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Etang-Salé : Le président et le trésorier ont aussi été les bénéficiaires de « l’action sociale » de leur association

Des dizaines de milliers d’euros détournés, du travail dissimulé, de l’abus de confiance… Le tribunal de St-Pierre s’est ce jeudi penché sur les mouvements de fonds de deux associations de l’Etang-Salé créées par Fred Lapierre et Eric Cheng Chung Wah. Et derrière la création d’emplois verts, d'"actions sociales" le tribunal s'est penché sur les petites magouilles mises en place par les deux hommes et dont ils ont en partie bénéficié.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 18 décembre 2020 à 10H19

C’est sur les conseils du maire qu’une première association pour l’aménagement, le développement du quartier des Sables de l’Arda est créée en 2010, affirme d’emblée le prévenu Fred Lapierre. Celui qui est directeur des moyens généraux de la Civis en prend la présidence. Quelques années plus tard, une deuxième association voit le jour toujours dans le but de créer des emplois verts en mobilisant des fonds de la Région. Puisqu’il occupe à ce moment-là des fonctions d’élus, Fred Lapierre décide de céder son poste de président pour celui de trésorier. Eric Cheng Chung Wah lui succède donc à la tête de cette nouvelle structure. Le jeune homme a un bagage universitaire, a été également formé à la Civis et est depuis 2014 responsable financier à Ileva. 

Pour autant, le jeune cadre qui a appris la gestion et la comptabilité n’émet aucune objection aux mouvements de fonds frauduleux. Face aux interrogations du tribunal, il avoue plutôt sa « naïveté ». Fred Lapierre pour la deuxième fois de l’après-midi a lui pêché par « bonté ». L’ancien élu met plutôt en avant les « 540 personnes qui ont trouvé du travail » ou encore les factures d’eau payées pour des administrés, l’aide aux familles dont les enfants partent en France…

Un voyage de 3 semaines payé par l’association 

Si la justice s’est intéressée à ces deux associations c’est parce que des courriers anonymes ont été adressés au parquet. Fred Lapierre est désigné dans plusieurs témoignages comme étant l’un des principaux bénéficiaires du détournement d’argent mais aussi de blanchiment. Des sommes ont été retirées du compte de l’association par chèque ou espèce puis données à un tiers, dont un des cousins de Lapierre, qui lui remettaient ensuite l’argent en main propre.

Accompagné d’une autre personne, il a également bénéficié d’un voyage à 20.000 euros pour participer à des étapes du Tour de France. Tout cela alors que l’association était dissoute.

Ces pratiques auxquelles s’ajoutent le paiement de dettes pourraient expliquer pourquoi les 137.000 euros restant sur le compte de l’association ont été siphonnés. 

L’épouse du président, Eric Cheng Chung Wah, a quant à elle été embauchée en tant que secrétaire sans que le nécessaire au niveau de la CGSS et l’URSSAF n’ai été fait fait, à part une première déclaration. Ni pour elle ni pour les emplois aidés de l’association, a constaté la justice. Le nouveau président s’est également octroyé un ordinateur et une enceinte achetés par l’association. 

« Tout cela avec de l’argent public »

« Je suis atterrée parce que je suis face à deux personnes qui ne se sentent responsables de rien », fustige le vice-procureur Benoit Bénard. « Plusieurs dizaines de milliers d’euros, ce n’est pas énorme mais c’est de l’argent public », lance-t-il faisant également aux deux prévenus qu’ils manipulaient de l’argent public. Les niveaux de responsabilité sont différents pour le parquet. « Eric Cheng Chung Wah a été instrumentalisé par Lapierre ».
 

Pour leur défense, Me Ghislain Chung To Sang s’est attaché aux points de droit et a plaidé « pour une lecture civile du dossier » car selon lui ses clients s’étaient simplement « rendus coupables de négligence ». 

Finalement, Eric Cheng Chung Wah a écopé de 8 mois de sursis simple, de l’interdiction d’exercer la fonction de trésorier ou de président d’une association durant 10 ans, d’une inéligibilité de 5 ans et la confiscation de l’ordinateur et de l’enceinte achetés par sur les fonds de l’association.

La même peine d’interdiction et d’inéligibilité a été prononcée à l’encontre de Fred Lapierre à laquelle s’ajoutent 18 mois de sursis simple et 50.000 euros d’amende. 

 

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