Yves Montrouge dans le JIR d’aujourd’hui avance l’hypothèse d’une rencontre secrète entre Paul Vergès et Nicolas Sarkozy lors de son passage à la Réunion, rencontre qui aurait scellé une liste « UMPCR » au deuxième tour, histoire de faire barrage au PS à la Région, afin d’éliminer tous les opposants au tram train cher à Martin Bouygues, l’ami du président de la République. Ouais ! C’est la rumeur que s’attachent à faire circuler les proches de Jean-Paul Virapoullé. J’avoue que je n’y crois pas beaucoup.
Je suis pour ma part convaincu que l’ancien maire de Saint-André est tombé dans un magnifique piège tendu par l’Elysée, l’UMP Paris et dont Jean Simonetti n’aurait que le bras armé en s’appuyant sur Didier Robert.
Il est de notoriété publique que Nicolas Sarkozy et tout l’état-major de l’UMP n’aiment pas Jean-Paul Virapoullé. Ils le tiennent pour un « magouilleur » qui leur a fait les pires coups et qu’ils souhaitent éliminer de la vie politique.
Comme moyens de pression, ils avaient à disposition le renouvellement de son mandat de sénateur grâce au soutien des grands électeurs de l’UMP, même s’ils ne souhaitaient pas le voir réélu, et son quota de légines.
Pour la légine, Marie-Luce Penchard avait fragilisé la position de l’UMP Paris puisqu’elle le lui avait renouvelé avec plusieurs semaines d’avance sur le calendrier, dès le milieu de l’année dernière. Ne restait donc plus que le poste de sénateur et le renouvellement du quota pour les prochaines années comme moyens de pression.
Dès le départ, l’UMP Paris et l’Elysée estimaient que Didier Robert ne pouvait gagner ces Régionales que s’il bâtissait sa liste autour de trois critères forts : un profond rajeunissement de la classe politique résumé par la formule « personne de plus de 55 ans« , aucun condamné ou mis en examen et le refus du cumul des mandats.
Concernant ce dernier point, il était prévu d’expliquer que Didier Robert serait la seule exception car il faut bien quelqu’un d’expérience pour « tirer la liste« , mais que la règle serait intransigeante pour tous les autres.
C’est dans ce contexte qu’intervient l’accord signé avec Jean-Paul Virapoullé et la signature du fameux protocole d’accord avec Didier Robert.
Là, deux versions sont possibles que je n’ai pas encore tranchées : soit Paris a demandé à Didier Robert de signer en sachant dès le départ qu’on trouverait un moyen de « clasher » afin de se débarrasser du sénateur au dernier moment, et si possible à un moment où il n’aurait plus le temps de faire sa liste, soit ils étaient sincères mais en sachant qu’ils resteraient intransigeants sur leurs principes de base et qu’il ne cèderaient à aucun de ses caprices, quitte à aller à la rupture.
Une chose est cependant scertaine dans mon esprit : Paris et Didier Robert sont convaincus qu’il est temps de faire le ménage à Droite et que l’UMP n’a de chance de ressusciter à la Réunion (et dans les autres DOM) que si l’on se débarrasse des « vieux crocodiles » (Jean-Paul Virapoullé, René-Paul Victoria, Alain Bénard, etc…) qui ont perdu aux dernières élections, qui n’ont aucune chance de pouvoir se faire réélire et qui ne peuvent que faire battre leur propre camp en se représentant, tout en empêchant l’émergence de nouvelles têtes.
Il était donc temps de « faire le ménage« .
Et le summum du cynisme stratégique pourrait avoir été de pousser toutes les « planches pourries » (pour reprendre une expression que j’ai entendue) à monter une liste afin de permettre une identification certaine en vue d’une future élimination.
Si ce scénario est le bon, il n’y a donc aucun espoir de voir une réconciliation entre Didier Robert et Jean-Paul Virapoullé. Ce sera une lutte à mort, avec élimination du perdant…
