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Etats généraux : La langue créole au coeur d’un débat vif et animé à Saint-Pierre

C'est hier soir que s'est tenue la réunion publique de l'atelier 8 sur la Culture, la mémoire et l'identité à l'IUT de Saint-Pierre. Malgré la faible présence du public avec une trentaine de personnes, les échanges ont été vifs et animés sur la langue créole à l'école et dans les administrations suite à l'intervention de militants qui se sont indignés du racisme linguistique dont serait victime le créole. Ces derniers ont, par la suite, proposé des "Etats généraux alternatifs" avant de se retirer de la réunion publique présidée par Roger Ramchetty.

Ecrit par Ludovic Robert – le jeudi 21 mai 2009 à 09H45

On ne peut pas dire que la réunion publique sur les « Langues » ait attiré les foules, hier soir, dans l’Amphi 150 de l’IUT de Saint-Pierre. Seule une trentaine de personnes s’était déplacée pour présenter leurs propositions concernant la place de la langue créole à la Réunion au « détriment » de la thématique retenue sur les « Langues ».

C’est une séance animée qu’a connu l’atelier n°8, présidé par Roger Ramchetty et son unique rapporteur présent sur les 14 programmés, Didier Vaïtilingom. Au bout de cinq minutes, un groupe de militants composé d’une dizaine de personnes fait irruption dans l’amphi quasi vide accompagnés de roulèrs et autres kayambs.

C’est aux sons de la chanson « Tir malol » de Danyel Waro qu’était lancé le ton de cette réunion publique. Pour Franswa Sintomer, un des militants, la Réunion est la cible d’un racisme linguistique qu’il faut rapidement bannir. De son côté, Mickaël Crochet n’a pas manqué de rappeler le taux d’illettrés et d’enfants en difficultés produits, selon lui, par l’éducation nationale française et par le rectorat de la Réunion avant de laisser la parole à une jeune professeur d’anglais.
Réunionnaise, cette dernière a du s’installer en Métropole à l’âge de 7 ans. Créolophone à l’origine, elle est revenue dans son île natale pour redécouvrir ce qu’elle nomme sa langue maternelle qu’elle n’est plus capable de pratiquer. Enfin, c’est un courrier du proviseur du lycée professionnel agricole de Saint-Joseph, concernant l’interdiction de l’utilisation de la langue créole dans les réunions publiques, qui a été lu devant l’assemblée. Après le départ précipité de ces militants et l’annonce d' »Etats généraux alternatifs« , les propositions allaient pleuvoir sur le socle d’interventions originales et parfois décalées.

Aniel Boyer, membre de Nasion Réyoné, n’a pas manqué de rappeler les carences d’une départementalisation au niveau de la langue créole avant de proposer le statut de langue étrangère pour la langue française en réponse à « l’Etat colonial présent à travers la départementalisation ratée de la Réunion« .

Face à cette ambiance revendicative, le président Roger Ramchetty a tenté de mener à bien la réunion et a rappelé au public que seules doivent intervenir des propositions concrètes. Ceci étant, plusieurs idées ont été inscrites dans les documents du rapporteur dans un contexte où la France n’applique pas réellement les conventions de l’ONU sur les langues régionales et minoritaires à l’image de la « Charte européenne sur les langues régionales ».

Pour une meilleure place de la langue créole au coeur de la société et de l’éducation

Présent dans l’assemblée, Axel Gauvin a apporté sa contribution à une meilleure compréhension quant à la place de la langue créole dans la société. Selon ce dernier, une innovation pédagogique avec l’alphabétisation de la langue créole doit être mise en place afin de permettre une meilleure approche des autres langues et de leur mécanisme. La généralisation de classes bilingues dans le département a aussi été soulevée suite à l’intervention d’une enseignante de maternelle de l’Entre-Deux qui avait déjà réalisé ce type d’expérience concluante auprès des enfants mais aussi des parents.

Ponctuées par des interventions vives, les idées n’ont pas manqué malgré un certain décalage avec la réalité à l’image de cette proposition de voir le secrétaire d’Etat en charge de l’Outre-mer, Yves Jégo ou le préfet de la Réunion, Pierre-Henry Maccioni, s’exprimer en créole. Ceci étant, plus sérieuse était la proposition d’un accueil écrit et oral bilingue au niveau des institutions, des administrations, des collectivités mais aussi au coeur du système judiciaire dans les tribunaux.

Alors que 61% des parents d’enfants inscrits dans le système scolaire se disent favorables à la pratique du créole en classe, les interventions se sont mises à glisser vers cette thématique. Pour Laurita Alendroit, de l’association Ankraké, la France à beaucoup d’efforts à faire en faveur des langues régionales dont l’article 2 de la Constitution fait état ; un article qu’elle souhaite voir disparaître en raison de sa non application.

Selon les propos de Roger Ramchetty, la langue créole est omniprésente chez les Réunionnais mais c’est bien l’approche graphologique du créole réunionnais qui pose des interrogations auxquelles des réponses devrait être apportées lors du Colloque universitaire sur la langue créole et sa graphologie, programmé les 27,28 et 29 mai prochains à l’université de la Réunion Saint-Denis.

 

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