Nous suivons tous les jours, dans les différents médias, le recul des dictatures au Proche Orient. La Tunisie est d’abord tombée, suivie peu après de l’Egypte et c’est maintenant au tour de la Libye de Mouammar Kadhafi de vaciller.
Nous assistons, impuissants, à cette lutte courageuse de peuples contre des dictateurs qui ne reculent devant aucun crime pour rester au pouvoir.
On comprend cette lutte acharnée quand on découvre, à posteriori, les montants étourdissants de leurs fortunes personnelles évaluées, pour chacun d’entre eux, à plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Et, personnellement, de façon lancinante, je me demande ce que je pourrais faire pour les aider.
L’idée m’est venue ce matin en passant devant une station Tamoil : Pourquoi ne montrerions-nous pas notre soutien au peuple libyen en boycottant les stations de la marque libyenne à la Réunion ?
J’entends déjà les arguments du patron de Tamoil Réunion (que nous avons cherché à joindre, mais qui n’a pas donné suite à nos appels), calqués sur ceux de son collègue suisse quand un même mouvement avait été lancé en pays helvète il y a un an : « Tamoil Réunion est une société 100% française et nous nous approvisionnons en pétrole sur les marchés internationaux« . Interrogé à l’époque sur le fait que les bénéficiaires finaux de la compagnie appartiennent au clan Kadhafi, le porte-parole de Tamoil Suisse s’était dit « incapable de répondre et ne pas connaître les actionnaires libyens d’Oilinvest« , la société financière de Tamoil basée aux Pays-Bas.
Aujourd’hui, grâce à la crise qui frappe le pays, les renseignements comment à faire surface. C’est ainsi que le Figaro, dans un article intitulé « [Le mystère de la fortune de Kadhafi]urlblank:http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/02/25/04016-20110225ARTFIG00539-le-mystere-de-la-fortune-de-kadhafi.php « , révèle que « les missives diplomatiques dévoilées par Wikileaks » affirment que « la famille Kadhafi et ses affidées « détiennent d’importants intérêts dans le pétrole, le gaz, les télécommunications, les infrastructures, les hôtels, les médias, et la distribution« , selon un diplomate américain dans un rapport daté de 2006. Plus précisément, « tous les enfants de Kadhafi, ainsi que ses proches, bénéficieraient de revenus directement pompés auprès de la Compagnie nationale du pétrole et des ses filiales gazières », continue le fonctionnaire américain. Ils détiendraient également de larges portions du capital de la société pétrolière Tamoil« .
Toujours d’après le Figaro, « la fortune totale (de Mouammar Kadhafi) s’élèverait à 120 milliards de dollars (87 milliards d’euros) accumulés sur trente ans, avance Hasni Abidi, directeur du centre d’études et de recherches sur le monde arabe (Cermam). « Ce chiffre, explique-t-il, a été calculé par les diplomates américains et figure dans les documents révélés par Wikileaks ». Il correspond au tiers des 450 milliards de dollars de revenus issus du pétrole et du gaz exportés par la Libye entre les années 1980 et aujourd’hui. Un tiers qui disparaît mystérieusement des comptes de l’État« .
Donc, en boycottant les stations Tamoil de la Réunion, nous diminuerions du même coup les bénéfices de Tamoil Réunion, et ce sera autant d’argent qui n’irait pas dans les poches de Kadhafi et de ses enfants.
Je suis bien conscient que, ce faisant, nous pénaliserons au passage quelques gérants de stations-services réunionnais et leurs employés. Mais le trouble occasionné par ce boycott serait essentiellement symbolique, le mouvement n’ayant pas vocation à perdurer éternellement, les jours du dictateur à la tête de son pays semblant comptés.
Notons au passage que le site internet de la société réunionnaise nous apprend sur son site que Tamoil Réunion est devenue Libya Oil Réunion depuis le 24 mars 2009, même si les 28 stations rachetées en 2008 à Total « resteront sous l’enseigne commerciale Tamoil« .
En boycottant les stations Tamoil, nous ne serions pas les premiers à nous lancer dans une telle opération : Des élus allemands et suisses ont déjà appellé ces derniers jours à la même opération dans leurs pays, tandis que des initiatives individuelles fleurissent sur le web.
