit méprisé car son patron n’en voit pas l’utilité. Vous trouvez ça inadmissible, un ouvrier qui travaille sans ses outils ?

Être ambulancier à la Réunion, c’est se retrouver seul, peu de solidarité entre les employés pour faire avancer le métier. Et pourtant il y aurait de quoi. Pendant ce temps, le patron, lui, connaît les textes et pioche, comme dans un restaurant, à la carte, dans les articles qui avantagent ses finances.

Être ambulancier à la Réunion, c’est travailler successivement dans plusieurs entreprises pour essayer de tenir le plus longtemps dans, non pas la meilleure, mais la moins pire.

Être ambulancier à la Réunion, c’est travailler plus pour que le patron gagne plus et parte en vacances très régulièrement, s’achète la dernière voiture à la mode (chère de préférence). En aucun cas, le surplus acquis par le dur labeur des employés, n’est redistribué. Au contraire le patron ose demander encore plus d’heures, plus de disponibilités. Bien malheureux celui qui discute : « la porte est ouverte », « il n’y a pas meilleur patron que moi » !

Être ambulancier à la Réunion, c’est être témoin des fraudes de son patron à la Sécurité Sociale : falsification des prescriptions médicales de transport, facturation de transports non réalisés ou réalisés avec la voiture personnelle du patron et tout de même facturés en ambulance à la Sécurité Sociale, des transports multiples en ambulance (un Car Jaune serait moins rempli). On repassera pour la dignité du patient.

Être ambulancier à la Réunion, c’est transporter des patients fragiles, épuisés et qui ont droit à toute la considération possible. Pourtant, le patron n’hésite pas à les faire attendre une à trois heures parfois après leur consultation. Certains sont diabétiques, ils tombent littéralement de faiblesse, Mais diabétiques ou pas, tous ont droit à la meilleure des considérations. C’est de la maltraitance pure mais peu importe, tant que les sous rentrent !…et les patients sont trop vulnérables pour oser dire quoi que ce soit. Même au niveau des employés, une climatisation en état de fonctionnement permettrait un meilleur rendement car il y aurait moins de fatigue due à la chaleur. Mais non rien de tout cela, patients comme employés sont traités comme du vulgaire bétail, pendant ce temps, le patron roule dans sa voiture bien fraîche.

Être ambulancier à la Réunion, c’est, malgré toute sa volonté, être écœuré par des patrons qui ne connaissent pas le respect, l’humanité et l’empathie, qui cherchent par tous les moyens à s’enrichir un peu plus mais au détriment des gens, des organismes, de la société.

Être ambulancier à la Réunion, c’est travailler tout en sachant que son labeur ne sera pas rémunéré à sa juste valeur. Sur ses 10 heures de travail quotidien, c’est n’en n’avoir que 8 h 30 de payées, le reste c’est pour le patron qui se cache derrière l’accord cadre prétextant qu’il y a certaines périodes d’inactivité dans une journée. Pourtant dans sa journée de travail, si l’ambulancier a le temps de manger c’est un exploit. Et au mieux, il prend un casse-croûte à 15h. En effet, le patron préfère prendre plus de transports le midi, sans penser à son personnel. C’est aussi faire beaucoup d’heures supplémentaires mais ne pas les retrouver sur la fiche de paie (patron aveugle ou atteint de troubles de la mémoire). Difficile à croire ? Dans quelle autre profession peut-on faire ça impunément ? Travailler plus pour gagner moins comme on dit !

Être ambulancier à la Réunion, c’est être confronté à des gens qui tuent peu à peu notre belle profession, ces patrons qui ont parfois raison de notre passion et notre vocation.

Être ambulancier à la Réunion, c’est s’occuper des gens et délaisser sa famille, ses amis, mettre de côté sa santé (patients de plus en plus lourds, rythme de plus en plus soutenu, repos non respectés). C’est travailler les nuits, les jours fériés, les week-end sans rémunération supplémentaire, oui c’est possible !

Être ambulancier à la Réunion c’est avoir perdu la foi de remonter dans une ambulance, en sachant qu’on trouvera sûrement pire comme entreprise.

Être ambulancier à la Réunion, c’est être confronté au burn-out, être psychologiquement à bout, malgré toute la disponibilité que l’on donne, ce n’est jamais suffisant.

Être ambulancier à la Réunion, c’est travailler avec tout son cœur, avoir le sourire avec ses patients, leur changer les idées, parler de tout et de rien. C’est faire la réputation de l’entreprise où on travaille mais sans gratitude.

Avoir été ambulancier à la Réunion, c’est devoir tourner la page, à contre-coeur…

Une ancienne ambulancière

 

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