Des dizaines voire des centaines d’années. C’est le temps qu’un masque jetable pourrait mettre pour se décomposer. Car s’il ressemble à du papier, il est en réalité composé de polypropylène, un dérivé du pétrole, classé dans la catégorie des matières thermoplastiques. Pas vraiment fantastique.
Avec sa généralisation depuis la crise Covid, c’est donc une nouvelle vague de pollution qui commence à s’écraser sur les océans, autour de notre île comme ailleurs. Alors pour sensibiliser le grand public, deux amoureuses de la nature ont eu une idée : faire passer le message en photo. C’est ainsi que Charlotte Boiron, photographe sous-marine, et Eva Langlois, monitrice de plongée, se sont lancé le défi de mettre en garde sur la pollution en alliant leurs deux passions. Leur campagne de sensibilisation, basée sur quatre photos, a été présentée ce mardi à Kélonia.
Privilégier les masques en tissu réutilisables
« Les masques chirurgicaux se retrouvent dans les océans. On le constate tous les jours », rapporte Charlotte Boiron, consternée. « Ces masques ne sont ni biodégradables, ni recyclables. Le fait qu’ils soient jetables cause de gros problèmes de pollution », alerte Eva Langlois, irritée à la vue de ces objets immergés.
Les deux femmes veulent être claires : « On ne dit pas ne de pas porter de masque, mais on incite à porter des masques en tissu réutilisables. Ça aiderait déjà pas mal la planète ». Et en cas d’utilisation d’un masque jetable, il est évidemment impératif de les jeter « à la poubelle » (un déchet jeté dans la nature est transporté par le vent ou les cours d’eau et termine sa course dans la mer). La consigne vaut aussi pour les gants, également retrouvés sous l’eau bien que leur usage pour lutter contre le Covid soit contre-productif.
Pour leur opération sensibilisation, Charlotte et Eva ont réalisé deux shootings : l’un au cap Lahoussaye, l’autre dans un bassin de Kélonia. Car les tortues font partie des victimes directes puisqu’elles ingèrent régulièrement des déchets (ce qui peut bloquer leur tube digestif et provoquer la mort). La plupart des espèces marines sont d’ailleurs impactées par cette pollution qui termine sa course… dans nos assiettes.
« L’objectif du masque est de sauver des vies, et pas le contraire »
Pour donner plus de poids à leurs images, Charlotte et Eva ont décidé de les accompagner de messages forts. Exemple : « Et si le virus c’était nous ? », questionne l’un de leur slogan. « Protection ou pollution ? », interroge un autre.
Convaincues de l’urgence d’une prise de responsabilité collective, Charlotte et Eva comptent sur une diffusion la plus large possible, grâce aux médias, aux réseaux sociaux, et pourquoi pas à la rentrée aux établissements scolaires. « Nous souhaitons du fond du cœur que ces photos fassent le tour de la terre et des océans, et qu’elles atteignent chaque personne », expriment-elles. Car comme le souligne Stéphane Ciccione, le directeur de Kélonia, « l’objectif du masque est de sauver des vies, et pas le contraire ».